Amours au temps du communisme de Bessa Myftiu

Amours au temps du communisme de Bessa Myftiu

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Yotoga, le 15 mai 2012 (Inscrite le 14 mai 2012, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 904ème position).
Visites : 2 770 

Un élan de vie

Ces petites nouvelles nous permettent un retour dans une époque et un pays inconnu : l’Albanie au temps du communisme. Saviez vous quels racismes existaient déjà dans la Yougoslavie ? Alors, lisez ce livre !
C'est drôle, c'est dramatique, ça donne envie de vivre et de profiter des libertés que nous avons sans nous en rendre compte.


Présentation de l'éditeur
Se coincer la verge dans la fermeture éclair de son pantalon et y voir un avertissement divin en faveur de l’abstinence, faire prescrire des antibiotiques à son chat en prévision de son propre avortement, réciter des vers passionnés d’Ismaïl Kadaré au milieu des chansons d’Abba, aller acheter un mouton pour un repas de fête et tomber nez à nez avec un char d’assaut soviétique…
Telles étaient les petites ou grandes mésaventures auxquelles s’exposaient les jeunes gens amoureux, en Albanie, au temps du communisme.
Légendes et superstitions d’un autre âge, structure patriarcale archaïque et intransigeante morale du progrès socialiste, finalement tout se confondait pour produire les mêmes préceptes : arriver vierge au mariage (pour les filles), éviter les mésalliances (pour les garçons), suivre les recommandations de ses parents plutôt que les élans de son cœur (dans tous les cas). L’amour devait ruser, feinter, dissimuler. Mais au moins les Albanaises et les Albanais se découvraient- ils à cette occasion des trésors d’imagination et d’humour…Mais en Albanie, au temps du communisme, il lui fallait aussi compter avec les pannes d'électricité générales, les voyages en camion, les cloisons de carton qui n'arrêtent aucun bruit, les dénonciations calomnieuses, le coït interrompu et les réfugiés kosovars en slips moulants bariolés.

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Les éditions

  • Amours au temps du communisme [Texte imprimé], roman Bessa Myftiu
    de Myftiu, Bessa
    Fayard
    ISBN : 9782213655819 ; 3,48 € ; 05/01/2011 ; 288 p. ; Broché
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Hymne à l'amour

7 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 9 octobre 2012

Un hymne, une ode, une incantation à l’amour absolu celui qui emporte tout, embrase les cœurs et les corps sans se préoccuper de quelconques préjugés. Coincées par une grève à l’aéroport de Rome Fiumicino, trois Albanaises qui se rendent au mariage d’une amie commune, décident de se confier leurs histoires d’amour pour tuer le temps.

Anila raconte son histoire de femme divorcée qui tombe amoureuse d’un beau Kosovar qui ne l’épousera jamais parce qu’au Kosovo un homme n’épouse pas une femme qui a déjà connu un autre homme, une femme non vierge. Elle séduit alors le frère que cet homme s’est donné selon la tradition balkanique et entame avec lui une longue histoire à rebondissements qui la poursuivra jusqu’en Allemagne. « Au Kosovo, c’est la famille qui prime. Au Kosovo, on respecte les poètes s’ils respectent les coutumes. Au Kosovo, l’individu n’est pas encore né. »

Dina raconte ses relations avec ses amoureux qu’elle plaque pour ne pas souffrir, avant qu’eux la laissent tomber comme ses amants abandonnaient régulièrement sa mère. Elle ne peut cependant pas échapper à la séduction d’un beau jeune homme beaucoup plus jeune qu’elle qui ne veut pas l’épouser pour ne pas anéantir sa famille. « On finit toujours par trouver ce qui nous ressemble, si on suit la voix du cœur. »

Monda raconte comment, à cinq ans, elle était déjà convaincue qu’elle épouserait son beau cousin mais qu’à l’adolescence on lui a fait comprendre que c’était impossible. Le beau cousin ne peut pas non plus épouser l’amie de sa cousine qui est affligée de l’opprobre de la bourgeoisie qui colle encore à sa famille. « Tu ne veux pas détruire ma carrière pour les yeux d’une fille pareille ! »

Des histoires d’amours tortueuses, rocambolesques, qui osent parler de sexe et de libération sexuelle, d’amour libre et du droit des femmes à disposer de leur cœur, de leur corps et de leur sexe. Des amours passionnels, absolus, magnifiques, violents, dévastateurs, comme on n’en écrit plus, des amours qui ne sont pas faits pour durer seulement pour embraser. Des amours qui finissent toujours par rattraper ceux qui avaient succombé et qui croyait avoir oublié. « La mort même s’est retirée du champ de bataille, s’inclinant devant un amour qui avait résisté à tout : au régime politique, à la famille, à la maladie et au … temps. »

Malgré le titre de l’ouvrage, Ce n’est pas le communisme le principal accusé, même s’il n’est pas pour rien dans toutes les difficultés que rencontrent ces amoureux, il est un élément de contexte comme un autre pouvoir, une religion, ou n’importe quelle croyance aurait pu l’être. Ce qui est mis en cause, à mon avis, c’est beaucoup plus la tradition balkanique ancestrale qui pèse, à cette époque, encore très lourdement sur les êtres et les familles, instaurant un code de convenances et de pratiques inflexibles et incontournables. Il est paradoxal de constater que ce pays, l’Albanie, premier pays officiellement athée au monde, est un pays où la morale est l’une des plus rigoureuses et des plus contraignantes. Le pouvoir a épousé les règles de la tradition, de la famille, du parti, pour définir les fameuses « convenances » qui régentent tout dans la société albanaise.

Dans ce texte écrit directement en français - l’auteur réside désormais en Suisse – le narrateur n’hésite pas, dans un style vif, alerte, enflammé même, à allumer les feux de l’amour au risque de sombrer dans la grandiloquence plus que dans le lyrisme et le romantisme. Peu importe, ces amours tumultueux, dévastateurs, qui ne sont pas fait pour durer mais qui peuvent détruire, nous emportent dans un monde un peu fou. « Mais je trouve que les fous, ce sont les autres, ceux qui n’aiment rien ni personne ! »

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