L'armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen

L'armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen
(Totta)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Ellane92, le 10 mai 2012 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 514ème position).
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La vie, l'amour, la mort

Elsa est en phase terminale d’un cancer. L’occasion pour tous les membres de la famille de faire le point sur leurs relations, leurs réussites, leurs regrets, leurs remords. A l’occasion d’une visite chez Elsa, Anna, sa petite fille, découvre dans une armoire une robe oubliée. Ressurgit alors du passé d’anciennes histoires de vie et d’amour, un visage oublié, celui d’Eeva. Dans les années 60, jeune fille de la campagne, elle était la baby-sitter d’Eleonoora, la maman d’Anna, mais aussi et surtout beaucoup plus aux yeux du mari d’Elsa...

Il y a des choses très réussies dans ce livre, et d’autres que j’ai moins aimé. J’ai trouvé certains passages sur la vie, l’amour, la mort, la révolution, la jeunesse, la vieillesse, la maladie, l’enfance, les relations parents-enfants très justes, et très beaux. De même, la façon dont s’imbriquent l’histoire d’amour d’Anna qui se cherche en cherchant Eeva et d’Eeva et son grand-père est pour moi très réussie. L’écriture est poétique, l’histoire romantique, sous fond de mai 68 et du rôle de l’art dans le changement de la société.
J’ai par contre eu du mal avec l’enchevêtrement des passages vécus par Anna, ce qu’inventait ou devinait Anna quant à la vie d’Eeva, ce qui était raconté sur Eeva par ceux qui l’ont connue, et ce que raconte Eeva à son propre sujet. C’était poétique certes, mais peut-être un peu trop aérien pour moi, finalement, ça manquait un peu de substance. C’était compliqué de s’y retrouver entre fantasmes et réalités, dans des histoires si proches (celle d’Anna et celle d’Eeva)… L’atmosphère du livre est lourde, triste, voire étouffante, dépressive et je n’ai pas accroché aux débats moraux des protagonistes. Dommage...

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Pas franchement convaincue

6 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 19 octobre 2015

Certes ce roman analyse très bien les relations mère-fille et les rapports entre proches pendant qu'une maladie grave emporte l'un des membres d'une famille.
Mais je n'ai pas trop réussi à rentrer dans l'histoire, les similitudes entre la vie d'Eeva et celle d'Anna ne m'ont pas aidée. Certains passages m'ont paru ennuyeux. ce n'est pas un coup de cœur, juste une lecture agréable, sans plus.

Malaise

5 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 18 janvier 2014

Le moins que je puisse dire à propos de ce roman finlandais, c’est qu’il me laisse des sentiments mitigés.
D’un côté, j’ai apprécié la belle langue traduite de Riikka Pulkkinen, la poésie qui ressort de la lecture, la mise en place d’une histoire d’amour et de la recherche du bonheur de personnages féminins. D’un autre côté, lorsque j’ai su situer les personnages et entrer dans le roman, petit à petit, j’ai trouvé de l’ennui et surtout, je me suis trouvé en présence de personnages qui, à une exception près (la jeune Anna), ne me plaisaient pas du tout car dans le roman, ils ne pensent qu’à eux-mêmes ! Leurs amours sont d’abord ceux de leur personne, leur quête est leur bonheur sans tenir le moins du monde des autres, leur égoïsme est frappant, les liens familiaux qu’ils entretiennent semblent intenses mais en fait sont superficiels et un rien les saccage !
Vous allez certainement penser qu’on ne fait pas un bon roman parce que les personnages sont eux-mêmes bons. Bien sûr, mais personnellement, l’histoire des évènements (du passé ou du présent), vécus par ces gens de la « bonne société finlandaise » m’a procuré un véritable malaise et m’a finalement déplu !

OUI UN PETIT BIJOU

10 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 11 décembre 2013

« L’Armoire des robes oubliées »
Roman de Riikka Pulkkinen
Editions Le livre de poche
423 pages
Juillet 2013

Le secret de famille

La Finlande possède, j’en suis certain de nombreux écrivains de talent. Ceux que je découvre au hasard de mes recherches en librairie m’offrent ou m’ont offert de très bons moments.
Celui-ci, traduit avec beaucoup de goût par Claire Saint Germain m’a pris et m’a captivé.
Je ne connais pas un seul mot finnois mais ce qui est certain c’est que les phrases coulent, s’enchaînent merveilleusement et que cette prose ressemble à de la poésie.
Elsa, scientifique de renom est atteinte d’un cancer qui ne lui laisse aucun espoir. Entouré des siens et notamment de son mari auprès de qui elle coulait des jours heureux, elle attend la fin inéluctable.
Lorsqu’elle regarde sa garde robes avec sa petite fille, elle tombe sur l’une d’entre elles qui a été portée par une autre femme.
Quelle est cette autre femme ?
Peu à peu , le secret bien enfoui dans les mémoires du vieux couple ressorti…
C’est toute une vie qui défile et surtout le temps de la jeunesse, il y a si longtemps.
En Finlande, comme en France, au milieu des années 60, c’est le réveil et la révolte de toute une génération….
Pour Eeva qui vit un amour à la fois tumultueux et à la fois sans espoir, il n’y a que le jour présent qui compte, demain sera si incertain .
« Quelqu’un a inventé qu’il n’y a pas de paix sans amour, et l’a chuchoté à l’oreille d’un autre à un coin de rue. La conscience de tous s’élargira au-dessus du chemin des idées, la terre ne tremblera pas, mais les coeurs battront plus vite. »
Il existe aussi l’amour sans paix.
Le passé révélé s’ouvre sur un drame, un vrai qui a laissé des séquelles.
Ce drame pressenti dès le début du livre, va se dévoiler comme dans une intrigue policière avec des hypothèses et un suspense.
Chacun possède et garde ses zones d’ombre… Dans ce roman, ces zones ont laissé des marques visibles et invisibles.
C’est une musique gaie et triste qui évoque et parle du bonheur mais aussi de la souffrance qui accompagnent toutes les vies.
Jean-François Chalot

Les matriochkas

10 étoiles

Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 20 avril 2013

Ce livre qui témoigne d’une maturité exceptionnelle de la part d’un auteur de 33 ans, est un véritable petit bijou ; il lui a d’ailleurs valu d’être sélectionné pour le plus grand prix littéraire finlandais, le Finlandia Prize.
Sans doute ses études de psychologie ont-elles permis à Riikka Pulkkinen, cette jeune finlandaise, d’analyser de façon aussi sensible les blessures physiques et morales que peut parfois vous infliger la vie.
Certes, déclare-t-elle, les jeunes, par définition, croient que ce qu’ils vivent «n’est jamais arrivé à personne d’autre avant eux» ; que «leur vie, leurs joies et leurs chagrins mêmes sont exceptionnels».

Cette sereine naïveté propre à l’âge tendre fait écrire à Eeva, avant de rencontrer celui qui fera basculer son destin :« Je suis encore dans un rêve, dans ces années où l’on peut sans crainte s’enfoncer dans l’attente car il semble que l’on ait infiniment de jours devant soi» ; ou, encore, dire à Anna, confrontée au deuil et à la découverte d’un douloureux secret de famille :«les paroles de condoléances sont une langue étrangère pour ceux qui vivent leur jeunesse, c’est une langue qui fait mal quand on la parle. Les jeunes gens pensent : cela n’est pas pour moi, cela ne sera jamais pour moi»

Ce roman empreint d’amour, de compassion et de tendresse dépeint admirablement bien cet éternel recommencement que sont les grandes étapes de la vie ; cela, à travers trois générations de femmes qui, telles des matriochkas emboîtées l’une dans l’autre, reproduiront parfois au cours de leur existence les mêmes erreurs, connaîtront tour à tour la souffrance, la séparation d’une petite soeur ou d'un enfant auquel elles sont tendrement attachées ; mais aussi, les petits plaisirs de la vie que sont une soirée déguisée, une baignade tonique dans un lac, ou plus lénifiante dans un sauna, un moment de douceur partagée entre mère et fille à l'issue duquel Ella dit à sa fille Anna :«Tu soignes comme une mère» ; ou, à Elsa, sa mère parvenue en phase terminale de sa maladie «Tu ne sais à quel point j’aimerais pouvoir me charger d’une partie de ta douleur. Si c’était possible, je la porterais tout entière ».
On notera que la similitude de ces prénoms auxquels vient s’ajouter celui d’Eeva, l’étrangère à la famille, accroît encore le caractère fusionnel des rapports entre ces différentes femmes.

L’amour maternel est en tout cas omniprésent entre la grand-mère, la fille et la petite fille, tout au long de ces trois cycles de vie :«les mères deviennent des enfants pour leurs filles et les filles, les tutrices de leur mère» déclare un moment l’auteur avec beaucoup de justesse.
Le titre, aussi beau que le reste du livre, évoque un univers feutré, fait de confidences féminines et de secrets partagés : une armoire de famille recélant une robe que l’on se passe de l’une à l’autre ou des sous-vêtements par trop indiscrets, constitue à la fois la pièce à conviction et le fil conducteur de ces intrigues entremêlées.

Un roman qui sait aussi alterner, comme dans la vie, des moments de gravité et d’humour. Témoin cette remarque d’Elsa à Martti son peintre de mari, esquissant pour la première fois un portrait d’elle et qui, pour l’instant, lui dit-elle, ressemble encore à un sac de patates ; et, ce dernier de répondre «non ce n’est pas un sac, c’est ma femme que j’ai eu la chance d’aimer plus de cinquante ans»… malgré tout… est-on tenté d'ajouter. Et c’est là le plus bel épilogue qui puisse exister !

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