L'oeil du léopard de Henning Mankell

L'oeil du léopard de Henning Mankell
(Leopardens öga)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Tanneguy, le 10 mai 2012 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans)
La note : 3 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 235ème position).
Visites : 5 541 

On peut oublier...

Ce n'est pas la première fois que Mankell "nous fait le coup", mais il n'y est pas allé de main morte ! Fort de ses succès mérités comme auteur de polars suédois, il entreprend de nous expliquer l’Afrique où il séjourne parfois, nous dit-on. Et il en profite pour faire la morale : les Bons noirs, les Méchants coloniaux, la misère etc... Les Européens du Nord pourront sans doute venir en aide au continent.

L’intrigue concerne un jeune suédois issu d'un milieu rural misérable, qui finira par s'exiler en Zambie et reprendre une exploitation agricole menacée par le terrorisme ambiant. Les situations sont convenues, les poncifs abondent et le style ne rachète rien...

Si vous voulez en savoir plus sur les soubresauts de la société africaine aujourd'hui, et si vous recherchez un polar, regardez plutôt du côté de Deon Meyer. Et on peut recommander à Mankell de retrouver au plus tôt Wallander en Duède

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L'oeil qui suivait Caïn

7 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 1 août 2017

Hans quitte la Suède à dix neuf ans. Plus rien ne le retient : son père rongé par l'alcool et la folie lui fait peur, son seul ami s'est brisé la colonne vertébrale suite à un pari stupide et Janine, la fille sans nez, enceinte de ses œuvres, a mis fin à ses jours.
C'est donc en Zambie qu'il tentera sa chance. La promesse d'aller à Mutshasha que la fille sans nez n'a jamais pu réaliser le poursuit. Est-ce là une repentance qu'il cherche dans la chaleur torride ?
La nuit la lune le regarde du ciel avec son oeil de loup et quand il ferme les yeux c'est l’œil du léopard qui l'observe dans ses nuits fiévreuse. Caïn aussi après avoir commis son acte fratricide avait cet œil divin qui l'observait des cieux.
Un africain passe plus de temps à cultiver sa jalousie que sa terre ainsi Hans devient gérant d'une ferme et de centaines d'ouvriers peu zélés, partagés entre la haine du « blanc » et cette curieuse soumission.

Qu'en penser ?
Mankell est parfois un peu confus dans son texte et il n'est pas surprenant que ce titre ait attendu plus de vingt ans pour une traduction francophone. L'effet de mode des romans sur l'Afrique y est sans doute pour quelque chose.
Il serait injuste de ne pas relever de très beaux passages avec des mots justes. Des descriptions lucides.

Quel était le pays africain qui bénéficiait le plus de l'aide financière européenne ?
La réponse est surprenante ... : la Suisse.
A méditer.

Mankell dans sa veine « africaine »

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 10 juillet 2017

On connait essentiellement Henning Mankell pour ses polars mettant en scène le commissaire Wallander et les réalités contemporaines suédoises. Il ne faudrait pas pour autant perdre de vue qu’Henning Mankell a fini par partager sa vie entre Suède et Mozambique, devenant ainsi un connaisseur éclairé des réalités du sud du continent africain.
Nous sommes dans ce cas précis avec « l’œil du léopard » en Zambie et on retrouve avec le même bonheur le questionnement sincère et sans préjugés du romancier qui introspecte d’ordinaire les réalités de la Suède d’aujourd’hui.
C’est bien simple, j’ai cru entendre Henning Mankell me souffler à l’oreille les doutes qu’il avait sur sa propre installation dans la société africaine, sur la manière dont il devait se comporter avec le peuple africain. Il y a du lourd vécu dans ce roman. Noir. Noir, le roman …
Notre affaire commence justement en Suède, dans une contrée bien rurale et bien paumée du pays et où l’avenir de Hans Olofson ne s’annonce pas des plus glorieux. Fils d’un ancien marin de la marine marchande recyclé bûcheron, il n’a pas vraiment de soutien familial, s’élève un peu tout seul, au gré des rencontres qu’il peut faire et qui viennent rompre son ennui et son isolement. Il a de la chance, il tombe sur deux êtres qui détonent, comme lui, dans cette ruralité qui semble avoir horreur des choses de l’esprit : Sture, un camarade de collège, fils du magistrat local et Janine, une jeune femme sensiblement plus âgée que les deux collégiens mais vivant en marge de la société depuis qu’elle a été défigurée. Deux êtres sensibles, comme lui, qui lui permettent d’élever sa vision des choses.
Très rapidement, des drames arrivent qui éloignent définitivement Sture devenu paraplégique et qui rapprochent Janine et Hans. Jusqu’à un certain point puisque là aussi ça va mal finir pour Janine, qui se suicide et instille une dose mortelle de culpabilité chez Hans, notre héros. Se retrouvant ainsi privé des deux seuls êtres avec qui il avait une véritable relation, il va finir, comme une rédemption, par prendre à son compte un vœu que faisait de manière récurrente Janine ; partir en Zambie dans une mission sur les traces d’un missionnaire suédois héros de la dite Janine.
Janine est morte, qu’importe il fera ce qu’elle n’aura pas pu faire.
C’est le véritable lancement du roman ; sa partie africaine.
Le reste est une merveille d’intelligence sur les doutes qu’un européen pouvait ressentir confronté à une société encore largement discriminante envers les noirs, la mise en place d’une indépendance pas préparée et soumise aux aléas tribaux. Un beau témoignage de l’intérieur, sans concessions et qui ne prétend nous infliger une morale ou une ligne de pensée. C’est plutôt un exposé des doutes et une œuvre résolument noire dans la mesure où l’on ne voit pas comment une solution intelligente pouvait être trouvée à court terme dans ces pays martyrs. (Ecrit en 1990, l’action se déroule en Zambie à partir de 1969 et pour les 19 années suivantes environ)
Remarque annexe : quand on sort (pas indemne !) de la lecture ( ?) d’un roman d’Alain Robbe-Grillet estampillé « nouveau roman », on ne peut que remercier Dieu d’avoir créé des romanciers comme Henning Mankell, intelligents, sensibles et sans afféterie !

Une aventure suédoise et africaine

8 étoiles

Critique de Mithrowen (La Chaux-de-Fonds, Inscrite le 23 août 2011, 35 ans) - 21 octobre 2012

Ce roman est le premier Henning Mankel que je lis. Connaissant l'auteur principalement pour ces romans policiers, j'ai cru que j'allais lire un roman policier africain, mais en fait pas du tout... L'oeil du léopard est un roman qui parle principalement de la quête identitaire d'un jeune suédois venant d'un milieu plutôt frustre et défavorisé. Une grande partie de cette quête va se dérouler en Zambie, à l'aube de la décolonisation de l'Afrique, ce qui va permettre à l'auteur d'aborder les rapports entre les colonisateurs et les indigènes, de l’incompréhension culturelle et du racisme entre autres.
De manière générale, j'ai trouvé le roman très intéressant et j'ai trouvé impressionnante la capacité d'Henning Mankell à éviter l'ethnocentrisme. De plus, j'ai apprécié les touches de suspense policier disséminées ici et là, ce qui rend cette oeuvre un peu plus originale que les romans psychologiques classiques.

Afrique très « noire »

4 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 24 août 2012

Hans Olofson, fils unique d'un ancien marin devenu bûcheron, vit pauvrement dans un petit village de la campagne suédoise. Seules deux personnes seront dignes de son amitié, ou du moins de son intérêt: un jeune garçon de deux ans son ainé mais d'une toute autre classe sociale, le fils du juge puis une jeune femme, Janine, défigurée.
Après quelques petits boulots insignifiants, il décide de poursuivre des études de droit pour devenir « défenseur des circonstances atténuantes ».
La perte de ses deux seuls amis, son absence de motivation pour son travail vont le décider à aller en Afrique dans une ancienne mission où souhaitait se rendre Janine.
« Je participe à une aventure qui est le résultat de coïncidences qui s'emboîtent et s'enchaînent. D'ailleurs, n'est ce pas la définition de l'aventure? Sa vraie nature? »

C'est donc par hasard qu'il va arriver en Zambie, par hasard qu'il va rencontrer les derniers propriétaires terriens blancs et qu'il va devenir éleveur de poules et producteurs d'œufs dans un pays qui ne vient de proclamer son indépendance que depuis quelques années.
Plein de convictions politiques et sociales, il va essayer de réformer l'administration de son exploitation, confrontant sans succès ses idéaux à la réalité africaine.
« Ce sont les restes d'une époque révolue. Aujourd'hui le colonialisme n'existe plus, sauf en Afrique du Sud et dans les colonies portugaises. Mais les Blancs sont encore là et leur mentalité n'a pas changé. Une époque transmet toujours une poignée d'hommes nostalgiques du passé à l'époque suivante. Ils regardent leurs mains vides en se demandant où sont passées les armes du pouvoir et ils découvrent avec stupéfaction qu'elles se trouvent entre les mains de ceux à qui ils ne se sont jamais adressés autrement qu'en leur donnant des ordres. Ils vivent à l'Epoque de l'Amertume. Les Blancs en Afrique ne sont plus que des débris humains dont tout le monde se fout. Ils ont perdu leur fondement. Ce qu'ils croyaient appartenir à l'éternité n'existe plus... »

Malgré sa bonne volonté, il n'arrivera pas à saisir l'âme africaine, entre courage et peur permanente.
« Qu'essaie-t-il de me dire? C'est une information? Une mise en garde? Une menace? »

écrit, il y a plus de 20 ans mais traduit et publié en France cette année, ce livre est, à mon sens, loin d'avoir le niveau des autres romans « africains » de l'auteur. Il s'agit d'un livre d'ambiance, de réflexions. J'ai eu le sentiment de participer à un questionnement autobiographique de l'auteur qui partage sa vie entre Suède et Mozambique.

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