Last exit to Brooklyn de Hubert Selby
( Last exit to Brooklyn)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Vinnie, Georgette, Harry, TraLaLa et les autres
Hubert Selby Jr. nous invite à découvrir un quartier de Brooklyn et quel quartier.
Vous y ferez connaissance de Vinnie et de sa bande qui passent leurs temps au bar, chez le Grec, et lorsqu'ils ont besoin d'un peu d'animation s'amusent à tabasser des mecs qui passent par là.
Il y a Georgette travesti camé(e) en mal d'amour qui va tenter de séduire Vinnie au cours d'une soirée entre copines qui va vite tourner à l'orgie à l'aide d'alcool et de drogue.
Sans oublier Tralala et ses gros nichons qui par désœuvrement va offrir son corps aux hommes, au début pour rien et ensuite elle et ses copains vont tendre des traquenards aux militaires de passage pour leur piquer leurs frics, et s'ensuivra une lente descente aux enfers pour Tralala jusqu'à la chute finale atroce.
Et il y a Harry le syndicaliste frustré, représentant du secteur 392, qui se plait à frapper sa femme à l'occasion et qui se fait aussi un plaisir à parcourir l'usine pour veiller au respect des accords syndicaux surtout si cela peu lui éviter d'effectuer son travail. Il attend le début de la grève qui a été programmée par les chefs du syndicat, ceux-ci le haïssent autant que les patrons de l'usine, mais il le nomme chef du mouvement afin de catalyser le rejet du patronat sur son seul nom, et son attente va être récompenser. Mais rapidement tout va tourner à la beuverie journalière, et la fascination d'Harry pour les travestis va le conduire à assouvir ses fantasmes les plus introvertis.
Hubert Selby nous plonge dans les coulisses de l'Amérique, celle que l'on n'ose pas regarder de peur de découvrir le visage d'une société qui vit en marge du rêve utopique du bonheur-j'ai-tout-reussi et il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il nous tient par les tripes et sans nous laisser de répit nous montre un monde où les seules réalités sont la drogue, l'alcool et surtout le Sexe, le Sexe et encore le Sexe. Tous sont à la recherche du bonheur sans savoir ce que cela signifie vraiment, le désespoir et la peur les font tourner en rond et se bousculer les uns les autres à ne plus pouvoir trouver d'autres buts que la violence et la déchéance. La seule issue que tous les personnages trouvent pour parer à la frustration due a la recherche du bonheur perdu et de baiser à n'en plus pouvoir. Mais loin d'être une œuvre scandaleuse voire pornographique Last Exit To Brooklyn est une réflexion sur la dérive d'une société qui prône la réussite et le bonheur comme idéal absolu sans pour autant réussir à ce que tout le monde le partage.
Un roman poignant où les mots sont jetés à la face du lecteur, comme un cri que l'on pousserait pour exulter notre rage face à un monde déshumanisé et sans espoir.
Les éditions
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Last exit to Brooklyn [Texte imprimé] par Hubert Selby Jr trad. de l'américain par J. Colza
de Selby, Hubert Colza, Jeanne (Traducteur)
10-18 / Domaine étranger
ISBN : 9782264018946 ; 7,10 € ; 04/03/2004 ; 304 p. ; Poche -
Last exit to Brooklyn [Texte imprimé] Hubert Selby Jr. trad. de l'américain par J. Colza
de Selby, Hubert Colza, Jeanne (Traducteur)
Albin Michel
ISBN : 9782226025289 ; 24,50 € ; 31/10/1989 ; 303 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (9)
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No Future
Critique de Pats60 (, Inscrit le 22 juillet 2011, 64 ans) - 9 février 2015
Ce bouquin de 1964 fut un vrai pavé dans la marre et fut même interdit au Royaume Uni.
Selby Jr est aussi l'auteur préféré de Lou Reed, une autre figure marquante de New York City, et là on peut comprendre très vite que l'on est dans un style assez Underground, sans ponctuation, mais le plus étonnant est que l'on sait toujours exactement qui parle sans que Selby ne le souligne à aucun moment, c'est très fort.
C'est aussi pour cela que Selby Jr dérange certains lecteurs mais aussi les autres auteurs au style plus académique.
A ranger près de Kerouac, Bukowski, Fante père et fils, SaFranko...
Sexe, drogue mais pas Rock'n'Roll !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 14 septembre 2012
Navrant, consternant, vulgaire ... et je reste poli.
Rien; je n'ai rien trouver à mettre sous la dent.
Du sexe, des homos, des camés, des pauvres filles qui se prostituent et sombrent dans la déchéance physique et psychologique.
Parce que ça se passe à Brooklyn...ça amplifie le message ?
Mouais....un peu court pour en faire une oeuvre culte.
Ces situations existent partout sur la planète et elles seraient "contre-nature" aux états-unis ?
Au risque de passer pour le mouton noir des critiqueurs, je ne me rallie pas à la majorité...
La littérature est assez vaste pour ne pas perdre davantage de temps !
@ zapper sans remord .
Les parias du rêve américain
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 10 juin 2009
Le cadre se limite quasiment à Brooklyn, voisine prolétaire et mal léchée de Manhattan l’imposante…Hubert Selby y fait une fois encore une description sordide de ses bas-fonds. L’aspect « romantique » de ce quartier de NY souvent porté à l’écran y est ici totalement absent… Ici, pas de gangsters ou d’écrivains fauchés en quête d’inspiration. Seulement des êtres qui tentent d’y survivre, chômeurs, alcooliques, dealers, travestis, maris violents et femmes battues …
Le roman semble déstructuré, à l’image de ce milieu urbain déshérité dans lequel les protagonistes semblent être englués.
Aucune histoire racontée de manière conventionnelle ici, juste des moments plus ou moins anecdotiques dans la vie d’êtres marginaux, hormis trois épilogues tragiques dont on sait juste que les personnages, s’ils s’en sortent (le livre ne le dit jamais), conserveront une blessure indélébile. Selby décrit ces antihéros de façon subjective, en adaptant son style à leur état d’esprit et aux situations, comme un cinéaste filmerait des insectes en promenant sa caméra au ras du sol. A l’aide d’une syntaxe souvent décousue et d’un langage extrêmement cru, l’auteur parvient à restituer l’âme de ces êtres dont les seules préoccupations sont essentiellement axées sur la nourriture, la « picole », la drogue et la « baise ». L’amour du prochain semble avoir déserté les cœurs, et la barbarie est bien plus proche. Le constat est dur et sans appel : l’Homme est un animal primaire.
J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans le livre. D’emblée, l’auteur attaque à la hussarde, dans ce style qui lui est propre pour décrire le contexte déclencheur d’une bagarre. Lorsqu’on n’est pas préparé et qu’on ne sait pas de quoi il s’agit, c’est assez déconcertant. C’est avec « Tralala » que mon intérêt a commencé à s’éveiller, jusqu'à « La Grève », où l’on suit fasciné les errements de Harry le syndicaliste, piégé dans ses illusions sur lui-même et dont le changement de fortune soudain résultant d’un conflit social annonce l’inéluctable déchéance.
Certains pourront voir ce roman comme un témoignage sociologique destiné à réveiller les consciences en faveur d’une meilleure répartition des richesses. C’est une vision parmi d'autres, car tout est question d’interprétation. D’après moi, le constat est beaucoup plus pessimiste. Certes, on peut parfois se demander si Selby n’en rajoute pas un peu. D’après moi, c’est sûr, il a probablement choisi les personnages les plus caractéristiques, il n’en reste pas moins qu’ils sont d’une vérité criante. Âpre et sordide, cette vérité n’est pas agréable à lire. L’image des classes défavorisées victimes des méchants bourgeois en prend un coup, ce que Selby montre ici, c’est que les victimes produisent elles-mêmes les causes de leur malédiction. Leur salut ne pourra venir que d’une poignée soucieuse du bien-être commun, comme le montre très bien « La Grève ».
Ce roman est une véritable expérience dans le lumpen prolétariat américain, qui se vit telle une plongée dans un bain acide, fluctuant entre la violence, la trivialité, le grotesque, et (plus rarement) l’émotion, dont on ressort lessivé et pas forcément fier d’être humain. Sauf si on décide de le lire comme on irait au zoo et en se pinçant le nez, bien évidemment.
Le commentaire de Patryck Froissart
Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 12 avril 2009
Auteur: Hubert Selby Jr
Traduit de l'américain par J. Colza
Editeur: Albin Michel 1970
ISBN: 2226025286
306 pages
Relire Last Exit to Brooklyn quarante ans après une première lecture, ou découvrir ce texte aujourd'hui doit procurer les mêmes sensations. Les situations et les personnages semblent tout aussi actuels.
L'écriture de Last Exit to Brooklyn relève de la logorrhée, de la diarrhée, du vomissement.
Qui parle? Le narrateur se fond dans le récit, se confond avec ses protagonistes. Il partage, il vit, il ressent leurs émotions, leur violence, leur tendance caractérisée à l'autodestruction, et les exprime comme le ferait chacun d'eux, par exemple, pour les plus inoubliables:
Georgette « la tapette », comme dit Vinnie, le petit voyou désoeuvré qui se joue d'elle-lui
Tralala, qui a les plus beaux seins de Brooklyn, qui se rend compte un jour que ces attributs sont monnayables, et qui s'enfonce dans la prostitution jusqu'à finir par se donner pour une bière
Harry l'ouvrier syndicaliste, propulsé responsable de l'organisation des piquets de veille devant son usine en grève, qui découvre, en faisant la connaissance d'Alberta, son homosexualité depuis toujours refoulée et qui, privé de partenaires une fois que, la grève terminée, il ne peut plus puiser dans la caisse syndicale pour leur payer leurs soirées, perd tout contrôle et abuse d'un enfant
L'avenir n'existe pas.
La pitié, la compassion sont inconnues.
Seule compte la satisfaction, sordide et morbide, du désir personnel.
Les autres n'existent que par ce qu'ils sont susceptibles de donner (leur argent, leur drogue, leur bière, leur gin, leur corps, leur aide pour cogner), ou par ce qui peut leur être pris (par le viol, le passage à tabac en bande, la concussion).
Les mots sont durs. La société décrite, bien qu'urbaine, obéit à la loi fondamentale de la vie sauvage, l'assouvissement de ses instincts, sans égard pour les êtres qui y font obstacle ou qui en sont l'objet.
Le livre de Selby, publié en 1964, a été l'un des évènements de l'époque de la grande contestation underground. Censuré en Grande-Bretagne, accueilli par l'éloge ou l'injure, il reste l'une des visions les plus cruellement lucides de la nature humaine.
Patryck Froissart
Plateau Caillou, le 12 avril 2009
Mouais ...
Critique de Nanardstef (, Inscrit le 6 juin 2008, 47 ans) - 26 juin 2008
A titre personnel, j'ai été amené vers ce livre par vos critiques et en ressort plutôt déçu.
Il ne s'agit cependant pas d'un mauvais bouquin ni d'un mauvais écrivain ... mais je n'en recommanderais pas spécialement la lecture.
Un gros choc ; en fait, THE choc !
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 27 mars 2008
Le côté noir de l'Amérique
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 26 mars 2008
Hubert Selby nous présente différents personnages tous aux prises avec une vie médiocre dominée soit pour les uns par le sexe et la drogue et pour les autres par la violence physique et l'alcool. Pas très réjouissant comme tableau mais c'est écrit d'un façon si forte et vivante qu'il est presque impossible de ne pas être happé par ces tranches de vie absurdes mais aussi débordantes de vie brute et animale.
J'ai beaucoup aimé et je suis encore à me demander pourquoi. Est-ce mon côté voyeur qui m'a fait apprécier cette lecture ? Peut-être mais aussi j'ai éprouvé une immense compassion pour ces gens écrasés par la misère et l'ignorance et dont certains tentent de rehausser leur amour-propre par de la bravade et de l'esbrouffe mais en vain.
Un livre choc qui nous livre une réalité dans ce qu'elle a de plus sordide. Il faut une bonne dose de courage pour se plonger dans une telle lecture et on n'en ressort pas indemne. À ne pas lire dans les moments de déprime...
The dream is dead
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 2 mars 2008
L'auteur du scénario de Requiem for a dream
Critique de Déhellair (, Inscrit le 13 novembre 2004, 39 ans) - 11 février 2005
C'est une exploration de la misère avec des pesonnages qui peuvent susciter de l'empathie.
Il y est question de vie de couple, de sexualité, d'identité. C'est très cru, très brut le style est dépouillé de longues phrases il reporte les dialogues, utilise les mots que ses personnages auraient pu employer.
Les personnages s'entrecroisent à travers les chapitres.
C'est je trouve une plongée sociale dans la misère. Et il n'y a pas cette invitation festive et intense à la vie dont Kerouac diapre ses histoires, ni l'humanisme qui émane des textes de Bukowski.
Les personnages sont coincés à Brooklyn, ils n'ont pas d'autre horizon, il pense à la prochaine cuite qu'ils tenteront de se payer avec leurs revenus irréguliers afin d'oublier, ou attendent qu'un type passe pour pouvoir le tabasser.
Ce qui est frappant, c'est l'individualisme qui régit les rapports dans la violence et l'égoïsme.
Il faut savoir que ce livre a été censuré dans certains états des Etat-unis et même en Angleterre. Il était jugé sordide, malsain.
Mais il a connu un succès retentissant ; 2 millions d'exemplaires.
Pour donner une idée de ce que peut être le bouquin, son auteur, Hubert Selby Jr a co-écrit le scénario de Requiem for a dream avec Darren Aronofsky. Il s'est inpiré de son bouquin du même nom ou Retour à Brooklyn(je crois)
C'est violent, sans ambages, brut.
je le conseille si vous avez lu Bukowski, Burroughs voire Kerouac, tous ces auteurs américains plutôt géniaux.
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Mort de Hubert Selby Jr | 2 | Heyrike | 7 mai 2004 @ 19:38 |