J'envie la félicité des bêtes de Christophe Bataille
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Et pourtant...
Tous les ingrédients y sont. Un style, ou plutôt une langue. A la fois brute, primitive, animale, noueuse, et travaillée, poétique, brutale, rugueuse. Une écriture, un texte. Tissé, tissu, tissage, on sent le grain, ça râpe. Un texte à dire, peut-être, à gueuler. On pense à Ferré, au vieux Léo braillant ses litanies en prose, vers 70 : «Il n'y a plus rien», «Psaume 151»… Comme ça, par exemple, n’importe où, page 100 ? Pourquoi pas, page 100 : «Simarre reprit son souffle, il y eut dans la salle un retour de pensée, une gêne, toute la ville se prit à songer comme pour une mort brutale, non c’est absurde, hors de moi, je ne peux pas vouloir vivre ça, est-ce que même je l’entends ?, mais nul ne bougea et Jocelyn hilare leur jeta, voyez le troupeau des hommes, en face, comme ils sont aimables avec leurs chairs gonflées, leurs petits crânes, ma foi on dirait des singes. Oui, de véritables singes!» Et puis, parfois, sans prévenir, l'anglais qui se mêle au français : «Ils vinrent à se fréquenter, didn’t they. Tenté de se la faire comme par métier, n'avait-il pas enfilé toute Londres femelle, Jocelyn serrait Muse conte lui, murmurant give me your name, not Muse, no, I don't believe you, your real name, l’étreignant bouleversé, dis-moi ton nom et je t'aimerai.» L'anglais, Londres. Encore un ingrédient. Double. L'espace, le temps. Il a vécu à Londres, Jocelyn. Avant ça, c'était en France, à Vilenne. Et aujourd’hui, là, maintenant, il est de retour à Vilenne. Il fait son show à Vilenne. Il déverse sur Vilenne son torrent d’imprécations, son bagout, son vomi de verbe. Et c’est le troisième ingrédient. Le couple. On songe à Anthony Quinn et Giulietta Massina dans «La Strada». Jocelyn. Jocelyn Simarre dit Stermione, plus exactement Abraca Mola Stermione le grand hypnotiseur et sa fidèle assistante Maîl. Ils ont installé les tréteaux sur une place publique, et le tout Vilenne est là. Et le grand jeu peut commencer : l'amour, le sang, la mort peut-être. Grâce à l’incessant bagout de Stermione. Oui, tous les ingrédients y étaient. Sauf un. Moi. Je n'étais pas là. Et c’est ennuyeux, un livre où le lecteur n'entre pas. Mais j'avais été prévenu : il s’agissait de se laisser hypnotiser. Et ça n'a pas marché. Je dois être un très mauvais sujet…
Les éditions
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J'envie la félicité des bêtes [Texte imprimé], roman Christophe Bataille
de Bataille, Christophe
B. Grasset
ISBN : 9782246602613 ; 10,20 € ; 28/08/2002 ; 115 p. ; Broché
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Prétentieux
Critique de Pistil (, Inscrite le 14 janvier 2006, 50 ans) - 15 janvier 2006
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