J'apprends l'allemand de Denis Lachaud

J'apprends l'allemand de Denis Lachaud

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jules, le 11 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 718ème position).
Visites : 7 344  (depuis Novembre 2007)

Un livre agréable à lire

Trente ans après la guerre de quarante, un jeune lycéen français, Ernst, d'origine allemande, est envoyé par ses parents dans une famille en Allemagne.
Le but est tout simplement qu'il y perfectionne les cours d'allemand qu'il reçoit en classe. L’année suivante, c’est le jeune allemand qui viendra en France. Après avoir échangé les clichés habituels sur leur pays respectif, fait quelques tentatives homosexuelles, ils en viendront à un tout autre problème… En Allemagne, les grands-parents de son ami Rolf sont très mystérieux dès qu’on leur parle de la guerre. Ils sont tout aussi mystérieux quand on aborde le sujet de leur fils aîné. Petit à petit, les deux garçons se posent de plus en plus de questions… Qu’est ce que tous ces silences peuvent bien cacher ?.. Mais il n'y a pas que Rolf qui se les pose. Ernst aussi va tenter de savoir d'où sa famille allemande était originaire et s'il n’en reste pas l'un ou l'autre descendant…
Un livre agréable à lire. Il ne véhicule pas de grandes idées, mais il a l'avantage d’aborder un sujet que plusieurs jeunes d’une certaine génération ont dû se poser un jour ou l'autre. Les réponses n'ont peut-être pas toujours été conformes aux attentes, ou à ce qui leur avait été dit. Un livre qui expose également ce qu’a dû être le désarroi d’une partie de la population allemande, même des années après la guerre.

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Les éditions

  • J'apprends l'allemand [Texte imprimé], roman Denis Lachaud
    de Lachaud, Denis
    Actes Sud / Domaine français (Arles).
    ISBN : 9782742718504 ; 15,20 € ; 01/01/1998 ; 205 p. ; Broché
  • J'apprends l'allemand [Texte imprimé], roman Denis Lachaud
    de Lachaud, Denis
    Actes Sud / Babel (Arles).
    ISBN : 9782742725281 ; 7,70 € ; 01/01/2000 ; 207 p. ; Broché
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Les livres liés

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Quête d'identité

5 étoiles

Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 7 janvier 2012

L’action se situe à Paris, dans les années 70, où une famille allemande vit dans le déni de ses origines et de sa nationalité. Au point que les deux fils, Max et Ernst, n’ont jamais entendu prononcer un mot d’allemand sous leur toit. Mais Ernst, le plus jeune, refuse ce silence et cherche à comprendre ce que ce comportement peut bien cacher. Alors à son entrée en sixième, il choisit d’apprendre cette langue en premier, contrairement à son frère qui avait choisi l’anglais. Ainsi commence sa découverte d’une langue étrangère puis d’un pays, grâce à un échange entre correspondants.

Le thème abordé ici par Denis Lachaud est on ne peut plus grave et sérieux, puisque le secret de famille que l’adolescent va découvrir est lié au nazisme. Mais en faisant du héros le narrateur de l’histoire, le récit reste simple et brut. Cette quête d’identité est une démarche qui est plus compliquée pour les proches de Ernst que pour lui-même. Pour lui c’est somme toute assez simple, tout comme la découverte de ses premiers émois sexuels dans la chambre de son correspondant. La narration est brève, les phrases sont courtes, comme pour aller à l’essentiel. Car les jeunes ne s’embarrassent guère de périphrases.

C’est donc un roman que je conseillerais aux lecteurs du même âge que le héros, pour son sujet et sa facilité de lecture. Mais à titre personnel, j’ai parfois été surprise par la rapidité du récit et les raccourcis qu’il prend d’un chapitre à l’autre, effaçant les années très rapidement pour se refermer sur un Ernst devenu homme sans que le lecteur ait eu le temps d’en prendre bien conscience.

Troublant quand même

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 mars 2005

Aaro-Benjamin trouve troublant que les gens de notre famille puissent faire partie de notre identité. Je reste convaincu que nous ne sommes pas eux, que nous ne pensons pas nécessairement comme eux, mais il est évident que, socialement-, nous les traînons derrière nous. Je n'aimerais pas être le fils de Le Pen tellement les gens seraient convaincus que je pense comme lui... C'est une question stupide d'étiquette sur le front, mais les gens sont ainsi. Socialement il semble donc vrai que les gens de notre famille fassent partie de nous. Sous réserve que nous prouvions clairement le contraire. J'ai vécu cela chez moi en famille. Un de mes beaux-frères est fils de nazi belge engagé sous l'uniforme allemand. Par amour pour son père, il a tenté, arrivant chez nous, de prétendre que l'enfer était une pure invention de la propagande alliée du lendemain de la guerre. Il est coupé de tout le monde tout simplement de ne pas vouloir admettre et de défendre l'indéfendable. Son père est devenu, malheureusement, partie de lui-même alors que nous sentons qu'il n'est pas comme cela...

Ce n'est pas toujours l'ascendant qui pousse à l'identification mais souvent le descendant.

Remonter la source

8 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 9 mars 2005

Dans son ensemble, le roman réussit à tirer son épingle du jeu quant à l’évocation de ce malaise que l’on peut éprouver lorsque les gens fouillent dans les cendres du nazisme. Une sorte de sentiment flou, de non-dit et de gêne. Avec une écriture simple, Lachaud fait des merveilles. Mais, il effleure la surface, nous laisse sur notre faim. J’ai eu surtout de la difficulté à gober la notion que les gens de notre famille font obligatoirement partie de notre identité.

Une histoire avec tout de même beaucoup de charme pour un après-midi morose.

Troublant, en effet

9 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 19 février 2005

J'apprends l'allemand se lit très vite, la narration est une réussite, avec un ton à la fois distancié et intimement offert. L'histoire est également extrêmement prenante, on ne peut avec cette lecture que s'interroger sur nous-mêmes, nos proches, cette génération d'après guerre qui a dû vivre avec le poids d'être allemand...
C'est juste parce que non moralisateur. Comme un témoignage, qui questionne mais ne dogmatise pas.
Néanmoins, certaines petites choses m'ont mise assez mal à l'aise, ne comprenant pas à la limite ce que ça venait faire là dans le récit (les relations sexuelles de Rolf et Ernst par exemple).
A lire en tous les cas !

Destinée allemande

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 28 avril 2004

Voici un livre qui m'avait, à l'époque de sa lecture, beaucoup troublée. A cause du parcours initiatique de cet adolescent parti à la recherche de lui-même, via celle de ses origines. Envie de me révolter contre ses parents qui lui refusaient son passé, qu'il soit moche ou idéalisé. J'avais apprécié le ton de l'auteur, sa façon de raconter à travers son héros comment il appréhendait les choses de la vie. Et puis ce faux bouleversement à la découverte de l'Allemagne. C'était donc ça l'Allemagne ? Ce sera pourtant le pays de toutes les découvertes, de toutes les révélations.
Un roman poignant et très humain qu'on lit d'une traite.

recherche de vérités

7 étoiles

Critique de Renald (, Inscrit le 11 avril 2004, 65 ans) - 21 avril 2004

Premier roman de Denis Lachaud « j’apprends l’allemand » est un roman initiatique. Pour grandir, et retrouver le dialogue avec sa famille Ernst devra démêler les fils de ses origines ( Allemand / Français / Américain ). Avec courage et détermination il va interroger les personnes de sa famille et trouvera la vérité parmi les mensonges et les non dit. Il trouvera aussi sa sexualité.
L’écriture de Denis Lachaud est rapide, précise, sensible et juste. Il cherche la vérité des situations sans sensiblerie ni démonstrations excessives.
Une phrase.
« Mon père est un homme brisé, laminé, déformé par l’homme qui l’a élevé, mon père est sorti de l’enfance comme un bonsaï sort du magasin, réduit, contraint au minimum, à la survie dans le minimum d’espace, il a poussé comme il a pu. » Denis Lachaud
Denis Lachaud a publié trois romans chez Actes Sud : J’apprends l’allemand 1998, La Forme profonde 2000 et Comme personne 2003.

Entre la mémoire et l'oubli

7 étoiles

Critique de Marco (Seraing, Inscrit le 19 février 2001, 50 ans) - 23 novembre 2001

Je suis d'accord pour dire que ce livre ne recèle pas de grandes idées, mais il aborde selon moi avec beaucoup de finesse un sujet intéressant: la place de l'histoire dans la vie de l'individu. Le jeune héros accepte de conserver la mémoire du passé de son aïeul ("il y a en moi tout ce que je ne sais pas, les mains de cet homme à l'oeuvre, les cris de ses victimes, son bras armé, le sang qui coule, il y a en moi les fosses, les charniers, les fils barbelés, les trains, les chambres à gaz, les fours crématoires."). Mais il veut malgré tout vivre ("je la sens qui démarre la vie, on s'en fout de tout ça, on n'a rien fait, on n'a rien demandé..."). A cet égard, je trouve la couverture du livre magnifique et très éloquente: l'enfant immobile qui scrute le lointain mais est prêt à s'envoler. Il y a près de 15 ans, Sting a écrit une chanson qui disait "notre histoire récente n'est qu'un catalogue de crimes". Il concluait "l'histoire ne nous apprendra rien" et, comme Denis Lachaud, préférait voir les gens écrire leur histoire présente et future plutôt que de vivre dans celle du passé. Accepter la mémoire et refuser la responsabilité, en quelque sorte. C'est tout ce que je souhaite aux fils et petits-fils des participants aux conflits de Yougoslavie, Rwanda, Kosovo, etc.

Tabou

8 étoiles

Critique de Cameleona (Bruxelles, Inscrite le 19 février 2001, - ans) - 24 mars 2001

Depuis la guerre de 39-45, un malaise profond sépare la population allemande de celle des autres pays impliqués dans ce conflit.
Denis Lachaud prend ici le cas de la France, en racontant la rencontre et l'amitié entre Ernst et Rolf, ce qui va provoquer la mise au jour de nombreux cadavres dans les placards familiaux.
Ernst est Allemand mais n'a jamais connu son pays, ses parents s’étant installés à Paris avant sa naissance ; ils refusent de parler de leurs origines et même de pratiquer leur langue maternelle. Leur fils décide de rompre le tabou familial en apprenant l'allemand à l’école : il connaîtra l'Allemagne grâce à un échange linguistique au cours duquel il rencontrera Rolf et découvrira un pays en apparence sain, mais souffrant profondément de blessures psychologiques dues à la guerre.
Il faut le reconnaître : la France et la Belgique ont beau avoir collaboré activement au régime nazi, la culpabilité et la honte retombent presque tout entières sur l'Allemagne, ce qui arrange bien les autres pays. Ce complexe d'après-guerre qui fait que, lorsqu'on croise de jeunes touristes allemands, on ne peut s'empêcher de se demander ce que faisaient leurs grands-parents en 1940, il mettra encore longtemps à disparaître. D’autant plus qu'il a été activement entretenu par une véritable culture de l’accusation : si les méchants ont l'accent allemand dans tant de vieux films, ce n’est certes pas un hasard.
Il serait dangereux d'oublier ce qui s’est passé, au risque de répéter les mêmes erreurs (« horreurs »), mais cette barrière psychologique entre le peuple allemand et certains autres n’a pas de raison d’être entretenue. Des livres tels que « J'apprends l’allemand » sont nécessaires à la compréhension de notre malaise : il ne faut plus passer cette gêne sous silence mais au contraire l'exprimer, l'analyser, la comprendre, pour mieux la transcender.

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