Le week-end en Bourgogne de Mavis Gallant

Le week-end en Bourgogne de Mavis Gallant

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Libris québécis, le 22 avril 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 956ème position).
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Le Caquet bas

Ce recueil rassemble les nouvelles que l’auteure a écrites au fil des ans. Née à Montréal en 1922, Mavis Gallant a vécu dans l’est de la ville, habitée jadis uniquement par les francophones, qui ont fait une francophile de cette anglophone. D’ailleurs, elle habite en France depuis 62 ans.

À se frotter aux autres, on découvre les us et coutumes qui distinguent les uns des autres. Ses observations lui ont enseigné qu’aucune nationalité ne détient le monopole de la bêtise humaine. Et l’auteure a bon cœur. Elle se marre des travers d’autrui, en particulier ceux des Français qu’elle adore. La dernière partie du recueil leur est consacrée afin d’aviser les Américains qui envisagent de se rendre en France d’être au fait des coutumes du fier coq gaulois surplombant les clochers de la Vienne, patrie de mes ancêtres. Je me suis toujours demandé pourquoi ce représentant de la gent ailée surmonte la croix des églises romanes du Poitou.

En somme, la plume de Mavis Gallant s’adonne à la satire sociale avec un caquètement mélancolique porteur d’une fatalité qui rabat le caquet des plus fiers.

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Un week-end, un héritage, une adolescente rebelle...

8 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 30 avril 2014

Recueil composé de six nouvelles et de quatre textes satiriques. La plus longue donne son titre au livre. Les autres sont plutôt courtes mais d’une richesse littéraire et humaine remarquable. Mavis Gallant, avec le talent qui l’habite, aborde des thèmes qui lui sont chers : l’enfance, la famille, la mort, la maladie mentale et l’amitié féminine. Elle ne se gène pas pour ajouter un peu de politique ce qui n'est pas pour me déplaire.

La maladie mentale, voilà ce qui caractérise l’un des personnages principaux de « Le week-end en Bourgogne ». Lucie, infirmière, a épousé l’un de ses patients, un homme d’une intelligence certaine ayant fait des études littéraires mais souffrant de dépression nerveuse et de déficit d’attention l’empêchant de gagner sa vie. Le cousin de Lucie, Gilles, un dermatologue de réputation mondiale, offre au couple de les reconduire en Bourgogne où une ancienne connaissance de Jérôme les a invités pour le week-end. Mais lors de leur arrivée, la propriétaire des lieux est absente et c’est sa petite fille Nadine qui les accueille. Nadine et Jérôme sympathisent immédiatement, délaissant Lucie qui, heureusement, ne souffre pas de jalousie. J’ai beaucoup aimé le personnage de Gilles, un homme arrivé qui ne cesse de se comparer aux autres et se réjouit de sa supériorité intellectuelle et financière. Il méprise Jérôme et a pitié de Lucie. Le voyage jusqu’en Bourgogne est un véritable supplice pour Lucie qui doit écouter ses jérémiades et essuyer son mépris pour Jérôme.

Les autres nouvelles sont également excellentes. « Wing’s Chips » aborde le thème de la différence de classes sociales et du rejet. « Le legs » raconte comment deux frères et une soeur vivent la mort de leur mère qui les a élevés seule et leur laisse en héritage un magasin d’alimentation. Le legs du magasin s’avérera une source de conflits et une occasion de ressasser le passé. « Voleurs et vauriens » se veut une charge contre la gent masculine et traite de la difficulté d’élever une fille adolescente.

Je vous laisse découvrir les autres. Pour ma part, je suis une inconditionnelle de Mavis Gallant donc ce recueil fut pour moi un moment de lecture fort agréable. Comme toujours, l’écriture, le style et les thèmes sont à la hauteur de la réputation de l’auteure.

« Jérôme se souvenait de de Gaulle. De Gaulle était allé au Québec en 1943. Le grand-père de Jérôme avait posé la main sur son épaule de petit garçon. Il s’appuyait de tout son poids. « Vive Pétain ! » avait crié le vieil homme quand de Gaulle était passé. Jérôme avait levé les yeux puis regardé vers le général. Le général n’avait pas tourné la tête. Pas même cligné des yeux. Il se tenait droit comme un I. Voilà ce qu’on pensait de de Gaulle au Québec, en 1943. Laquais des Anglais. Marionnette de l’Empire britannique. Antéchrist. Vendu à la juiverie internationale et aux francs-maçons. Homme de paille. Terroriste. Jouant le jeu de Staline. C’était ce que Jérôme entendait dire à l’église le dimanche. De Gaulle ne serait jamais honoré au Québec. Il était venu chercher de la chair à canon pour les Anglais. »

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