Le Maître de Waha de Luc Templier
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Sculpter sa vie au jour le jour
Le Maître de Waha est le nom attribué à un sculpteur qui exerça son art, vers 1500, dans le sud des Pays-Bas espagnols. On ne connaît rien de cet homme, seulement quelques œuvres, des sculptures en bois que l’on peut retrouver dans quelques édifices religieux du sud de la Wallonie ou exposées au musée de la Famenne à Marche-en-Famenne. On lui a donné le nom de Maître de Waha, du fait que plusieurs de ses statues se trouvaient au sein de l’église romane de Waha (à deux kilomètres de Marche-en-Famenne). Luc Templier, conservateur de ce musée, ne cesse depuis quelques années de fréquenter cet artiste anonyme, nimbé de son voile de mystères. Lui qui cherchait une idée originale pour un premier roman n’avait qu’à puiser dans cette matière à la fois si proche et si lointaine.
C’est donc à ce sculpteur que Luc Templier a tenté de prêter vie, dans la ville fortifiée de Marche-en-Famenne à la fin du XVe siècle. Période charnière entre le moyen-âge et la Renaissance. Tout comme ce sculpteur qui va tout quitter, ses certitudes, sa femme, ses enfants pour tenter de se (re)construire. Il va vivre de nouvelles expériences, notamment à Metz, république à l’époque ; et à Chaource.
L’histoire débute donc à Marche, Thomas est un jeune orphelin qui va se développer dans le métier du travail du bois, le travail du beau. Il va faire la connaissance de Jehan avec qui il va progresser chez le même apprenti. Le chemin des deux hommes va cependant diverger. Leur rivalité artistique et amoureuse va leur causer bien des tourments.
Dans ce roman, les personnages ont certes une âme, mais les décors également. Tout comme l’auteur redonne vie au Maître de Waha sous les traits de Thomas, il redonne vie également à la ville de Marche-en-Famenne, dans son passé moyenâgeux dont ne subsistent plus çà et là que quelques maigres témoignages, des restes de remparts. La ville est un véritable personnage, un corps, avec son centre, le cœur de la cité ; ses rues, ses artères ; sa porte haute, sa porte basse. Elle subit finalement les mêmes tourments que ses habitants.
Que dire également de la qualité de l’écriture. On le sent, chaque mot est le fruit d’une patiente recherche. Chaque mot fait image. Les descriptions très soignées semblent donner vie aux œuvres du maître. Ce roman est une ode au travail de l’artisan. Une célébration de l’Art, de la capacité à s’émerveiller. Ce roman se lit simplement. Même s’il prend place entre moyen-âge et renaissance, il ne s’agit pas d’un roman historique, et encore moins d’un roman régionaliste, même si les lieux sont très ciblés.
Ce roman vaut également pour la quête identitaire de son personnage principal qui va tout quitter, tenter l’aventure pour se découvrir une nouvelle voie. Il va quitter sa ville, va quitter ses propres remparts pour affronter la vie. « Or, puisque je suis hors de moi, c’est ailleurs que je dois chercher,… Laisse-moi imaginer que je pars peut-être pour l’éternité. Une échéance anéantirait la démarche et ne lui donnerait aucune chance d’accomplissement. Je reviendrai : dans un mois, un an, une vie, un siècle… » Espérons que Luc Templier ne mette pas autant de temps pour publier son second roman.
On ne peut finalement résister à dévoiler quelques phrases :
- « D’où nous vient cette impression confuse d’avoir un jour tout quitté.»
- « L’homme est si beau dans son aubier fragile, quand l’orgueil, son inutile écorce, est tombé. »
- « En art, comme dans la relation amoureuse, la réserve est un élan pour mieux se donner. »
- …
Les éditions
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Le Maître de Waha
de Templier, Luc
Editions Mols / Autres Sillons
ISBN : 9782874021459 ; EUR 23,00 ; 06/09/2012 ; 400 p. ; Broché
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Poétique, historique, inspirant
Critique de Amaranteh (, Inscrite le 2 octobre 2012, 53 ans) - 2 octobre 2012
Si le roman souffre parfois de quelques longueurs, il se lit avec plaisir et donne vraiment envie d'en savoir plus sur son auteur, tout comme de filer à Namur admirer le retable de Bellevaux !
Merci Luc Templier pour ce premier ouvrage. Pourvu qu'il vous donne envie de continuer sur votre voie d'auteur de romans historiques !
Une critique détaillée est en ligne sur http://radiocamino.net/livres/le-maitre-de-waha/
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