L'invention de la mort de Hubert Aquin

L'invention de la mort de Hubert Aquin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Montréalaise, le 9 avril 2012 (Inscrite le 7 août 2010, 31 ans)
La note : 9 étoiles
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Un magnifique inconnu d'Aquin

Nous croyons souvent que « Prochain Épisode » fut le premier roman d'Hubert Aquin. Pourtant, celui-ci a déjà écrit un roman à la fin des années 50 alors qu'il n'avait 30 ans. Ce roman, « L'Invention de la Mort », n'a pourtant été publié qu'en dernier, quatorze ans après le suicide de l'écrivain. La raison est simple : le livre s'attaquait à plusieurs tabous de l'époque, tels la sexualité, la religion et le suicide. Ce qui plaça tout de suite « L'Invention de la Mort » sur la ligne de mire du clergé tout-puissant et du pouvoir autoritaire de Duplessis, même si elle fut écrite dans l'année (1959) de transition entre la Grande Noirceur et la Révolution Tranquille, transition présente aussi dans le roman puisqu'elle crée déjà un lien entre les oeuvres de jeunesse et celle de la maturité de l'écrivain.

« Tout est fini ».

C'est par cette phrase brève et fatale que débute ce roman. Le personnage principal, René Lallemant, journaliste et homme solitaire, veut en finir avec cette condition insupportable qu'est la vie, cette vie qui ne lui a apporté qu'angoisse et malchance dans son enfance, son emploi et sa vie amoureuse. Pour lui, la vie n'a aucun sens, la vie n'est qu'un néant indescriptible où l'homme est malgré lui prisonnier. Dieu n'existe pas, la religion n'est qu'une illusion fabulatoire. On peut voir déjà chez Hubert Aquin la présence d'un existentialisme sartrien, d'une « nausée » envahissante qui ne peut être combattue que par sa propre mort. On suit progressivement dans le roman le chemin que le personnage emprunte pour son suicide et parallèlement, on l'accompagne dans ses pensées pour découvrir son passé et les raisons qui le poussent à mettre fin à ses jours.

René n'a jamais connu de véritable bonheur. Enfant, il fut rejeté par ses camarades et abandonné brusquement par ses parents qui l'ont enfermé dans un institut de malades mentaux. Dans son travail, Jean-Paul, son « pseudo-ami » ne lui donne pas la promotion que René désire tant. On découvrira que cette décision fut causée par des raisons sentimentales, René refusant ses avances homosexuelles. Dans sa vie amoureuse, René vivra des aventures dans de multiples chambres d'hôtel avec deux femmes. La première, Nathalie, sera rejetée violemment dès qu'il apprendra qu'elle est enceinte, ce qui causera son tragique avortement.

Néanmoins, la deuxième, Madeleine, femme adultère et mère de trois enfants, deviendra le seul personnage que René pourra déclarer avoir réellement aimée. Jouant un double rôle d'amante et de « mère » de remplacement, celle-ci trouve également refuge en la personne de René, tentant de s'échapper d'un mari pervers et machiste et d'un passé de soeur incestueuse. Ces deux êtres réunis, perdus dans le néant des hôtels et d'une existence impitoyable, se confient leurs secrets, leurs craintes, leurs malheurs personnels. Madeleine occupe ainsi une place très importante dans l'oeuvre et dans la vie de René... jusqu'à son suicide dans une voiture plongée dans l'eau froide près de Beauharnois.

Écrit dans un style cultivé, profond mais plutôt simple à déchiffrer, « L'Invention de la Mort » peut être compté parmi les plus grands succès littéraires d'Hubert Aquin.

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