Rien ou presque de Nicole Malinconi

Rien ou presque de Nicole Malinconi

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Kinbote, le 28 septembre 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
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Des textes courts qui attirent notre attention, la retiennent un moment sur des faits à peine perceptibles, qu’on laisserait sinon couler dans le flux indistinct de la vie. Nicole Malinconi nous parle de Henry Lartigue, le photographe du bonheur, des aquarelles de Morandi qui peignent « l’instant perdu de l'objet, mais aussi l'indicible entre les objets, qui les fait exister, qui fait que l’on garde d'eux la mémoire d’un instant de leur existence. » Elle parle d'un échappé dans une finale de Paris-Roubaix vue à la télé qui va finir par non seulement emporter la course mais sa sympathie de téléspectatrice. Un texte évoque cette femme qui collectionne les clés sans savoir quoi elle ouvre, un autre parle des mots qui nous échappent, font mal et qu'on regrette d'avoir dits moins parce qu'ils ont fait mal que parce qu'ils nous mettent à l’écart des autres, révélant notre singularité, nous forçant à la défendre.
Elle parle du danger des eaux, comme on les appelle quand elles montent et attentent à nos biens, à notre intégrité. Elle raconte aussi l'histoire de l'homme qui se met au piano et joue dès qu’il rentre de son occupation d’assureur et qui, un jour, joue l'Impromptu pour sa voisine d'en bas.
En fin de volume, il y a les textes de la guerre. Celui surprenant, tragique, interrogateur sur cet enfant palestinien recueilli par une famille de colons et qui ira combattre pour son pays d’adoption, heureux d’avoir vaincu l’adversaire, d’où il est issu sans le savoir. On les a eus, dira-t-il.
Par ces textes, Malinconi rappelle qu'elle est un écrivain de la douleur, qu’elle sait trouver les mots pour dire l'extrême souffrance des exclus et des exilés. Elle rapporte dans un texte les paroles de Zoran Music : « …c’est ainsi que moi-même je vois et mes yeux se sont agrandis de ne pouvoir se détacher de ce qu'un moment ils ont vu. C'est pourquoi je peins, dit le peintre. » Est-ce pour la même raison que Nicole Malinconi écrit ?

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