La tache de Philip Roth
( The human stain)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 37 avis)
Cote pondérée : (328ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 22 143 (depuis Novembre 2007)
Décoiffant !...
« La tache » est le tout dernier roman de Philip Roth et vient de paraître chez Gallimard. Je me rue… Et je tombe sur quoi ?… Un nouveau chef-d'œuvre écrit par ce grand écrivain contemporain ! Puissant, au souffle décapant, il pousse ses personnages vers des sommets où les sentiments humains prennent des tournures effrayantes, ou totalement ridicules.
Un personnage hors du commun que ce Coleman Silk ! Au début du livre, nous sommes en 1998 et il a septante et un ans. Il se confie à Nathan Zuckerman, le double de Roth dans plusieurs de ses livres, et le narrateur de cette histoire.
Au moment où nous faisons sa connaissance, lui, le professeur d'université en littérature ancienne, l'ancien doyen de l'université, s'est vu attaqué et a décidé de démissionner suite à un véritable lynchage !… Il aurait tenu des propos racistes alors que, tout simplement, le mot qu’il a employé a un double sens en anglais.
La rage l'envahit au point de l'enfermer dans ses sentiments et cela d’autant plus qu'il estime que toute cette histoire a entraîné la mort de sa femme !
Coleman Silk, au départ, avait quelques problèmes d’identité. Noir, il est quasiment aussi blanc qu’un blanc au point qu'entrant à l'armée il s’est déclaré comme blanc. Le voilà devenu prisonnier de ce mensonge qui ira jusqu'à le forcer à rompre totalement avec sa mère et toute sa famille. Et cela ne lui suffit pas ! Tant qu'à devenir un autre, un blanc, pourquoi pas s’inventer un passé de Juif ?… Et le voilà parti dans cette direction…
Mais cela, c'est son secret, le résultat de son amour pour le mensonge et les secrets. Nous sommes des années plus tard et, malgré sa démission, il n’en a pas fini avec les « qu’en dira-t-on », les rumeurs et l'hypocrisie. A son âge, le voilà qui entreprend une relation des plus sexuelles avec une jeune femme de trente et un ans ! A nouveau la rumeur et les lettres anonymes. Nous sommes en pleine affaire Lewinsky et l’hypocrisie, une fois de plus, fait rage en Amérique. On ne peut s’empêcher de rire, pour ne pas en pleurer, quand Roth nous dit qu'après un siècle qui a connu autant d’horreurs que le vingtième (14-18, Hitler, Staline, l'holocauste et on en passe.) les Américains sont bien heureux de n'avoir pour principaux problèmes que de savoir si le Président s'est bien laissé sucer, ou non, et si Coleman Silk s’envoie bien cette jeune femme qui passe pour illettrée en plus.
L’opposition à Silk est menée par une jeune et très belle femme qui dirige le département de lettres anciennes à l'université. Elle est un pur produit français, parisien même, sortie en droite ligne des plus grandes écoles. Frustrée et mal dans sa peau, elle orchestre la meute des moutons bêlants…
Un roman qui dénude les plus bas instincts des hommes en général, mais des américains en particulier. Roth ne nous fait cadeau de rien et pour notre plus grande satisfaction !… Même si vous ne deviez pas lire ce roman, lisez quand même les pages 193 et 194 dans lesquelles Roth décrit ce qu'est « la tyrannie des convenances ». C’est grandiose !… Oui, les Américains sont hypocrites et pudibonds, mais sommes-nous totalement exempts de ces défauts ? La question mérite d'être posée.
Toute sa vie Coleman Silk va tenter de diriger son destin, de surtout ne pas se laisser absorber par des groupes, mais le voilà forcé de reconnaître que : « Il remuait les mêmes pensées vaines, vaines pour un homme comme lui sans génie, sinon pour Sophocle : à savoir que le destin tient à peu de choses… à moins qu’il ne paraisse secondaire quand on ne peut y échapper. »
Roth crée pour nous des personnages dignes de la tragédie grecque et les pages consacrées à Faunia qui s'assimile à une corneille n’en sont qu'une des preuves.
L'Amérique ?…
« la plus vieille passion fédératrice de l'Amérique, son plaisir le plus dangereux peut-être, le plus subversif historiquement : le vertige de l'indignation hypocrite. »
Comme dans « J’ai épousé un communiste » et « La pastorale américaine », ce livre nous montre un Philip Roth furieux et déchaîné. Et certain disent qu’il n'y a pas d'opposition aux US !. Un excellent roman, un livre qui a vraiment toute une dimension !
Les éditions
-
La tache [Texte imprimé], roman Philip Roth trad. de l'anglais, États-Unis, par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070759071 ; 25,00 € ; 04/09/2002 ; 442 p. ; Broché -
La tache [Texte imprimé] Philip Roth trad. de l'américain par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070315932 ; 9,70 € ; 28/05/2004 ; 496 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (36)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Assurément un grand roman
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 22 mai 2023
J’ai aimé suivre l’histoire contée par ce bon vieux Nathan, une histoire riche en événements et marquée du sceau de l’identité raciale. Il va sans dire qu’à travers la vie de Coleman Silk, c’est tout un pan de la société américaine contemporaine qui est passée au peigne fin. A ce sujet j’ai apprécié la justesse du ton de l’auteur et surtout la hauteur de son regard. On sent beaucoup d’intelligence derrière les mots. Roth fait donc preuve d’une certaine hauteur mais surtout d’une grande lucidité quant au regard portée sur son pays.
Un classique de la littérature américaine contemporaine à ne pas louper
Impression mitigée
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 15 décembre 2019
Un récit complexe aux personnages ambigus, qui permet d’aborder bien des questions comme la condition des noirs et les questions raciales, la médisance et la petitesse d’une université de province, le puritanisme et la bienpensance des moralisateurs, la guerre du Vietnam et ses séquelles, l’identité personnelle, un portrait au vitriol d’une Normalienne ambitieuse venue faire carrière aux US (où Ph Roth a-t-il acquis une connaissance aussi fine du microcosme intellectuel français ?).
Un livre très dense, pas facile à lire : j’ai dû me forcer sur la première moitié, avant d’être accroché par la seconde, en fait à partir du moment où Roth/Zuckerman nous emmène découvrir le passé trouble et passionnant de ces autres personnages, chacun avec ses taches et ses souillures cachées : Faunia Farley elle aussi, et encore plus gravement que Coleman, fracassée par la vie ; son ex-mari cinglé Lester Farley meurtrier en puissance ; Delphine Roux brillante, perfide et mal dans sa peau.
Mais au final un sentiment mitigé et une note moyenne compte tenu des difficultés que j’ai eu à lire.
Un bon roman mais
Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 23 octobre 2013
Chacun porte sa tâche...
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 14 octobre 2012
Philip Roth manie une écriture agréable avec laquelle il va passer par différents points de vue de cette histoire: Nathan Zuckerman, l'observateur extérieur, Coleman Silk, l'acteur principal, Faunia Farley, la femme scandale, Les Farley, son ex détraqué et Delphine Roux, l'anti-Coleman. Chacun de ces acteurs porte en lui une "tache" personnelle, un secret qui va légitimer ses actes. Tous ces actes qui sont en définitive, aiguillés par le puritanisme et le moralisme américain.
C'était mon deuxième Philip Roth, et cette fois ci, il m'a convaincu, grâce à un fond que sublime la forme.
Crise d'identité
Critique de Manhattan (Marseille, Inscrit le 24 août 2008, 45 ans) - 8 octobre 2012
C'est raconté à la troisième personne et ça peut perturber le lecteur.
Le passé du personnage principal est minutieusement détaillé, façon sauce pimentée Balzac. Les Etats Unis prennent un bon coup dans la poire : hypocrisie, puritanisme, traumatisme engendré par la guerre du Vietnam, ségrégation raciale...
On nous met en lumière l'affaire Clinton Lewinsky qui fait couler de l'encre dont les américains sont friands, et ce n'est qu'un trompe l'oeil. ROTH creuse ses personnages au plus profond comme peu d'écrivains peuvent le faire, avec cet art pour montrer l'ambivalence que l'on peut avoir en chacun de nous.
L'intrigue est bonne comme l'humour. Mais ça reste un peu trop négatif et mélancolique à mon goût
Où il est question de tache
Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 41 ans) - 13 janvier 2012
Si dans « Pastorale Américaine » Philip Roth traite de l'identité à travers le conflit des générations, dans « La Tache » il se lance dans un projet plus ambitieux : déceler l'identité de l'identité ambivalente qui réside en chacun de nous. Et pour arriver à ses fins, l'auteur va dresser le portrait de personnages hauts en couleur : Coleman Silk, le doyen blanc anciennement noir qui a fait le choix(?) de la réussite ; Faunia, la maîtresse secrète de Silk, illettrée, détruite par la vie mais humaine ; Les, mari de Faunia, vétéran du Vietnam, avide de vengeance et de meurtre ; Delphine Roux, professeur française carriériste et stoïque ( qui possède toutefois des valeurs).
Philip Roth va se servir de ses personnages pour montrer que chacun d'entre eux possède une personnalité mais qu'aucun n'est en mesure de pouvoir l'exprimer aux yeux de la société américaine, puisque l'histoire se passe en Amérique. L'ambivalence des personnages est donc un des points forts de ce roman. La personne foncière qui est en chacun de nous n'est pas en adéquation avec la personne que l'on laisse apparaître aux yeux de la société. C'est ainsi que, tromperies, motivations internes, carriérisme ou volonté d'intégration nous changent en un autre, un autre taché d'histoire révolue mais toujours présente.
Mais là où le roman de Roth est intéressant, c'est qu'il rassemble les taches, qu'elles soient apparentes, cachés volontairement ou non ou qu'elles soient égalitaires au yeux de la société. Et là c'est l'occasion pour l'auteur de balancer tout ce qu'il pense de l'Amérique. Pays des droits de l'homme, de la liberté individuelle comme des biens communs, les Etats-Unis aiment le scandale, l'hypocrisie et le mensonge. Ils préfèrent se rebeller contre un Bill Clinton qui se fait sucer le col roulé plutôt que de voir la réalité en face, celle de l'inégalité.
Bref, « La Tache » allie humour, psychologie et littérature pour donner au final un résultat bouleversant pour le lecteur. A lire absolument !
Une bonne leçon
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 17 novembre 2011
Mélancolique, tout en nuances, le livre aborde donc des thèmes difficiles que l'on ne trouvera guère dans les romans de gare ! L'argent, l'étatisme et le paraître, ont surtout leur première importance et la fin tragique ne fait que renforcer, de toute façon, l'impression générale. Enfin la dénonciation opérée de l'Université (entre autre par la professeur de français), systématique et honteuse, rappellera les heures les plus sombres de l'Histoire. Je ne vois pas grand chose à ajouter à ce qu'en a dis Jules, simplement beaucoup devraient lire ce livre.
La fin tragique d'un homme libre
Critique de Chameau (, Inscrit le 10 novembre 2010, 44 ans) - 10 novembre 2010
Magistral
Critique de Bartleby (Piré sur seiche, Inscrit le 14 octobre 2010, 48 ans) - 14 octobre 2010
?
Critique de Pat (PARIS, Inscrit le 21 mars 2010, 60 ans) - 27 mars 2010
Le prix à payer pour avoir voulu être un autre
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 25 janvier 2010
Un moment sympa...
Critique de Teuta (, Inscrit le 20 décembre 2009, 43 ans) - 22 décembre 2009
Certains passages me faisant souvent penser à du Céline. En chacun de nous sommeille quelque chose d'inavouable (ou pas), qui forcément joue sur notre trajectoire. Timidité, gêne ou encore malaise...pleins de choses insignifiantes qui peuvent faire peur à l'Autre et qu'on préfère cacher..."chasser le naturel, et il reviendra au galop"...
Ça aurait pu être plus intense
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 14 décembre 2009
La réinvention du roman
Critique de Haiter (, Inscrit le 13 octobre 2009, 55 ans) - 13 octobre 2009
Coleman Silk est un grand professeur de lettres classiques à l’université d’Athena, helléniste notoire et accessoirement prétentieux (n’est-ce pas Delphine Roux ?). Doyen de l’université pendant une période, il fut accusé de racisme par ses pairs pour avoir traité un étudiant, souvent absent, de « Zombies ». Dans un accès de colère, il démissionne de son poste. Suit alors une série d’événements : décès de sa femme, tension familiale après sa relation avec une femme de ménage et surtout retour du refoulé : Le passé de Coleman revient comme un boomerang. 50 ans de vie secrète remontent à la surface. Le mensonge d’une vie doit servir de caution pour sa disculpation. Ca doit être consigné dans un livre, eh oui ! Il doit raconter et en contrepartie remuer le passé (empreint de secret) dans un livre. Il doit extérioriser et déballer ses secrets. Il n’a pas le choix. Mais est-ce possible ? C’est du lourd, très lourd. Supportera-t-il de divulguer ses mensonges? Son entourage, ses enfants auront-ils assez de force pour réagir sans conséquences ?
Tel est le décor planté par Roth comme préambule à cette œuvre monumentale. Racisme et ressentiments minoritaires, secret est mensonges, intolérance raciale et sociale font partie des sujets qui ont imprégné l’auteur au moment où il a entrepris cette œuvre à la fin des années 90. Tout est dedans : L’Amérique en crise de pureté pendant l’affaire Levinsky, le retour sur les tensions raciales des années avant et après guerre, du traumatisme de la guerre du Vietnam. L’Amérique de la fin du 20ème siècle est passée au scalpel.
Ce type est littérature à lui tout seul : Encyclopédique vous-dis-je. Des réserves ? Je souhaite du courage à ceux qui s'y aventurent.
Bon on peut ne pas aimer certains passages longuets (6 ou 7 pages de détails sur l'art de voler chez les corneilles et les bises), mais bon il a le souci du détail ce mec là, c'est son péché.
Ne vous attendez pas à lire un bouquin sombre, amer, mais pas du tout. L’humour, le burlesque font partie du lot. Vous ne connaissez pas Roth ? Réservez-le, vous ne le regretterez pas, les autres peuvent aller se rhabiller.
NB : Les superlatifs sont utilisés à bon escient
Pas pour moi
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 21 février 2007
Peut-être en raccourcissant le roman d'au moins la moitié, histoire de l'alléger et d'aller à l'essentiel sans se perdre dans 36000 méandres, que sais-je... ou passer à un autre auteur en ce qui me concerne, tout simplement :)
Un concentré brillant des Etats-Unis
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 3 juillet 2006
Ouaaahh! En 440 pages, sont exposés les travers américains, de manière d'autant plus brillante que l'oeuvre est truffée d'analyses psychologiques des personnages et de dialogues-coup de poing, qui font mouche à chaque fois. Le parallélisme des sexualités de Clinton et Silk sont aussi brutales que drôles. Tout se chamboule, les cartes ne semblent cesser de se rabattre : de nouvelles facettes de l'histoire du protagoniste sont divulguées tout au long du récit, et j'ai été particulièrement impressionné et intrigué par le savant mélange de récit présent et de retours-arrières (ce néologisme vaut bien flash-back ou travelling arrière, non ? wink and smile !).
Il serait intéressant de faire une comparaison avec Edmond Dantès : lui commence à se battre et décide, pour ses raisons propres, se retirer, dans l'outrage, et la vindicte le poursuit, via les rancoeurs de Delphine Roux, mais quel retournement pour lui à l'enterrement, grâce au discours de son collègue noir. J'ai apprécié le "et après", voir ce qui se passe après la mort du personnage principal, dans un chapitre qui vaut bien son jus. Proust n'a-t-il pas donné presque son meilleur sur la fin avec le Temps retrouvé ?
Oui, ce roman est touffu, peut-être un brin trop dense. Y a-t-il trop de descriptions, comme j'ai pu le lire ? Je conçois qu'on puisse le penser, mais je reste sur l'impression tenace selon laquelle elles sont nécessaires à ce qui est bien une analyse, tant sociologique que psychologique.
Personnellement, j'ai accroché tout de suite, et ai mordu jusqu'à la fin. Je l'ai lu en une journée et demie. Beaucoup ont apprécié, et personne n'a mis *****. J'étais bien tenté, et ai hésité en voyant les notes. Allons, courage, j'assume mes goûts subjectifs, qui se mêlent aux raisons objectives d'apprécier ce livre - que j'espère avoir exposées suffisamment clairement -, car il s'agit bien d'un coup de coeur.
Du grand Art !
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 23 novembre 2005
Je suis très heureuse d'avoir enfin lu le Grand Philip Roth, très admirative devant son talent, mais il me manque un tout petit quelque chose pour l'aimer vraiment
La meilleure fiction sur le racisme
Critique de Julie D (Paris, Inscrite le 15 juin 2005, 63 ans) - 17 juin 2005
Toujours la même verve, à part ça, que dans les débuts de Roth avec "Portnoy; toujours, hélas, la même lourdeur dans l'obsession sexuelle polarisée sur la fellation et pas érotique pour un rond, mais personne n'est perfect... toujours ce mordant, certes, mais aussi cet amour pour l'Amérique et ses diversités. Roth y vit toujours. Il a compris, contrairement à nous, que quand le meilleur et le pire sont à disposition, on peut choisir. Et que ce n'est pas le cas partout.
trop de longueurs !
Critique de Isa1977 (LYON, Inscrite le 16 mai 2005, 47 ans) - 2 juin 2005
j'ai préféré "la pastorale", premier roman de cet auteur que j'ai lu.
Cérébral
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 8 mars 2005
Identité raciale et discrimination, trahison du père, puritanisme et voyeurisme, les séquelles du Vietnam, l'arrivisme en milieu universitaire. Traiter cinq thèmes en quatre cent pages et rester cohérent, quel exploit. Ca fait travailler les neurones. La trouvaille de la double identité de Coleman est l'élément le plus réjouissant dans la construction du récit. Comme dans un roman d'espionnage lorsqu'on découvre que l'agent est un double agent.
Le clin d’œil à l’affaire Lewinski… Dans vingt ans, grâce à Philip Roth, on se souviendra de Miss Lewinski… Puisque dans vingt ans il y aura des lecteurs qui découvriront La Tache.
Une grande maîtrise
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 10 février 2005
Le roman est touffu, dur à lire, ma foi, presque Joycien, mais il vaut cent fois le détour. À lire et à relire. À déguster comme une liqueur forte
les pieds dans le tapis
Critique de Ena (Le Gosier, Inscrit le 25 octobre 2004, 62 ans) - 9 février 2005
Pour lecteurs concernés?
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 10 décembre 2004
Sous la forme d’une biographie fictive, le roman est construit avec des retours-arrières et se lit comme une étude commentée par un intermédiaire entre le lecteur et les événements. Les personnages ne se parlent pas entre eux. Ils existent seulement pour être décortiqués et pour exposer leurs traits de caractères.
Ils sont examinés sous tous les angles, méticuleusement, dans le détail. Peut-être trop, ce que les Américains appèlent « over-analyzing » Le niveau de sophistication narrative qui rend les bons moments particulièrement savoureux, rend aussi les creux plus difficiles à surmonter.
Pour apprécier Roth à sa juste valeur, je crois qu’il faut embrasser la totalité du discours socio-politique féroce qui est mis de l’avant par la description des comportements de ses personnages. Ce qui n’est pas mon cas. J’ai eu beaucoup de difficulté avec l’image de la femme qui était projetée et certains préceptes moraux. Aussi, avec la manière dont l’auteur parle de l’identité et la discrimination. Car après tout, Roth n’est pas le mieux placé pour évoquer toute la complexité émotive d’un afro-américain en période d’après-guerre.
Toutefois, dans l’ensemble il réussit tout de même sa charge contre le puritanisme néo-conservateur qui fait toujours rage. C’est une œuvre riche et dense avec de multiples qualités mais qui, selon moi, aurait pu être plus sarcastique et surtout plus accessible.
"Objections, Votre Honneur !"
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 13 août 2004
Plutôt que de livrer platement mon compte-rendu, j'aimerais faire quelques remarques sur les lectures précédentes :-) "La tache" est un livre sur le secret, et dévoiler ce secret dans le compte-rendu, n'est-ce pas oublier que l'auteur a "berné" son lecteur pendant tout le début du roman ?
Philip Roth "dirait tout" : L'agression de Lès contre Coleman et Faunia ensemble dans la villa, laisse toute liberté sur la suite de l'épisode. En revanche, on nous raconte le parcours de boxeur de Coleman, ce qui tient lieu de réponse. La fin du roman est ouverte : qui saura si Lès y a joué un rôle ?
La "psychologie" dans le roman ? Roth nous fait entendre ses personnages, avec leur langage propre, un passé qui donne aux mots le poids de vécu. Mais pas d'intervention expliquant leur psychologie : le regard de Zuckerman - voisin proche et spectateur éloigné, est distant, prisonnier des apparences qu'il cherche à percer.
Enfin ce livre est d'une construction si habile qu'on en voit mal les articulations. On glisse d'un épisode à l'autre, d'une facette de Coleman à l'autre, sans effort, comme si on faisait progressivement le tour d'un homme sans jamais avoir une vue d'ensemble. Ce roman est à la littérature ce que "Citizen Kane" d'Orson Welles est au cinéma : "No trespassing" !
Sophie Roux, universitaire francaise, au cursus privilégié, aux origines favorisées, avec la reconnaissance officielle de son savoir, vient en Amérique comme en terre conquise, apportant sur les oeuvres du passé les regards à la mode : on étudiera Euripide à la lueur du féminisme ! Par ailleurs, quelle méconnaissance de soi, quels agissements, ideologiquement justifiés, et quelles "bourdes" ! Elle pratique la culture comme la "notoriété publique" du moment ! Faunia, son contrepoint en tout, a une autre présence et un autre rôle !
L'image finale d'un pêcheur avec sa perceuse à trouer la glace, n'est-ce pas un clône du romancier qui va sonder les profondeurs, invisibles à l'oeil nu, de l'Amérique ? Les trois dernières phrases du livre le laissent à penser.
Du chocolat au vinaigre
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 9 février 2004
Ce récit est corrosif, franc, vrai et extrêmement bien écrit. Le sujet profondément ancré dans les faiblesses de l'Amérique. Huée, haro, frustration, colère et dénonciation. C'est du concentré de senti, de vécu, de véridique. Et écrit avec plus que du talent, mais une sorte de sixième sens.
En contrepartie, c'est cette débandade de dénonciation, de décorticage de l'âme humaine, qui, il me semble, lui ôte un peu de sa presque perfection, en enfermant ses personnages derrière une vitrine avec un écriteau offrant une description complète de l'espèce et de ses moindres caractéristiques. Comme en tout, il faut savoir se mesurer, et ne pas exagérer, même pour ce en quoi on excelle. A trop bien faire, Roth m'a un peu dépassée et au bout d'un moment, ce plaisir pris à chaque phrase me faisait l'effet d'être de trop...
Il n'en reste pas moins un excellent roman qui ne prend pas son lecteur pour un gaga, je ne serai pas la dernière à le dire. Roth est un écrivain qui s'arme de mots et qui bande son arc à tous les coins de pages. La Tache est un livre à lire, c'est plus que certain...
A Saint-Germain-des-Prés
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 11 septembre 2003
Pas mal, mais...
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 9 septembre 2003
Avec tout ce qu’il faut pour « faire vrai ».
Un récit tellement réaliste, des portraits tellement précis, une écriture tellement riche.
Et pourtant, malgré toutes les qualités que je reconnais au livre, il ne m'a pas emportée…
Peut-être est-ce justement dû à l’abondance des descriptions psychologiques des personnages.
Non seulement cela engendre certaines longueurs, mais tout est dévoilé.
Ah… Où est passé le charme de ce qui laisse entrevoir tout en cachant.
Soie transparente, voile irisé, tulle flou qui font la part belle à l'imagination. Cela dit, je m'en voudrais de sembler trop sévère !
Roth produit quelques pages brillantes où il décrit et dénonce avec force le phénomène insidieux de la rumeur et du qu’en-dira-t-on.
Il peut même être très drôle parfois : je retiens la conversation de trois quidams à propos du scandale Clinton-Lewinsky, dialogue plat mais qui m’a fait franchement rire ! Difficile donc de trancher : ai-je aimé ou non.
je me pose encore la question.
Un grand roman mais ...
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 22 janvier 2003
Malgré tout l'auteur pèche par moment par excès de longueur; peut-être a-t-il eu le tort d'introduire trop de personnages ? Chacun étant décrit en profondeur, on finit par avoir l'impression de lire plusieurs romans à la fois. Et je trouve que Roth est un peu inégal dans ses descriptions de personnages ou anecdotes familiales: certains passages sont moins réussis voire d'un intérêt mineur, ce n'est pas un livre qui nous prend du début à la fin.
Personnellement j'ai adoré le portrait vivant, plein de finesse, d'humanité et d'ironie de Delphine Roux, la très belle, très parfaite et très seule jeune française; c'est du grand art et vraiment un bon moment de lecture
L'écriture résistante
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 28 décembre 2002
Philip Roth est l'un des seuls à encore oser lever le petit doigt dans ce pays en pleine déliquescence. Lui et Michael Moore avec son "Bowling for Columbine " que je conseille à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu, le genre de documentaire salutaire qui nous fait réfléchir sur l'état du monde et ce que les hommes en font.
Et pour ceux que les classements intéressent (je sais ça porte à débat pour le moment), La Tache est le livre de l'année pour la rédaction des "Inrockuptibles".
Comprenons nous bien...
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 5 décembre 2002
En voilà une nouvelle !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 3 décembre 2002
ça vaut ce que ça vaut....
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 3 décembre 2002
Précision
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 20 novembre 2002
La f(r)acture
Critique de Persée (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans) - 18 octobre 2002
Réponse à Persée
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 7 octobre 2002
D'accord que cette littérature avance moins en "finesse", mais à force de faire de la finesse on ne fait plus qu'effleurer et à force d'effleurer on perd une bonne partie des choses. On devient léger, si léger, que le lecteur n'est pas emporté dans son livre. Zola faisait-il dans la dentelle ?... Hugo ?... Balzac ?... Ce n'est qu'une opinion personnelle, mais ce qui manque le plus à beaucoup d'auteurs français actuels ce n'est sûrement pas la légèreté, mais surtout le souffle ! Combien de romans actuels dépassent les 250 pages ? Et encore, écrites en grands caractères et double interligne !... Un exemple: j'aime bien Modiano, mais après quelques mois je serais incapable de raconter l'histoire d'un de ses livres sauf "Dora Bruner"... On les mélange tous pour ne garder qu'une seule impression: le manque de racines, le flou, les êtres perdus, l'horrible solitude des villes etc... Mais c'est tout en finesse, d'accord, et j'aime bien les lire aussi, mais...
Je crois que tout cela est très personnel et varie même de l'état d'esprit dans lequel on est quand on lit un livre. Radiguet dans "Le Diable au corps" laisse-til tellement de place à l'imagination du lecteur ?... Mais j'adore ! A certains moments je préférerai ce genre là et à d'autres je préférerai un autre genre... Et puis, ne peut pas être Proust qui veut... Faire dans la dentelle et avoir du souffle ! Céline laisse-t-il beaucoup à l'imagination du lecteur quant à ses personnages, leurs motivations et l'âme humaine ?... Il n'empêche que... Et puis, n'oublions pas non plus toute l'intelligence que peuvent contenir ces livres et, je dois bien l'avouer, je souligne beaucoup moins de phrases dans les livres français d'aujourd'hui que dans les auteurs américains modernes que je découvre depuis quelques années. Je ne dis pas qu'ils sont idiots pour autant, mais un certain manque de profondeur ?...
Tu demandais une réponse, j'en donne une, elle ne vaut que pour moi et encore, suivant mes états-d'âme du moment...
la facture
Critique de Persée (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans) - 6 octobre 2002
Sur le plan littéraire, ce que je constate chez les quelques auteurs U.S. lus récemment (Auster, payne, Roth), c'est une tendance anthropologique qui consiste à étudier l'être humain et son environnement jusque dans ses moindres détails. On reproche souvent à l'esprit français d'être léger. Et on en déduit qu'il est superficiel parce qu'il donne l'impression d'effleurer les thèmes profonds. Mais n'a-t-il pas le mérite de laisser toute liberté à l'imagination du lecteur ? Les trois auteurs que je viens de citer me paraissent, quant à eux, avoir une vision totalitaire de l'écriture : il faut qu'elle aille jusqu'au bout dans la description du réel. Et cette liberté qu'ils revendiquent à juste titre quant au fond, ils l'enlèvent au lecteur lorsqu'ils sucent leurs sujets jusqu'à l'os. Un personnage apparaît et c'est toute sa vie qui défile, depuis son premier biberon. Un décor est dressé et l'on saura le dessin qui se trouve sur la petite boîte en fer qui se cache là-bas dans le fond de la pièce. Je me trompe ? Dites-moi !
Forums: La tache
Sujets | Messages | Utilisateur | Dernier message | |
---|---|---|---|---|
N'avais-tu pas la tête ailleurs, Lateteailleurs ? | 6 | Saint Jean-Baptiste | 1 février 2012 @ 20:31 |