Lettres de George Sand. histoire d'une vie (1804-1876) de George Sand

Lettres de George Sand. histoire d'une vie (1804-1876) de George Sand

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pieronnelle, le 21 mars 2012 (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 77 ans)
La note : 10 étoiles
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Merci à cette grande Dame de nous avoir écrit!

Ce livre regroupe des lettres de George Sand qui permettent de retrouver entre autres son univers familial et son engagement dans les arts et la littérature. Mais la correspondance qui personnellement m’a passionnée est celle de l’humaniste s’adressant en particulier à Gustave Flaubert.

Cette « histoire de sa vie » résumée en quelques lettres nous met en présence d’une femme dont l’Histoire n’a retenu principalement que la romancière évoluant dans le monde des arts dont la musique ( Chopin, Liszt …), les écrivains ( Dumas, Tourgueniev, Musset, Flaubert, Balzac…), la peinture ( Delacroix …) ; ce qui est dommage car elle fut également un témoin engagé des événements d’un siècle pour le moins turbulent , traversé par les guerres, les révolutions et révoltes.
Ce qui est remarquable c’est de constater à quel point cette femme a été capable de garder une vie de famille, de chérir des amis, d’écrire, d’aimer passionnément et de s’impliquer dans les évènements sociaux et même y participer directement.
J’ai apprécié cette sélection choisie sur les vingt cinq volumes de sa correspondance complète.
Ces lettres cernent bien la personnalité de cette femme écrivain qui a eu le courage de braver les conventions, d’imposer son féminisme intelligent car même si elle s’est habillée en homme pendant quelque temps pour provoquer elle a su garder toute sa féminité et n’a jamais voulu imiter les hommes. Elle a été leur égale, les a souvent dépassé et n’en n’a retiré aucune vanité.
Elle a su observer et analyser les problèmes de son temps avec une lucidité incroyable, ne se laissant pas entraîner dans les dérives, affirmant son point de vue parfois contraire au milieu bourgeois dit éclairé de l’époque et dont elle faisait partie.
On la retrouve donc
- dans sa jeunesse à Nohant (lettres à sa grand-mère ) et sa vie de jeune mariée (lettres à son mari Casimir Dudevant et amis);
- en pleine révolution personnelle pour devenir une femme libre et commencer l’Ecriture qui deviendra « une passion violente et presqu’indestructible » (lettres au précepteur de ses enfants Jules Boicouran et Emile Regnault );
- révolution politique au moment des » trois glorieuses » où elle s’enthousiasme pour la République (lettre à Charles Meure) :
« Dans la crise où nous sommes, quand c’est le gouvernement qui a mis le premier la main à la destruction de l’ordre social, quand tout est remis en question, quand les gens paisibles et modérés comme vous et moi, sont forcés de voir abattre ce que jusqu’alors ils avaient respecté (…), pourquoi ne pas oser élever un édifice plus vaste, plus hardi, plus solide ? Et moi je crois qu’il nous fallait une république… » ;
- devenue l’écrivain reconnu dans le tout-paris romantique mais en pleine épidémie de Choléra et les émeutes de 1832 (lettres à Marie Dorval, Sainte Beuve et divers amis) ;
- en pleine passion amoureuse avec Musset et Michel de Bourges (lettres à A. de Musset , Pietro Pagello, Marie D’Agoult , Franz Liszt, Michel de Bourges) ;
- dans sa deuxième vie conjugale avec Chopin dont la correspondance a été détruite (lettres à Grzymala, à Delacroix) ;
- dans son engagement politique (lettres à Balzac, Eugène Sue, Poncy, Lamartine, étonnante lettre à Louis Napoléon Bonaparte, Louis Blanc, Barbès) ;
George Sand tout en restant romancière participera à l’installation de la deuxième république dont elle rédigera plusieurs bulletins officiels et participera aux réunions des membres du gouvernement ; mais elle refusera de figurer sur la liste des candidats et sera déçue par la dérive conservatrice de cette république (lettre remarquable « Aux membres du Comité central » évoquant le droit des femmes avec une lucidité étonnante :
« Pour que la société soit transformée ne faut-il pas que la femme intervienne politiquement dès aujourd’hui dans les affaires publiques ? J’ose répondre qu’il ne faut pas, parce que les conditions sociales sont telles que les femmes ne pourraient pas remplir honorablement et loyalement un mandat politique ; la femme étant sous la tutelle et dans la dépendance de l’homme par le mariage, il est absolument impossible qu’elle présente des garanties d’indépendance politique à moins de briser individuellement et au mépris des lois et des mœurs, cette tutelle que les mœurs et lois consacrent ».)
- avec sa longue amitié épistolaire avec Gustave Flaubert ;
- et sa position lors de la Commune de Paris qu’elle ne comprendra pas ; l’humaniste sera horrifiée par les massacres dus selon elle aux erreurs de la Commune, ce qui l’opposera à Flaubert sur ce point par une lettre du 14 septembre 1871 qui à elle seule vaut la lecture de ce livre.

Flaubert écrivait à Tourgueniev :
« Il fallait la connaître comme je l’ai connue pour savoir tout ce qu’il y avait de féminin dans ce grand homme, l’immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie ».

Ce livre est également un « beau livre » avec une très intéressante iconographie.

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Les éditions

  • Lettres de George Sand [Texte imprimé], histoire d'une vie, 1804-1876 préf. de Georges Lubin textes choisis et présentés par Adeline Wrona
    de Sand, George Lubin, Georges (Préfacier) Wrona, Adeline (Editeur scientifique)
    Éd. Scala
    ISBN : 9782866561673 ; 2,98 € ; 04/11/1997 ; 224 p. p. ; Relié
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