Que le meilleur perde : éloge de la défaite en politique de Frédéric Bon, Michel-Antoine Burnier

Que le meilleur perde : éloge de la défaite en politique de Frédéric Bon, Michel-Antoine Burnier

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Critiqué par Shelton, le 14 mars 2012 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 7 étoiles
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Et qui va perdre ???

Il y a quelques années, deux auteurs, Frédéric Bon – spécialiste des estimations électorales et chercheur au CNRS – et Michel Antoine Burnier – rédacteur en chef d’Actuel – commettaient un ouvrage lucide et limpide, fortement teinté d’humour, de cynisme et de parodie, « Que le meilleur perde ». Il s’agissait de montrer que les élections en démocratie pouvaient être regardées comme autre chose qu’une course au pouvoir, un peu comme une grande défausse où l’on devait laisser les autres diriger un pays car l’opération était trop périlleuse pour être menée soi-même.

Bien sûr, il ne s’agissait que de nous faire rire et, comme souvent avec les humoristes, de provoquer une pointe de réflexion. Alors la première version était tournée fondamentalement sur un personnage comme François Mitterrand, puis ce fut une spécifique Jacques Chirac, nous voilà maintenant avec une spéciale Nicolas Sarkozy. Je vous avoue n’avoir lu que la version initiale, mais elle était tellement savoureuse que je ne peux pas m’empêcher de vous conseiller de vous y plonger, voire de vous contenter des plus récentes, qu’importe !

Oui, et si l’objet des politiques n’était en réalité que d’arriver à refiler les dossiers les plus véreux à son successeur, à fortiori s’il appartient à un parti opposé. Regardez, on n’en est peut-être pas si loin quand le président Nicolas Sarkozy donne six mois de plus à une entreprise, exige de reporter à plus tard un plan social chez un grand constructeur automobile, prévoit une TVA sociale qui s’appliquera lors du prochain quinquennat, et la liste pourrait s’allonger à l’infini…

Mais on pourrait, aussi, prendre les promesses des autres candidats, en se disant que promettre autant de choses que cela, sans savoir comment faire pour les obtenir, relève d’une promesse de Gascon que seul un futur perdant peut faire !

« Je défendrai un budget européen ambitieux pour l’avenir de l’agriculture dans sa diversité »
« Nous mettrons en œuvre un plan de transition écologique de l’agriculture en vue de faire de l’agriculture française un modèle d’agriculture de qualité »
« Il faut un plan de développement de l'apprentissage et de l'alternance »
« L’école doit donc assurer la sélection des meilleurs par la promotion de tous »

Sauriez-vous retrouver les auteurs de ces phrases ? Aucune importance d’ailleurs, puisque ce type de promesses n’engage que ceux qui y croient ! Non ? Par contre celui qui sera au pouvoir, dans quelques semaines maintenant, devra lui, faire face à un peuple qui aura entendu de nombreuses phrases qui ne pourront jamais être concrétisées. D’où frustration, mécontentement, manifestations… franchement, c’est plus tranquille de perdre l’élection !

C’est là tout le principe de cet ouvrage, nous faire découvrir les élections sous un autre angle.

« Le pouvoir est un insupportable fardeau, l’opposition une situation de rêve ».

Alors, qui s’y collera pour le mandat à venir ? Ne comptez pas réellement sur cet ouvrage pour le deviner, mais vous allez passer un bon moment de lecture et ce n’est déjà pas si mal !

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