Au revoir et merci de Jean d' Ormesson

Au revoir et merci de Jean d' Ormesson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hervé28, le 12 mars 2012 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 718ème position).
Visites : 7 081 

Souvenirs..que me veux-tu

"Au revoir et merci" était censé clôturer la carrière littéraire de Jean d'Ormesson. Mais avec ce livre, assez autobiographique, notre futur académicien inaugurait un genre littéraire qui lui sera cher, celui de la fausse ou de la réelle autobiographie.
Après les échecs ou peu de succès de ses précédents romans "l'amour est un plaisir", de l'irrévérencieux "du côté de chez Jean" ou encore du très proustien "Un amour pour rien", Jean d'Ormesson nous livre sa vie, celle de ses parents, de ses ancêtres ,bref sa vision de la vie. Son père"Janséniste et Libéral" sur lequel il reviendra beaucoup, occupe l'essentiel de cet ouvrage. (il se rattrapera avec "Au plaisir de Dieu" où paradoxalement, à travers le duc de Sosthène et le Château de Plessis-lez-Vaudreuil, il dressera un portrait fort émouvant de sa mère et sa famille maternelle)
Nous suivons les réflexions parfois désabusées sur ses débuts d'écrivain, où l'on rencontre René Julliard, Gallimard mais aussi Corneille et Valéry, et Arsène Lupin.
Roman malicieux et intelligent, qui ne signe pas au contraire la fin d'un écrivain mais au contraire le début d'un formidable romancier qui avec "la gloire de l'Empire" et "Au plaisir de Dieu" allait s'affirmer comme un des maîtres de la fin du XXème siècle et encore un auteur incontournable de ces dernières années.

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Longueurs et pépites

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 9 juillet 2018

Cet essai date de 1966. Le « jeune homme » nous parle de sa famille et de lui-même - avec des longueurs certaines, si j’ose -. Il y aborde abondamment d’autres thèmes : sa jeunesse, ses études, la recherche de l’ouverture d’une carrière - mais où ?- ; il s’attarde peu sur son épouse, son mariage, sa fille Héloïse ( un jardin secret ?) . Et encore, sans retenue, il nous raconte : son père, nous parle de l’art, des artistes, de ses nombreux voyages, en Italie par exemple. Beaucoup de choses encore sur l’argent, l’amour, Dieu, … et , pour terminer : l’univers.

Il reste, comme toujours chez Jean d’O, des pépites, de petites perles.

Extraits :


- Vieillir est, jusqu’à ce jour, et pour un bon bout de temps j’imagine, le seul moyen de ne pas mourir.

- La philosophie, pour reprendre la formule de Renan est « la plus ennuyeuse des sciences inexactes ».

- Et dans les instants de découragement qui faisaient précisément partie de ce tempérament de nerveux et qui succédaient trop souvent des exaltations illusoires (François-Régis Bastide et beaucoup d’autres devaient reconnaître plus tard dans ce caractère sinusoïdal, en dépit de mon scepticisme, le type même des Gémaux), je me répétais, au fond des larmes que, parmi tant d’autres, je n’étais presque rien.

- Un patron me définit aimablement, mais non sans justesse, comme un « intellectuel de nursery ».

- « Comment va votre confrère Untel ? » - « Oh ! à moitié gâteux » - « Ah ! il va mieux ! »

- Fauchés, ils demandaient à un chauffeur de taxi stupéfait : « Donnez- nous-en pour trente-sept francs dans la direction de Saint-Séverin ».

- Ecrire, en tout cas, ce n’est pas pour soi, comme le prétendent les menteurs et les benêts, écrire c’est pour les autres, c’est être jugé, c’est se précipiter au-devant des jugements de lecteurs, des critiques, dans les meilleurs des cas pour la postérité.

- On raconte que sur le mur d’une école, tracé à la craie, s’étalait le faire-part classique : « Dieu est mort ! signé : Nietzsche », et qu’une main pieuse ou prudente ou simplement soucieuse d’équilibre avait barré l’inscription et avait écrit au-dessous : « Nietzsche est mort ! signé Dieu ».

- Allons ! encore un effort. Encore quelques petites choses ridicules et sublimes pour les plaisirs de Dieu dans ce monde inutile. Et puis au revoir et merci. Monde inutile, ridicule, sublime. Toute ma vie, jusqu’à la mort, je me demanderai quoi faire. Quoi faire ? Voilà, je me suis présenté. Un certain appétit pour la gloire, à défaut pour la publicité, ni beau ni laid, bonnes études, bonne santé, plus d’argent que la moyenne, vie sexuelle normale, toujours bourgeois, trente-huit ans. Salut et fraternité. Allez, au revoir – et encore merci.

Les confessions d'un intellectuel nanti

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 17 décembre 2017

En 1966, Jean d'Ormesson représentait l'intellectuel nanti, dilettante assumé, tenté par le journalisme et la critique et dont les écrits littéraires n'arrivaient pas à percer. Il s'est donc dit qu'il devait abandonner et passer à autre chose, tout en devant s'excuser, au moins s'expliquer, sur ses origines, son environnement. Il confesse avoir peu de mérite et de talent. Il fait acte de contrition avec humour, sarcasme et auto-dérision, tout en mourant d'envie, ce qu'il confie à demi-mots, de connaître le succès malgré tout pour ses romans. La suite de sa vie lui rendra justice. Il reste l'apport auto-biographique qui reste enrichissant à connaître sur le profil du personnage, son type de raisonnement et d'humour, son mode de vie précis. Ce n'est pas si vain, malgré son aspect partiellement anachronique.

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