L'homme de chevet de Éric Holder

L'homme de chevet de Éric Holder

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Marvic, le 4 mars 2012 (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (43 110ème position).
Visites : 4 948 

Improbables rencontres

« C'est l'histoire d'un homme qui a la mémoire courte. Ses souvenirs n'ont pas le même âge que lui. Il a trente ans, il a un an. Restent vingt-neuf années auxquelles il ne touche plus. »
voilà tout ce qu'on saura du héros au début de ce roman.
Il arrive chez Muriel; jeune femme tétraplégique à la recherche d'un garde-malade. Elle est agressive, tyrannique mais il va rester quand même. Il a besoin d'argent pour boire. Il va partager la garde avec Marie, toxicomane résignée.
Au fil des jours, cet homme sans passé, sans prénom, va tirer Muriel vers la vie; d'abord par de brèves sorties dans le jardin, puis par des escapades dans les rues d'Aix en Provence .

Le soir, en rentrant chez lui, régulièrement, il partage ses bouteilles avec un clochard Chibani, sur le banc d'un arrêt de bus. Pourtant, le soir où deux hommes décident d'agresser son mutique ami, en essayant de prendre sa défense, il va prendre des coups.
Cet événement sera le déclic qui lui fera arrêter l'alcool, reprendre le sport et retourner dans une obscure salle de boxe où il s'inscrira sous une fausse identité. Là, c'est Karim, jeune arable plein de hargne qui aura besoin de lui. Les jeunes ont reconnu en lui un « pro » et le surnomment Chef.

Il deviendra indispensable pour ces deux personnes à qui il a redonné la joie de vivre, de se battre.
Sans mélo, sans pathos, Éric Holder nous emmène dans deux univers, celui du handicap, celui de la boxe, avec des personnages marqués par la vie, secrets et attachants mais capables de bouleverser leur destinée.

Avec toujours autant de sensibilité et une écriture fluide et simple, l'auteur nous fait lire une très jolie histoire sans malheureusement réussir à éviter certains clichés.

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Décousu

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 24 janvier 2014

Eric Holder commet un récit tourmenté dans un style décousu, passant sans prévenir du coq à l’âne. Venant d’achever le très bon « Mademoiselle Chambon » du même auteur, on est en droit de se montrer déçu après avoir fermé ce court roman qui souffre assez fort de la comparaison.
Abordant un thème particulier d'une amitié émouvante entre deux naufragés de la vie, je n’ai pas non plus bien compris pourquoi le romancier s’égarait dans le milieu de la boxe. J'ai cru à un moment que l'auteur abandonnait une histoire pour en raconter une autre.

Deux moments marquants de ce livre à retenir :
- Une évocation du chef d’œuvre de Malaparte « Kaputt », qui n’a a priori aucun rapport avec ce roman, mais que je viens de lire très récemment ;
- Une scène de comique de situation où une photographe ordonne à un groupe de paraplégiques de ne plus bouger avant de prendre « la photo »

En résumé, je suis donc assez d'accord avec la critique d'AnnyPeron.

Mitigé : histoire très émouvante, mais j'ai décroché parfois

5 étoiles

Critique de AnnyPeron (, Inscrite le 16 septembre 2006, 53 ans) - 7 septembre 2013

J’ai lu le livre, mais… Je n’ai pas accroché. Je ne sais pas. Il y a certains chapitres, passages, qui m’ont émue, mais je décrochais lorsque le récit abordait la vie du héros (qui s’occupe de Muriel, tétraplégique). C’est une belle rencontre, celle de cette jeune femme et de cet homme qui va prendre soin d’elle au quotidien, lui redonner goût à la vie. L'histoire est très touchante. Mais j’ai trouvé le récit, comment dire… « haché ». Je crois que c’est le mot qui convient à ce que j’ai ressenti. De plus, je ne comprenais pas tout, lorsque l’auteur racontait les épisodes de boxe que pratiquait le héros.

Peut-être que c’est par manque de concentration, par fatigue. Je ne sais pas.

émouvant

8 étoiles

Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 20 juin 2013

Elle, tétraplégique, cloitrée dans sa chambre, seule sa tête peut bouger, femme brisée, à la fois radieuse (d'une façon toute extérieure), mais irritable, dure et même tyrannique avec son entourage, tant elle a conscience de sa dépendance absolue. Lui, embauché comme garde-malade, aide à tout faire, alcoolo (car ancien boxeur, champion dont on ignore la fêlure qui a entraîné sa propre déchéance), et qui reste très libre dans sa manière d'accompagner la « malade », au point de se faire virer pour absence injustifiée. Dans l'atmosphère moite d'une ville méditerranéenne , ce sont deux rebuts de l'humanité, en somme, chacun muré dans son désespoir. Pourtant dans leur déchéance, ces deux-là (pour reprendre le titre d'une belle nouvelle de l'écrivain brésilien Caio Fernando Abreu) vont pourtant s'apprivoiser, et peut-être se réhabiliter à leurs propres yeux. S'aimer peut-être en fin de compte.
Car il est difficile pour lui d'échapper à son passé de champion, et pour elle, de supporter d'être toujours dans la demande ou d'endurer les intrusions dans l'intimité que représentent les soins intimes. Il y a là toute une souffrance silencieuse, bien restituée par l'écriture.

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