Les environs d'Aden de Pierre Benoit

Les environs d'Aden de Pierre Benoit

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Angel54, le 23 février 2012 (Inscrit le 11 septembre 2010, 70 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 718ème position).
Visites : 4 590 

Une Saga aux confins de la Perse, de l'Arabie sur la route des Indes.

Une nouvelle fois, Pierre BENOIT, dans ce roman paru en mars 1940 nous emmène dans la péninsule arabique à l'époque de la présence britannique à ADEN.
Cette étape menant vers les Indes recèle tout ce charme exotique où la chaleur des lieux rivalise avec la douceur des oasis et l'ombre des patios durant les torrides après-midi.
Pierre BENOIT rêve de Lawrence d'Arabie, approche Henry de MONFREID et campe avant l'heure un Joseph KESSEL semblant se souvenir d'un Rudyard KIPLING.
Merveilleuse époque où en 1929, l'Europe éclairait encore le monde. Où le modèle de ses cités faisait pâlir d'envie les seigneurs locaux.
Nous voici avec un auteur qui part à la recherche d'un mystère en tentant de retrouver la trace d'Albine ORDIONI, dont la trace s'est effacée en 1897 dans cette colonie d'ADEN.
Le lecteur découvrira au fil du récit cette mystérieuse quête non dénuée d'humour.
La description des lieux est toujours cette peinture propre à Pierre BENOIT qui évoque le désert comme un méhariste expérimenté.
Roman assez méconnu par rapport à d'autres oeuvres de l'auteur mais qui ne manque pas d'intérêt.
C'est une exploration du temps et de l'espace qui dépayse et familiarise les contemporains que nous sommes.
Captivants charmes des grands palais de l'Orient !

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J'ai beaucoup aimé ce roman...

9 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans) - 31 mars 2012

Nous savions tous, de façon consciente ou inconsciente que les guerres ne stoppent pas les publications romanesques. Parfois elles les inspirent, les retardent, les mettent en valeur… Dans certaines situations, des éditeurs quelque peu rusés ou prévoyants, s’arrangent pour publier leurs programmes grâce à des anticipations. On met en réserve du papier car on sait que tel roman doit sortir et on évite ainsi de se retrouver pris par des restrictions économiques. Albin Michel savait que Pierre Benoît allait devoir sortir « Les environ d’Aden », il avait gardé le papier pour le faire et c’est ainsi qu’en pleine drôle de guerre, en mars 1940, sort son roman. Doit-on pour autant y voir des signes politiques, des choix idéologiques, des éléments historiques incroyables ? Non, c’est un bon roman de Pierre Benoît, tout simplement, et c’est déjà pas mal.

Même pas un petit quelque chose, un petit rien qui donnerait un éclairage sur la façon dont il va traverser la période de la guerre ? Non, enfin, allez, un petit quelque chose quand même… Nous sommes dans une colonie britannique, pour une fois nous quittons la zone francophone et francophile, et le personnage central, l’homme qui raconte l’histoire, une sorte de Pierre Benoît incarné, ne fait même pas preuve de sentiment antianglais ! C’est vous dire qu’en 1940, notre romancier n’est pas dans une logique de souhait de victoire allemande, loin de là…

Mais ce roman est avant toute chose une fiction qui aurait pu se dérouler dans de nombreux pays sans que cela change le fond de l’histoire. En relisant ce texte, je pensais à Esther, ce personnage biblique féminin qui faisait don d’elle-même pour sauver son peuple… il y a un petit quelque chose de commun si ce n’est que ce n’est pas son peuple qu’elle va sauver mais une nation amie qu’elle va aider. Le sacrifice, lui, est le même !

Le premier petit clin d’œil du roman est une mise en situation avec un romancier qui cherche à récupérer son dû en passant chez les différentes sociétés d’auteurs, d’ayant-droits comme on dit aujourd’hui. C’est un domaine que l’on ne connaît pas beaucoup à moins d’y travailler directement ou de devoir déclarer à ces sociétés. Notre romancier va donc à la société des gens de lettres, la société des auteurs et compositeurs puis enfin à celle qui gère les droits cinématographiques. Aujourd’hui rien n’a changé si ce n’est que les droits audio-visuels sont venus alourdir encore le système… Pierre Benoît ne nous dit pas si le système est bon, il se contente de montrer qu’il est complexe pour un auteur de récupérer son argent avant de partir pour un voyage à Aden…

C’est lors d’une de ces visites institutionnelles que l’auteur rencontre un ancien acteur, connu sous le nom de monsieur Jean, un acteur qui semble triste et usé et qui, lors de sa gloire, mot peut-être un peu exagéré, a été à Aden. Qu’y a-t-il vécu ? C’est une question qui va habiter notre auteur durant son court séjour dans le port anglais de cette région mythique. On pourrait croire que nous allons rencontrer des pirates, des pêcheurs, des trafiquants d’esclaves, à la méthode de Joseph Kessel ou Henry de Monfreid, mais ici nous sommes avec un amoureux des récits, des femmes et des passions et donc nous allons retrouver tout cela sans avoir besoin d’exotisme. Donc les lecteurs qui rechercheraient une vision de ces péninsules arabiques pour rêver… et chevaucher son chameau en plein soleil devront s’abstenir…

Nous voici donc dans Aden, au milieu d’une civilisation britannique avec un Français qui rapidement recherche ce qui a bien pu se passer dans la vie de monsieur Jean quand acteur il est passé là. Des acteurs français sur ces terres anglophones, cela ne passe pas inaperçu et donc assez rapidement nous voilà plongé dans un récit ancien, une quarantaine d’année auparavant, quand une troupe française s’est retrouvée involontairement coincée quelques semaines à Aden…

Nous ne savons pas de façon certaine qui est monsieur Jean dans cette troupe mais très rapidement une héroïne avec un prénom commençant par un A apparaît et occupe le devant de la scène, au spectacle comme à la ville. « Les environs d’Aden » est tout simplement l’histoire d’Albine Ordioni… et elle n’est pas simple son histoire !

Mais vous aurez bien le temps de la découvrir ainsi que la véritable identité de monsieur Jean. Je suis assez surpris de voir que ce roman semble tomber dans les oublis romanesques car en fait c’est un très bon roman, bien construit, qui n’a pas trop vieilli car les sentiments décrits sont réellement hors du temps. Le cadre colonial anglo-saxon n’est qu’anecdotique, l’écriture est très agréable, et franchement voilà un livre qui vous fera passer un très bon moment de lecture…

Qu’on se le dise même si le roman n’a pas été réédité récemment, cela vous permettra de commencer par une chasse au trésor… Bonne recherche, puis, bonne lecture !

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