Je m'en vais de Jean Echenoz

Je m'en vais de Jean Echenoz

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jules, le 10 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 501ème position).
Visites : 10 786  (depuis Novembre 2007)

Un livre très agréable à lire

Félix Ferrer quitte sa femme, un matin, comme il aurait annoncé qu’il partait prendre son petit-déjeuner au bistrot...
Six mois plus tard, il part pour le Canada avec pour objectif l'Arctique. Il se retrouve sur un brise-glace et monte vers le pôle. Que fait Félix Ferrer ? Il est marchand de tableaux et les affaires ne cassent apparemment pas les plafonds.
Mais voilà qu’un de ses informateurs lui parle d'un bateau qui a été bloqué par les glaces quelque part. Il contiendrait une cargaison, apparemment de grande valeur, de statuettes et objets d’arts esquimaux. Voilà pourquoi il est parti vers ces régions. Il devra aller loin et pendant le voyage il passe aussi sa vie à Paris en revue. C’est avec deux esquimaux qu'il trouvera le bateau et sa fameuse cargaison. Il ne lui restera qu'à faire le trajet dans l’autre sens pour retrouver Paris et sa galerie. Il y met bien ses découvertes à l'abri et en attend un énorme bénéfice ! Cela à peine fait, il quitte de chez lui et, quand il revient, il a été cambriolé et tous ses objets ont disparu.
Félix Ferer, sans trop s’énerver, se met à la recherche de son voleur. Ce livre est très bien écrit et, sans conteste, agréable à lire. Il n’en reste pas moins que nous restons, pendant toute notre lecture, étonnés par une chose : Ferrer n'a vraiment l’air véritablement concerné par rien ! Il est comme l'observateur des choses qui lui arrivent. Il n'a pas un comportement de personne concernée. C’est assez troublant et cela donne un effet de distanciation par rapport aux événements, comme si tout se passait derrière un voile.
Il ne s'énervera qu'une seule fois et ce sera de bien courte durée. Ses rapports avec les êtres et les femmes ont ce même éloignement psychologique, comme s’il n'était touché par rien ni personne. Il n'en reste pas moins que ce livre est très agréable à lire. J'avoue quand même être resté sur une impression de déjà vu, de déjà fait. Oui, ça me revient ! " L'Etranger " ! Ferrer se comporte un peu comme Meursault !

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Curieux, mais terriblement plaisant

9 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 25 juillet 2021

Je ne donne pas la note maximale à ce roman pour deux raisons : trop court (220 pages...) et c'est parfois un petit peu fouillis (le personnage de Baumgartner, on se demande pendant un moment où l'auteur veut en venir avec lui).
Mais entre l'écriture, assez particulière (dialogues imbriqués, sans tirets, sans guillemets, dans les paragraphes ; ton un petit peu ironique) et le postulat de base (un homme, du jour au lendemain, plaque tout, dit à sa femme "je m'en vais" et s'en va, pour aller loin, très loin...puis, revenir, totalement paumé), ce roman, goncourtisé en 1999, est une remarquable surprise. Je n'avais rien lu de Jean Echenoz avant ce roman, et je vais peut-être même en choquer quelques-uns, mais je n'avais, de mémoire jamais entendu parler de lui avant de lire ce roman, récemment (j'avais17 ans au moment de l'attribution du Goncourt à ce roman, donc j'ai forcément entendu parler de lui à l'époque, mais depuis le temps...).
Une très belle découverte, que je relirai avec plaisir.

Jean Echenoz dénaturé

2 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 27 décembre 2017

Faut-il pour obtenir un prix comme le Goncourt forcément dénaturer son talent ?

En deux mots une énorme déception au regard des autres ouvrages que j’avais lus de cet auteur qui pourtant peut être attachant et créatif.

Je n'ai tout simplement pas accroché à ce livre où je me suis ennuyé.

Un récit confus et pénible à peine sauvé par une écriture qui ne compense pas l’insipidité de l'histoire.

Pour le plaisir de lire

9 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 26 janvier 2017

C’est un livre que j’ai trouvé excellent. L’intrigue est étonnante et le suspense est tellement inattendu que je me suis laissé prendre. Je me suis bien amusé.
Qualité rare, l’écriture est originale et néanmoins, elle est d’excellente facture, ce qui, pour moi, est une qualité essentielle.

Le personnage principal est typiquement moderne. Il ne s’attache à rien parce que rien ne compte vraiment pour lui. Il quitte sa femme sans raison, il fait un métier qui l’amuse mais qui ne sert à rien. Même l’argent n’a pas l’air de l’intéresser beaucoup. Pourtant, il se lance dans un coup fumeux dans l’espoir de gagner la timbale. Ça mettra, sans doute, un peu de piment dans la vie...

Ce personnage, comme l’a bien vu Jules, est « un étranger » à la manière du Meursault de Camus. C’est aussi un vaurien. Mais, finalement, je ne sais pas pourquoi, je l’ai pris en sympathie et ses aventures m’ont beaucoup amusé.
Tant qu’à lire des romans pour le plaisir, autant en lire de bons. Celui-ci, à mon avis, en est un, parmi les meilleurs.

dare dare…

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 21 janvier 2017

Félix Ferrer, marchand d'art contemporain, en a un peu assez de se faire le commis-voyageur de vidéastes, installateurs et plasticiens en vogue, qui lui rapportent de l'argent mais n'éveillent guère son sens artistique. Il tombe sur un "tuyau" qui l'emmène dans les terres arctiques à la poursuite d'un vieux navire échoué, porteur d'une riche cargaison d'art inuit traditionnel. Ce voyage à haut risque lui laisse entrevoir, outre une possibilité nouvelle d'enrichissement personnel, l'espoir d'une reconversion vers des formes d'art plus "authentiques". Il va donc partir, réussir dans son projet, et revenir avec des étincelles dans les yeux et une arrière-boutique bien remplie. Hélas, croyant voir la fin de ses soucis, il va rapidement s'apercevoir que ceux-ci ne font que commencer. Dans ce polar peu conformiste, Jean Echenoz déploie tout son talent au service d'une littérature agréable à lire tout en étant de la plus haute exigence. Quel que soit le thème abordé, qu'il s'agisse de la guerre ("14"), de l'espionnage ("Le méridien de Greenwich"), et bien d'autres encore, il est capable de nous raconter une histoire, à laquelle on s'attache, avec des personnages tout aussi attachants, en détournant astucieusement le genre littéraire auquel on croit avoir affaire. Sa vision du réel, toute en décalages, allant du proche au lointain, tournant autour du sujet comme une caméra en perpétuel mouvement, nous emmène dans un monde qui tout en étant le nôtre s'avère totalement réinventé par la seule magie de l'écriture. Un régal…

Desabusé et (un peu) humoristique

6 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 18 septembre 2013

Le style, ou plutôt le ton de l'écriture sont sans conteste les points forts de ce petit roman, lauréat du prix Goncourt (mais de ça, on s'en fiche un peu) 1999.

L'intrigue, improbable, et finalement pas très intéressante n'est qu'un prétexte, comme l'ont signalé d'autres commentateurs, au sombre regard que porte sur la vie de son personnage, le narrateur- à la limite de la dépression et de l’incrédulité. Les événements importants, meurtre sont mis au même plan que ceux, plus anodins, qui émaillent la vie de Ferrer et de Baumgartner...

Je suis d'accord, un petit roman étonnant, qui se laisse lire sans grand effort, sans déplaisir... mais sûrement pas un roman inoubliable.

Un roman "léger"

7 étoiles

Critique de Justine J (, Inscrite le 19 mars 2013, 38 ans) - 11 juin 2013

Un roman léger à lire en une soirée ou deux. Concision, clarté, simplicité, efficacité.
Je n'en ferais pas un chef-d'œuvre, mais un livre agréable, ce que j'appelle une lecture-détente.
Le style qui emprunte un peu au Nouveau Roman accompagne très bien l'étrangeté de la fiction.

Prix Goncourt 1999

3 étoiles

Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 38 ans) - 11 mai 2013

D'accord, Echenoz a eu le prix Goncourt en 1999 mais ce n'est d'aucune manière son meilleur roman. Echenoz a peut être séduit certains lecteurs par son écriture simple et agréable comme d'habitude. Mais j'ai du mal à saisir la portée de sa réflexion! C'est un mélange de nouveau roman et d'absurde à la Beckett. Ferrer vit au jour le jour, il se laisse porter par les évènements. C'est un peu déconcertant sachant que c'est très rare de lire un roman comme ça. Il n'y aucune finalité, rien à retenir de ce livre. C'était juste un moment de lecture, rien de plus. C'est déstabilisant mais ça a tout de même son charme. Prix Goncourt abusif selon moi, "Ravel" l'aurait plus mérité à mon humble avis mais bon... Les Goncourt ne sont pas toujours des excellents livres.

J'ai aussi voulu m'en aller !

2 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 8 novembre 2012

J'ai aussi voulu en finir avec ce livre en le refermant à mi-parcours !
Un mauvais moment de lecture.


Un pur chef d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 9 décembre 2008

J'ai été complètement envouté par ce livre. C'est une véritable perle, une intrigue parfaite, une écriture intelligente et surprenante, un épilogue magistral, ce livre est une perle, une merveille, j'ai absolument adoré, du début à la fin!


Je suis littéralement soufflé. Ebahi. Estomaqué.

Perplexe...

4 étoiles

Critique de Miriandel (Paris, Inscrit le 4 juillet 2004, 63 ans) - 7 novembre 2004

J'ai arrêté la lecture de ce livre à mi-chemin, ce qui n'est jamais un succès, ni pour l'auteur, ni pour le lecteur, sur le passage suivant : "Baumgartber a traversé le boulevard Exelmans qu'il a longé un moment vers la Seine avant d'obliquer..." et pendant deux pages, il nous fait le plan de Paris, au sens strict, et que je te tourne à gauche, et que je te prenne cette rue puis celle-là, et oh un monsieur qui conduit son fils à l'école, et que je prenne la rue Dupont-Lajoie et oh un petit chien, et zut à la fin.

Il écrit bien, le discours est fluide, intelligent, spirituel, mais après la moitié du livre je ne savais toujours pas où il voulait en venir, et n'ai pas eu l'envie de le savoir.

FROID PUIS CHAUD

8 étoiles

Critique de Teacher (Pulnoy, Inscrit le 4 juillet 2002, 58 ans) - 14 janvier 2003

Loin d'être habillée de ses plus beaux atours (mystère, frissons, suspense, coups de théâtre, exacerbation des passions et des sentiments), l'intrigue policière est attendue, convenue, banale et prévisible. Tous les protagonistes sont impliqués de façon détachée, presque indifférents. Pourtant il y avait matière à grand roman policier assaisonné d'aventures polaires : Ferrer est un galeriste d'art dont l'assistant l'aiguille sur un navire bloqué et abandonné dans les glaces arctiques chargé d'un trésor inestimable de pièces d'art esquimau. Et voilà notre homme allant défier avec chiens traineaux et guides inuits le grand froid, récupérant son butin , se le faisant voler dans sa galerie une fois de retour à Paris avant finalement de le récupérer grâce aux circonvolutions de l'intrigue quelque peu improbable. De plus, le lecteur a deviné depuis bien longtemps le coupable. Alors le Prix Goncourt 1999 ne serait qu'un mauvais roman policier agrémenté d'aventures pittoresques dans le Grand Nord ?
Non, bien sûr! Car ce qui compte ici et qui provoque le plaisir de lire, c'est justement cette façon de raconter des péripéties extraordinaires et extrêmes comme s'il s'agissait d'évènements d'une banalité quotidienne. D'ailleurs les personnages eux-mêmes vivent tout cela sans grand enthousiasme, sans vraies motivations, comme étant spectateurs de leurs propres vies. Rien pour eux semble n'avoir d'importance et ils semblent incapables d'appliquer une hiérarchie de valeur entre les choses, les êtres et les faits de la vie. Tout est interchangeable (les femmes comme les vies). Même l'auteur-narrateur démythifie tout, de son intrigue qu'il juge improbable jusqu'à certains de ses personnages dont il se plaint car il les trouve trop ennuyeux ou passifs pour son récit. Même si on parcourt beaucoup de kilomètres, en avion, en brise-glaces, en chiens de traineau, en voiture, en camion frigorifique à travers le monde (du Canada et l'Arctique en passant par Paris, puis l'Aquitaine et l'Espagne), les personnages tout comme le lecteur n'en sortent pas enrichis d'expériences et de sensations mais transis et aseptisés.
Pourtant, loin d'être déprimant, ce roman est revigorant, enthousiasmant et drôle. En effet, de ce monde froid, apparemment vide et dépourvu de sens, va naître le besoin de vie, de joie, de couleurs et de sensations, de bruits, de sons et de mots, de forme et de jeu. Et comme les marguerites poussent dans les interstices des plaques de béton et de ciment, l'humanité -d'autant plus profonde qu'elle est cachée et brimée- va peu à peu mais sûrement se révéler. Même ce Ferrer , séducteur patenté faisant une grande consommation de femmes sans véritablement apprécier va sans le vouloir et imperceptiblement tomber amoureux. Ce même Ferrer , côtoyant des artistes novateurs, fréquentant le tout Paris artistique sans véritablement s'y intéresser va s'enthousiasmer pour les calendriers des P et T. Cette humanité va se révéler aussi par l'intermédiaire du style narratif. Echenoz se plait à décrire les moindres sons, les moindres bruits, les moindres couleurs se détachant dans le silence et le blanc. Il se plait également à décrire les gestes et les actes apparemment anodins mais emplis de sens et d'humanité tel un Tati qui aurait troqué la caméra pour un stylo. Et surtout, l'auteur-narrateur revendique et fait sienne l'idée qu'il s'adresse à un lecteur qu'il interpelle directement, avec lequel il joue délibérément, à qui il offre des effets attendus ou surprenants et séduisants, auquel il fait part de ses propres interrogations, qu'il place sur un plan d'égalité et avec lequel il met en place une relation de complicité joviale. Certes, tout ne finit pas bien mais chaque abandon ("je m'en vais" ) est aussi un nouveau départ comme si la quête du bonheur était en elle-même le bonheur.

Un maître de la parodie

0 étoiles

Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 15 février 2001

Evidemment que cela a un air de déjà vu ! Si on lit Echenoz au premier degré, on ne peut que trouver les intrigues de ses livres complètement idiotes. Mais Echenoz est un grand maître de la parodie, qui joue malicieusement avec les structures de genres codés tels que le polar ou le roman d'espionnage, et leur ajoute son style plein de raccourcis fulgurants et de cocasseries. Echenoz, c'est un Raymond Queneau post-moderne. Eric B.

Cela se laisse lire.

0 étoiles

Critique de Joujou (Bordeaux, Inscrite le 2 février 2001, 55 ans) - 12 janvier 2001

Tranquille comme le personnage

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