Les yeux dans les arbres de Barbara Kingsolver
( The poisonwood Bible)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Out of Africa
De la défense des droits de l'homme en passant par l’écologie et le féminisme, Barbara kingsolver est décidément un auteur engagé. Dans ses précédents romans (L'arbre aux haricots et Les cochons au paradis), elle soutenait la cause des minorités, et en particulier celle des Indiens et des réfugiés d'Amérique centrale. Avec Les Yeux dans les arbres elle dénonce l’impérialisme économique et
l’extrémisme religieux.
En 1959, alors que le Congo belge est à l'aube de la révolution, le pasteur américain Nathan Price et sa famille se portent volontaires pour une mission d'évangélisation. Tour à tour, la mère et les filles prennent la parole, offrant au lecteur autant de visions différentes du pays et des malheurs de la famille. Victimes du totalitarisme paternel et du grand tourbillon de l’Histoire, elles se voient contraintes de se construire une vie nouvelle ; chacune selon son intelligence et sa sensibilité.
Une fois de plus, Barbara Kingsolver concilie brillamment écriture et engagement politique. Sous sa plume se dessine une Afrique sauvage et flamboyante : des marabouts, des paysages grandioses, des hommes fières et courageux luttant pour leur survie ou pour leurs idéaux … le lecteur est totalement envoûté. Ce roman a été précédé de nombreux voyages sur le continent africain et d’un travail de recherche poussé sur la période coloniale. Il offre au lecteur une vision de l'histoire africaine qui sonne juste et qui l'incite à une réflexion sur (dés)ordre mondial.
Les éditions
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Les yeux dans les arbres [Texte imprimé], roman Barbara Kingsolver trad. de l'anglais, États-Unis, par Guillemette Belleteste
de Kingsolver, Barbara Belleteste, Guillemette (Traducteur)
Payot & Rivages / Bibliothèque étrangère
ISBN : 9782743607708 ; 10,50 € ; 01/03/2001 ; 659 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Fanatisme religieux au Congo
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 8 février 2007
Rapidement, la situation dégénère et une lutte d’influence se développe entre le pasteur américain et les gourous locaux. Autour de cette intrigue dans laquelle la romancière montre les dérives du fanatisme religieux, elle raconte les conséquences des actes inconsidérés de Nathan sur la vie de ses filles et de sa femme. Et surtout, elle évoque la situation politique du Congo qui, dans les années 60, proclame son indépendance, avant de tomber sous la dictature de Mombutu. En voulant à tout prix rester sur place pour accomplir sa mission spirituelle, le pasteur met sa famille en danger. En danger non seulement en raison du climat de violence qui règne dans le pays et à la chasse aux blancs mais aussi à cause des risques liés aux maladies, telles que la malaria ou aux animaux (fourmis qui dévastent tout, serpents, araignées, … )
Comme déjà souligné par d’autres critiqueurs, Barbara Kingsolver est un écrivain engagé qui dénonce les dérives de l’indigence occidentale sur les pays africains. Elle signe là un très grand roman d’une grande force narrative, à la fois beau, triste et révoltant. Les points forts sont l’histoire et l’évocation de la culture et de la politique du Congo. Malgré tout, j’ai eu beaucoup de mal à lire ce roman et j’ai failli abandonner plusieurs fois. Le style m’a parfois rebuté, semblé lourd. Heureusement que le contenu m’a poussé à m’accrocher car à partir de la deuxième moitié, je n’ai plus pu lâcher le livre.
Ô Père Odieux
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 8 juin 2005
Pendant ce temps le pouvoir Belge coupe les mains des malheureux qui se refusent à l'exploitation de leur vie au service de la grandeur du colonisateur. Mais la grandeur despotique ne saurait suffire à endiguer la volonté de liberté de tout un peuple. Celle-ci se trouve incarnée par un homme charismatique, Patrice Lumumba qui réussi à conquérir l'indépendance du Congo. Aussitôt c'est la débâcle, les blancs quittent précipitamment leurs villégiatures. Le Père refuse obstinément de s'enfuir au grand désarroi de toute sa famille.
Abandonné de tous, les quatre filles du pasteur et sa femme sont confrontées à des épreuves terribles, à la famine succède l'invasion des fourmis de feux qui les obligent à plonger dans la rivière aux crocodiles. Malgré le dénuement des villageois elles réussissent à survivre grâce à l'aide de quelques-uns d'entre eux. Par delà le rideau touffu de la forêt leurs parviennent quelques échos de la situation chaotique du pays. Lumumba est menacé par le très vigilant Eisenhower qui n'entend pas le laisser utiliser les ressources naturelles du pays pour servir les intérêts du peuple congolais. Le poison lentement distillé est prêt, le temps du despote sanguinaire est venu. Mobutu est là. Les États-Unis veillent à la bonne marche de leurs affaires.
Ce roman construit autour des cinq voix féminines de la famille Price, excluant le Père qui devient au fur et mesure du déroulement du récit un personnage de plus en plus flou (et fou), nous plongent dans un drame familial oppressant, avec en arrière plan la tragédie d'un pays asservie à l'avidité bestiale des puissances occidentales. Un regard sans complaisance sur la colonisation et ses suppôts de dieu venu fourbir les armes des maîtres blancs. Un roman engagé certes, mais avant tout un roman qui sublime l'espoir et l'humanité, non pas par naïveté mais parce que tout autre choix serait fatal à la raison de ceux qui luttent contre la tyrannie sous toutes ses formes.
Un très grand auteure dont j'ai beaucoup aimé les deux premiers romans "L'arbre aux haricots" et Les cochons au paradis". Elle réussit avec beaucoup de talent à nous entraîner dans des histoires qui, en plus d'être captivantes et émouvantes, sont autant d'actes de résistances aux idéologiques cadavériques.
Congo, années 60, comme si nous y étions...
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 19 décembre 2004
Nathan Price, baptiste américain, s’est donné la mission d’évangéliser un village du Congo. C’est ainsi qu’il débarque à Kilanga en 1959, avec sa femme et ses quatre filles. Rachel, l’aînée, porte ses quinze ans de manière altière et coquette. On imagine les efforts d’adaptation qui l’attendent, dans ce pays où les toilettes n’existent pas… Suivent les jumelles, Leah et Adah, surdouées. L’amour de Leah pour son père la pousse à être fidèle à la Bible ; quant à Adah, un handicap la fait claudiquer. La petite dernière s’appelle Ruth May et est adorable.
Congo, 1960. Les événements politiques ne secouent pas que les autochtones, mais aussi les coloniaux. Ils fuient, laissant la population se débrouiller. Mais pas Nathan Price ! Il ne faut pas y voir de la grandeur d’âme, juste de l’intégrisme. Il veut baptiser les enfants du village et ce n’est pas en partant qu’il y arrivera. Le chef du village ne lui rend pas la vie facile. Tata Ndu est inquiet et ne voudrait pas que les gens délaissent les pratiques ancestrales pour la nouvelle Eglise… L’agressivité monte. Même les fourmis s’y mettent, ravageant tout sur leur passage. Pas un seul instant, Nathan ne songe à protéger sa famille et à l’emmener loin des troubles. Il veut sauver l’humanité entière, ses proches n’auront pas de passe-droit. Sa femme dira : « J’ai épousé un homme qui ne pouvait probablement pas m’aimer. Cela aurait empiété sur son dévouement à l’humanité entière ».
Chaque chapitre donne la parole aux différents protagonistes, excepté le père. Un roman à sensibilité féminine, donc. Un roman à double entrée aussi. La toile de fond politique est bien présente et les dégâts du colonialisme sont dénoncés en nuance. En surimpression, une famille déchiquetée petit à petit.
Petite réflexion pour terminer : « Dieu n’a pas besoin de nous punir. Il lui suffit de nous accorder une vie suffisamment longue pour que nous ayons tout loisir de le faire nous-mêmes. »
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