Dans le train de Christian Oster

Dans le train de Christian Oster

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Miller, le 5 septembre 2002 (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 976ème position).
Visites : 4 544  (depuis Novembre 2007)

Une petite musique, une grande écriture

Une petite musique, une grande écriture
à propos de Dans le train de Christian Oster. Minuit éditeur.

Comme Christian Gailly qui publie aussi chez Minuit, Oster fait partie des auteurs qui ont VRAIMENT la petite musique. Avec « rien », deux bouts de ficelles et ça vous raconte une histoire. Une femme rencontrée sur un quai, un portrait de couple, un érotisme brodé sur une lingerie fine. On se balade du côté de Rouen, un hôtel de gare, un autre homme dans la vie de cette femme, on pense basculer au triolisme, on arrive sur un début d'amour habité, une densité dans l’émotion, sans tapage, une ambiance très française, à la Claude Sautet.
Un extrait : « Alors on a pris le sac, on est entrés dans un immeuble, Anne a appelé un ascenseur. La porte a glissé, j'ai préféré prendre le sac seul, c'était plus pratique pour passer. Anne a fait jouer une petite clé avant de d'appuyer sur un bouton, je n'ai pas vu lequel. On s'est élevés dans les étages, et j'étais face à elle, le sac au bout du bras, je me suis demandé si j'avais le temps de le poser, si ça valait la peine. Dans le doute, j'ai préféré le garder. Et je me suis senti las, tout d'un coup, las et lourd, avec ce sac au bout du bras qui pesait, tandis qu'Anne me souriait d'un sourire qui était comme une caresse, et que, alors même que nous montions, je m'y abandonnais avec cette autre sensation que je basculais, doucement mais vite, comme on tombe en rêve en même temps que le sol, uni au monde qu'on emporte avec soi, dans la pleine acceptation du vertige ». Pas d'effets, rien que des petits pincements de corde, pour les amateurs de littérature sans chichis, sans roulage de mécanique. Une récréation.

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Coquille vide

4 étoiles

Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 43 ans) - 17 avril 2022

Eh bien si l'objectif est faire un plein avec du creux, je comprends... Ou bien placer le maximum de subjonctifs imparfaits dans une seule page...
J'exagère un peu car l'histoire n'est pas tout à fait désagréable. Après, les réflexions en point de vue interne au fil de la plume ne vont pas bien loin à mon sens. Il s'agit plus d'une recherche sur la forme que sur le fond à mon sens.
Bref, je n'ai pas adhéré du tout.

Austère

6 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 31 mars 2013

Un homme suit une femme et décide de s'y intéresser, et peut-être de l'aimer. Pourquoi elle ? Parce qu'elle porte un lourd sac rempli de livres, parce qu'elle n'est ni belle, ni laide, parce qu'elle semble aussi solitaire que l'homme.

On est à la fois dans la banalité et le surréalisme qu'aime décrire, dans des phrases courtes, l'auteur, et ce dans un style tantôt verbal, tantôt très littéraire.

Une histoire troublante contant quarante-huit heures de la vie de deux êtres solitaires.

plume originale

9 étoiles

Critique de Anne-Lise (, Inscrite le 21 février 2006, 75 ans) - 12 avril 2006

Christian Oster a une plume inimitable et une musicalité de la phrase incomparable pour raconter le moindre fait banal, d'une façon originale et avec tellement d'humour.

Dans ce livre, il nous narre une histoire à laquelle on pourrait avoir du mal à croire, et pourtant, grâce au talent de l'auteur, on y croit.

La simplicité mélodieuse d'Oster

9 étoiles

Critique de Kreen78 (Limours, Inscrite le 11 septembre 2004, 45 ans) - 28 novembre 2005

J'avais aimé "Une femme de ménage", j'ai vraiment apprécié "Dans le train". C'est cousu avec une évidence dans les mots. Ca file, file, les lignes passent sous nos yeux, on rigole de la façon d'interpréter les choses, les sentiments, les situations de Christian Oster. On en rigole car au fond de nous-mêmes on se rend compte qu'on pense la même chose, c'est d'une évidence, mais la vie a fait qu'on n'y avait pas songé de cette façon auparavant.

Son style est toujours aussi touchant et c'est ce que j'aime chez lui.

Ceux qui s'allègent et ceux qui s'alourdissent

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 29 janvier 2005

J’ai bien aimé. Bien davantage que Les rendez-vous qui est une fin de série, sans doute survenu à la fin d’un emballement d’édition, comme une butée pour arrêter le train de voyageurs devenu un train de marchandises.
Bien aimé dans celui-ci la classification qu’opère Oster, au moment où l’héroïne choisit de rentrer, entre les gens qui, au fil des ans, accumulent (des relations, des souvenirs, des amours) et ceux qui se délestent. Bien sûr les premiers sont voués à exploser d’un trop-plein et les autres à planer au dessus de l’existence jusqu’à l’évaporation, la dilution dans l’espace-temps de leur petit sachet existentiel.

« Qu’est-ce que c’est, votre problème ? ai-je demandé.
Elle n’a pas paru surprise par ma question, je crois même qu’elle l’attendait, qu’elle avait envie de l’entendre, sonore, portée par une voix d’homme. Qu’elle commençait à avoir envie de se plier à quelque chose.
Comme j’accumule, m’a-t-elle expliqué, comment dire. Voilà que je ne trouve plus mes mots, que je recommence. (Elle mettait sa main devant sa bouche, comme pour recueillir les mots en question, telles des arêtes.) Mon bagage augmente. Dans la vie. C’est de plus en plus lourd. Je m’alourdis. Comme mon sac. C’est comme si j’avais du mal à me déplacer. D’où ce besoin de reprendre le train, peut-être. Mais je me force. Je me sens chargée. Je suis fatiguée, Franck.
Ne pleurez pas, ai-je dit. N’allez pas vous mettre à pleurer, je suis là. Je ne me sens pas lourd, moi. C’est tout le contraire. Je m’allège. Je perds tout, depuis longtemps. Je me déleste. Je désapprends. Et à force que rien ne se passe, c’est comme si chaque fois tout devenait possible. La souffrance est tellement derrière moi, toujours, que je n’arrive plus à l’imaginer. Même quand elle est là, qu’elle revient, c’est comme si c’était un passage. Je vois devant. Loin. J’avance comme sur un nuage et je ne tombe pas parce que je me sens léger au-dessus du malheur, je le domine, le malheur, c’est lui qui tombe. C’est mes cailloux à moi, le malheur. Mais c’est comme si je repassais par le même chemin. Mon cœur est douloureux et vide et ouvert. J’ai plein de place, je me sens léger.
Elle regardé ses genoux. Moi aussi. »

Entre silence et suggestion

6 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans) - 25 juin 2004

Le livre a déjà été résumé (et de belle manière).
Le narrateur attend une femme à aimer sur un quai de la gare Saint-Lazare. Voilà que surgit Anne et son sac trop lourd à porter. L’homme monte dans le même train qu’elle…
Oster note les questions, les silences, les regards, les attitudes et nous livre ainsi un curieux parcours amoureux, mélange de désirs et de rêves. C'est très tendre, très subtil avec une parfaite maîtrise des pensées intérieures et des émotions qui transparaissent seulement par de petits signes la plupart du temps imperceptibles. Une importance donnée à un moyen de transport anonyme et pourtant si empli d'humains, un peu semblable à "Dix-neuf secondes" de Pierre Charras, où là aussi, on se trouve face au rail (la rame du métro plus exactement), aux interrogations, à l'amour possible, aux doutes.
Oster est doté d'une belle plume et de cet art d'éveiller en nous des souvenirs enfouis d'émois amoureux.

L'émotion à fleur de peau

10 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 48 ans) - 19 mars 2003

Je n'ai en fait rien à ajouter aux très belles critiques déjà rédigées sur ce livre, mais je voulais juste me joindre à ces voix pour encourager ceux qui ne l'ont encore pas fait à découvrir ce très joli roman de Christian Oster.
Pour les indécis, il et possible de lire les premières pages du roman sur le site Lire.fr ou sur le site des éditions de minuit.

Créer l'amour

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 25 septembre 2002

En effet, il s'agit bien de petite musique... Un concert à instruments réduits, intimiste, aux accords qui évoluent, s'animent, s'apèsent, s'animent encore.
Une histoire banale s'il en est, bien que la banalité ne soit pas le premier qualificatif que je donnerais à un homme qui cherche l'amour dans une gare, le distingue dans une femme mal à l'aise sous son sac trop lourd, et le force en la poursuivant après une ébauche de contact relationnel. Dans le train.
Une histoire de conditionnel qui devient palpable, réel. Il ne l'aime pas encore mais il pourrait. Elle ne l'aime pas encore mais elle pourrait. Puis titiller le destin, le pousser un peu, créer l'événement, souffrir déjà aux premiers instants à l'idée de ce qu'on a pas encore mais que l'on pourrait perdre, et puis l'atteindre... Ca parait tellement simple.
Moi j'aime cet extrait: "Parce qu'à force de se dire au revoir, ai-je songé, ce n'est pas qu'on se revoie, non. Mais on s'habitue. A s'attendre, d'une certaine façon. A ne pas se quitter tout à fait. Voilà, me suis-je dit. On commence à ne plus se quitter vraiment, tous les deux." Des mots, des mots. Comme si de là partait la vraie histoire. On s'y plonge, on s'en régale. L'émotion qui ne voit aucune peine à nous convaincre, l'érotisme qui se respecte et respecte le lecteur, la vie qui se dégage. L'amour, après tout.

Le coeur est dans le sac!

8 étoiles

Critique de Anonyme (, Inscrit(e) le ??? (date inconnue), - ans) - 18 septembre 2002

Un livre rythmé, saccadé, presque asthmatique! Tel le bruit d'un voyage en train. Une relation qui se construit par miettes apportées au lecteur par des phrases d'un style déroutant, très précis.
Pas de grands mouvements romantiques, rien qu'un amour né au croisement de deux vies communes, couleur ballast. Et pourtant, c'est beau, l'on croche, peut-être parce que la banalité des deux êtres rend l'histoire d'autant plus crédible.

L'érotisme du subjonctif imparfait

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 18 septembre 2002

Réussir à créer l'émotion érotique en jouant de manière presque caricaturale des charmes du subjonctif imparfait, telle est la gageure tenue par Christian Oster dans ce dernier roman. Qu'on en juge plutôt : «Ses seins, donc, il était à peu près fatal qu'ils en vinssent à paraître, entiers, sortis de la robe, à l'exacte portée de ma bouche et de la main que j'avais libérée, et que je m'en souciasse, que je les circonvinsse, que je les palpasse, songeant que c'était presque trop, maintenant, cette femme, trop d'atouts en plus de l'amour, ou bien peut-être ai-je de la chance, me disais-je, et ça ne se mesure pas, la chance, c'est un bloc, et donc cette femme a des seins beaux comme dans tes rêves, fuselés, parfaitement proportionnés, même pas trop gros, et certes ça t'est égal, les petits seins te conviennent parfaitement en temps ordinaire, tout ça n'a pas d'importance, mais bon, tu ne vas pas jouer les puristes, non plus, il faut que tu acceptes que cette femme que tu aimes a de beaux seins, des fesses merveilleuses, le bonheur n'arrive jamais seul, me disais-je, il vient en nombre, il amène ses amis et c' est la fête, pour une fois que tu sors de chez toi profites-en donc, imbécile.» Réussir à dépasser l'émotion érotique pour créer l'émotion tout court ; réussir à transformer une petite histoire de baise en grande histoire d’amour, telle est, dans les dernières pages de ce bref roman, la délicate alchimie d’Oster. A propos des trois mots magiques : «Que ça lui vienne aux lèvres, et même assez souvent, parce que de ne pas le dire ça finit par s'éteindre, ou plutôt c'est déjà fini quand le mot manque, quand il n'est plus assez grand pour sortir seul, vêtu de son habit sonore, dansant d’une bouche à l'autre.» Dans le train ou pas, il faut lire «Dans le train» de Christian Oster. Lire avec entrain, avec un petit sourire aux lèvres aussi, le sourire de l'éternel adolescent qui se dit que c'est tellement bon de croire à l'amour.

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