Satori de Louis Calaferte

Satori de Louis Calaferte

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Kinbote, le 5 septembre 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 271ème position).
Visites : 4 520  (depuis Novembre 2007)

Puissance verbale

« C'est là une tentative poétisation 'totale‘ » nous prévient-on à juste titre sur la quatrième de couverture. Un maître-livre en la matière qui relègue loin derrière quantité d'autres ouvrages à prétention poétique.
La quatrième nous dit encore:« Il ne peut s'y trouver nulle logique conventionnelle, ni points de repère commodes. » Ce qui fait que face à une telle violence, face à pareil souffle, on reste sans voix, pantois et qu'on ne peut lire sans pauses les textes qui se suivent pourtant comme autant de chapitres d’un récit qui ne mène nulle part sinon à l’épuisement d'une certaine substance verbale. C'est la seule réticence qu'on peut avancer à l'égard de ce livre : de trop affirmer, de nous prendre de haut, de parler d’un lieu culminant et de nous asséner toute sa force expressive de façon péremptoire.
« Satori est si l'on veut, pour la commodité du langage : un CRI.» Et un cri ne se mêle pas d'être beau, propre, ordonné : il jaillit d'un tréfonds de hargne et de dépit en faisant grimacer les supports desquels il s’échappe.
« Malade de désirs inguérissables. Il me faut des lieux sordides de nudité pouilleuses, des décors qui exsudent grassement le péché, la compromission, le vice, la démence. » Vision noire, quasi monstrueuse, des choses telles qu’elles filent vers le trépas, point final de leur course absurde, en traçant des lignes de feu. « Une atmosphère de lèpre , des endroits réprouvés, où je puisse jouir sans honte , sans pudeur, sans l’arrière discipline, la réticence des scrupules. Jouir du corps, jouir des organes et de leur jus, jouir des inventions obscènes de mon dérèglement. » Seul un auteur « destiné aux apothéoses du langage » pouvait aussi écrire : « La veille au soir, j’avais déchiré ces milliards de livres imbéciles qui continuent de s’écrire et de s'imprimer à l’ombre des civilisations alphabétiques. »
Merci à Thomas Fors pour cette suggestion de lecture.

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9 étoiles

Critique de Thomas Fors (Beloeil, Inscrit le 10 avril 2002, 88 ans) - 5 septembre 2002

Salut Kinbote ! Ravi que tu aies apprécié le langage total sans retenues... En remarque : je trouve ta critique superbe.

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