TEMOIGNAGE DE PREMIERE MAIN, MAIS... NON!

Ranuccio BIANCHI BANDINELLI (1900-1975) était un intellectuel respecté, tant en Italie qu’à l’étranger, archéologue et spécialiste de l’art classique, fondateur et directeur de plusieurs revues, écrivain et professeur, il a enseigné à l’université de Cagliari, de Groningen en Hollande et de Pise.

Il entre dans l’histoire en 1938, quand il est littéralement «réquisitionné» pour une mission bien particulière… servir de guide au Führer et au Duce pour la visite des villes de Rome et de Florence et de leurs musées… En effet, de mère Allemande il parle et écrit couramment cette langue. BIANCHI BANDINELLI, fera tout pour se soustraire à cette tâche. Hélas comme tous les fonctionnaires Italiens de l’époque, il a prêté serment et ne peut donc se dérober…
Le voilà donc, lui qui toute sa vie a fait tout son possible pour rester dans l’ombre, qui s’est toujours prétendu un être médiocre, qui n’est pas fasciste, n’en possède même pas l’uniforme, et qui s’est toujours tenu à l’écart de ce régime, en train, durant une semaine de guider les deux dictateurs à travers musées et villes… Face à Mario (Benito MUSSOLINI) et Silla (Adolf HITLER) comme il les surnomme bientôt, il pense même à organiser un attentat pour les supprimer tous les deux (que ne l’a-t-il fait !...) mais y renonce, ne sachant même pas comment se procurer de l’explosif…
S’ensuit ensuite le récit des quelques jours passés en compagnie des deux dictateurs, où l’on va, il faut l’avouer de surprises en surprises…
Une qui m’a beaucoup interpellé (et non des moindres) étant comment l’auteur explique les ravalement de façades des villes de Rome et de Florence, avec des morceaux de cartons et du stuc, et la réparation expresse des musées visités par les deux dictateurs, alors que parfois ces mêmes réparations attendaient depuis plus de dix années… Cela n’a pas été sans me rappeler comment on avait caché la misère et la pollution de la ville de Beijing en Chine, pour les jeux olympiques de 2008 où les autorités locales avaient été jusqu’à peindre l’herbe en vert pour faire paraître la ville plus belle aux journalistes étrangers…

Que dire de plus de ce petit livre qui se lit en quelques heures ? Ce témoignage de première main sur deux des plus grands dictateurs du XXe siècle avait tout pour plaire et m’intéresser… et pourtant… non ! Non, rien à faire, le regard plein de condescendance, et d’ ironie qui frise le mépris m’a gâché la lecture de ce livre. Un peu plus de modestie dans ses écrits n’aurait sans doute pas fait de mal à l’auteur!...
On a beau être un des plus brillants intellectuels de son époque, cela ne vous autorise pas le moins du monde à parler et traiter (même deux des pires dictateurs de l’histoire) de façon aussi peu objective. De plus ses commentaires vraiment déplacés sur le physique des personnes qu’il rencontre, rend encore plus indigeste la lecture…
Ranuccio BIANCHI BANDINELLI ne l’avouera jamais dans son journal il est comme « Monsieur tout le monde » pour le moins curieux de rencontrer les deux dictateurs, il faut bien l’admettre ! Ne dit-il pas lui-même qu’il regrette d’avoir refusé de guider le Maréchal Hermann GÖRING car « le souvenir de cet exemplaire très singulier de la faune nazie manque à ma collection ». Et quand il les rencontre enfin, il est comme tout un chacun… il critique, parfois (très) bêtement, parfois sans raisons, parfois sans savoir…

Non, finalement cet extrait du journal de BIANCHI BANDINELLI (l’édition complète s’intitule Journal d’un bourgeois publié en 1948 chez Mondadori ) n’est qu’à prendre pour ce qu’il est : un témoignage, certes de première main et de premier ordre… mais un simple témoignage sur une époque donnée…

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  Quelques jours avec Hitler et Mussolini [Texte imprimé] Ranuccio Bianchi Bandinelli traduit de l'italien par Dominique Vittoz

  de Bianchi Bandinelli, Ranuccio Vittoz, Dominique (Traducteur)
  Carnets nord
  ISBN : 9782355360503 ; 12,37 € ; 06/10/2011 ; 80 p. ; Broché

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