La tête de mon père de Elena Botchorichvili

La tête de mon père de Elena Botchorichvili

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Libris québécis, le 4 janvier 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Les Géorgiens

Vingt ans après la dissolution de l'Union soviétique en 1991, Elena Botchorichvili se souvient. Cette Montréalaise, née en 1961 en Géorgie, s'est donné un alter ego en la personne d’un narrateur immigré au Canada. Il écrit une longue lettre à son fils en voyage de noces qui s’apprête à visiter le pays de ses parents.

Le récit couvre l'ère stalinienne jusqu'à Gorbatchev. Comment vivaient les Géorgiens sous la botte soviétique ? Ils étaient heureux de vivre dans la grisaille imposée par l'URSS. Comme des poissons dans un aquarium, personne ne se souciait de son avenir. Les besoins essentiels étaient assurés. La population était curieusement satisfaite de sa pauvreté que le régime élevait au rang des vertus théologales. En fait, elle acceptait la misère, car tous étaient devenus égaux selon le principe du nivellement par la base. « Bienheureux les pauvres », ils bénéficieront des miettes de la parcimonie des cieux rouges.

La situation n'empêche pas les Géorgiens de s'organiser tout en profitant des minces avantages de l'État. Avantages destinés uniquement à ceux qui côtoient les apparatchiks dans leur travail. Le père du narrateur est l'un de ceux-là. À ce titre, la famille jouit de privilèges comme des vacances à la mer. Ce bonheur se dissout avec la dislocation des républiques socialistes. Faute de voix pour pointer une nouvelle voie, la guerre civile déchire la Géorgie, causant conséquemment la mort du père que l'on fit enterrer, la tête séparée du corps, près de la datcha qu'il avait construite sur une montagne.

C'est Mzia, la mère, qui est cependant l'âme de la famille. Ce n'est pas une femme, « c'est une vraie fête ». Ancienne actrice, ventriloque dans un cirque, elle attire tous les regards avec son large chapeau blanc sans que rien n'y paraisse, y compris sa claudication qu'elle camoufle par une démarche chaloupante. Mzia est toute une femme. Une femme à l'instar de celles de Fellini, mais moins peinturlurée.

Comme il s'agit d'une lettre d'un père à son fils, la narration suit l'inspiration du moment. Le texte voyage en toutes directions sans crier gare. Mais ce n'est pas du coq-à-l'âne. Tout converge vers la création de repères filiaux pour se diriger sur les routes de la vie. Traduit du russe, ce court roman d’un esprit de synthèse incroyable. (75 p.) est un blason parfait de la famille géorgienne.

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