Professeur Unrat: L'ange bleu de Heinrich Mann
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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l'étoile et la boue
Dans le cadre d'une découverte de la littérature allemande organisée par la médiathèque de ma ville, j'ai découvert "l'Ange Bleu" dont le vrai titre est "professeur Unrat".
Le professeur Raat exerce le latin et le grecque depuis 25 ans dans une ville portuaire allemande. C'est un homme qui porte comme un fardeau son nom de famille car dans la ville son surnom est rentré dans les mœurs : "Professeur Unrat", ce qui signifie en allemand "ordures, fumier". C'est un individu que l'on découvre aigri, sale, sectaire. Il passe une partie de son énergie à vouloir punir ses élèves les plus médiocres et qui sont souvent les mêmes qui le défient en lui jetant son triste surnom à la figure.
Il apprend un jour que trois de de ces élèves fréquentent une chanteuse d'un cabaret minable du port, "l'Ange Bleu". Il fait connaissance avec la chanteuse et fait tout pour empêcher sa relation avec les trois jeunes gens. Petit à petit une étrange relation se noue entre Lola Fröhlich, la chanteuse, et le vieux professeur. Il la porte aux nues, trouvant qu'elle est une extraordinaire artiste. Elle est flattée qu'un homme de son éducation s'intéresse à elle. Bientôt il est exclu de son collège à cause de cette relation scandaleuse. Qu'à cela ne tienne: à travers sa bien-aimée Lola, le professeur attire chez lui toute la bonne société de la ville - qui pour la plupart sont des anciens élèves" et tente de se venger d'eux en les ruinant aux jeux ou en brisant leur réputation.
Devenu presque fou, jaloux de Lola, honni par la ville, couvert de dette, il est finalement arrêté en compagnie de la jeune artiste.
Voilà un roman peu commun, qui décrit un personnage qui ne l'est pas moins. Le fameux professeur Unrat n'est pas particulièrement sympathique, produit formaté d'une société rigide. Mais au contact de Lola il se révèle une espèce d'anarchiste consumé à la fois par sa passion envers sa compagne et son obsession à venger des années de moqueries dues à son horrible surnom.
Ce livre dérange, surprend. Il est entouré d'une atmosphère très particulière assez fascinante. Je suis maintenant curieux de voir le film éponyme.
Les éditions
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Professeur Unrat: L'ange bleu
de Mann, Heinrich
B. Grasset
ISBN : 9782246366225 ; 5,89 € ; 01/01/1985 ; 283 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (2)
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Une descente aux enfers qui tombe à plat.
Critique de Sotelo (Sèvres, Inscrit le 25 mars 2013, 41 ans) - 28 mai 2024
Le roman à l'origine du film "L'Ange bleu"
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 15 janvier 2024
Il s'agit du roman qui a été transposé sur grand écran "L'Age bleu", mais le texte a un côté plus vénéneux que le film et des différences notables aussi dans la trame, comme la fin. Il est intéressant de comparer les deux.
J'ai vraiment beaucoup aimé le roman. Il a quelque chose d'expressionniste en s'intéressant aux bas-fonds de la société, en mettant en scène des personnages qui ne s'affirment pas comme des héros. Le professeur Unrat est même très antipathique. C'est un anti-héros. Il y a du Zola dans cette histoire, dans cette façon de dépeindre des destinées tragiques, sans forcément emprunter au naturalisme. L'acharnement dont fait preuve l'enseignant est sidérant. Il semble inhumain et enthousiaste à briser les individus avec sa soif inextinguible de vengeance.
L'écriture est plaisante et vive. Heinrich Mann permet à son lecteur de se familiariser avec la psychologie de ses personnages. On ressent le désir, la haine et la rancoeur de ceux-ci. Lola n'est pas aussi simple que ce que l'on pourrait penser et la relation qui l'unit à Unrat est intéressante car elle évolue. Il y a quelque chose de malsain qui se développe dans ce roman et qui ronge la morale, celle qui est véhiculée par certains personnages. Progressivement, face au désir, des individus transigent avec leurs principes. Le professeur censé incarner des valeurs solides tombe dans des excès, fait preuve de sadisme avec ses élèves. La jeunesse fréquente des lieux dans lesquels elle ne devrait pas se retrouver. Il y a des rapports de force entre certains individus. Heinrich Mann donne à voir une humanité qui bascule dans le vice.
J'ai lu ce roman avec le même plaisir que procure un roman de Zola. On se plaît à suivre comment les personnages évoluent et l'écriture est agréable. Un classique allemand qui n'a rien d'angélique.
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