Weegee par Weegee de Weegee
(Weegee by Weegee : an autobiography)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Passion des instantanés
« Weegee » a eu une vie passionnante, il a des dizaines d'anecdotes à raconter sur le grand Barnum qu'est déjà l'Amérique en général, à l'Est, New York, qui grouille à la fois de vermine et de rêves grandiloquents ; à l'Ouest, le miroir aux alouettes d'Hollywood qui naît à peu près en même temps que lui après que des fous et quelques crapules fortunés aient racheté des terrains vers les collines de Burbank. L'Amérique weegee-port.jpgc'est l'Atlantide du libéralisme, une terre ou la réussite la plus clinquante côtoie la déchéance la plus noire. Arthur Usher (son vrai prénom) Fellig, né en Autriche en 1899, fils de rabbin, débarque à l'âge de dix ans en Amérique avec ses parents. C'est un policier de l'immigration qui l'appelle Arthur pour l'euphonie, il trouve cela plus simple que son prénom hébreu, et ce sont les filles qui font son éducation sexuelle qui le surnomment plus tard « Weegee » comme la planchette de « Ouija », le jeu spirite des jeunes américains, à cause de la planchette qui bouge toute seule, sans que personne ne la touche, dois-je faire un dessin pour les innocents qui n'ont pas compris l'allusion ?
Gamin du Lower East Side, il fait plusieurs petits boulots dont garçon de salle dans un restaurant « Automat », où les clients se servent tous seuls, ce qui lui donne déjà le sens du dérisoire et il connaît New York comme sa poche. Il a l'esprit nomade, poser son matelas à même le sol un peu partout, sur les toits de la ville qui devient son domaine, dans un dispensaire de quartier. Il dort le jour, mange n'importe quoi, et vit la nuit. C'est un personnage d'Ellroy à part entière, ou de Céline (certains passages du livre rappelle l'émerveillement et l'horreur de Bardamu quand il va à New York), il reste un petit voyou qui ne respecte rien, ni les puissants, ni les autorités, un fureteur qui sait ce que cache les hypocrisies et les masques de la réussite. Il commence sa carrière de photographe en courant les rues toutes les nuits pour photographier les faits divers des rues new-yorkaises, en particulier les crimes de sang, en utilisant au petit jour la chambre noire d'« Acme Newspicture ».
Il devient tellement célèbre pour ses photos, que les truands le préviennent de leurs forfaits avant de les commettre. Les « gars » du milieu l'aiment bien, ils sont à la une gràce à lui. Il tire le portrait des putes, dont il sollicite les services assez souvent (elles lui font un prix d'ami), et des gangsters, dont Dutch Schultz qui a toujours la migraine, dans les commissariats, souvent des vedettes locales de la pègre ravis de cette reconnaissance étrange. Il vit dans sa voiture, écoutant la radio de la police, tapant ses légendes dans son coffre, invitant parfois ses bonnes fortunes d'un soir sur la banquette arrière de sa Chevrolet. Rien de tel que les marges de la société pour vraiment la connaître. Il photographie les mendiants, les clochards, les vagabonds, tous ceux qui sont abandonnées derrière le grand char du progrès qui mérite bien quelques dérives comme disent déjà les imbéciles heureux de l'époque. D'où l'importance du polar, du roman noir, et de toute la littérature dite de genre qui commence à fleurir ces années-là dans les « pulps » et les romans à dix cents.
Il publie un livre en 1945, « Naked City » et expose ses travaux au Musée d'Art Moderne. Son bouquin est adapté au cinéma peu de temps après ce qui lui permet d'aller traîner ses guêtres sur la Côte Ouest. Comme il est cynique, au sens premier du terme, mais aussi un emmerdeur de première qui a conscience de son talent, même si la profonde générosité de son caractère rachète ses défauts, çà ne colle pas vraiment, et New York lui manque, de plus il n'a pas vraiment l'esprit stupidement positiviste et hygièniquement correct de Californie.
Comme il est de plus en plus connu, il diversifie ses sources d'inspiration, Il invente des trucages pour caricaturer ses sujets photographiés, ou déformer les paysages. On le voit en compagnie de stars du moment qui veulent toutes qu'il leur déforme le visage, c'est très à la mode. Il travaille pour la pub et multiplie les contrats comme d'autres avant lui les pains et les poissons. Il va même jusqu'à s'introduire dans un camp de nudistes du New Jersey, le premier jour il n'ose même pas se lever de table, il finit par être ensuite parfaitement à l'aise. Parfois, ses photos tellement naturelles sont largement posées avec des mannequins qu'ils paient pour prendre telle attitude, souvent ces sont des cover-girls qui n'ont pas envie de faire des allers-retours aux toilettes messieurs pour joindre les deux bouts.
A la fin de sa vie, il voyage en Europe qui, tout comme l'Amérique, commence à être envahie de non-lieux sans âme, qui enlèvent progressivement aux êtres humains le peu d'humanité qui leur reste. On le voit avec les riches et les puissants, mais aussi avec les loqueteux et les traîne-savates, pour qui il a plus de tendresse, comme Walker Evans quand il montre les victimes de la Crise de 29 avec James Agee. Il meurt d'une tumeur au cerveau après être devenu à la fin de sa vie un trésor national. Et comme il ne cessera de le répéter, il ne doit son succès qu'à une seule chose, il a été lui-même jusqu'au bout. Il est finalement un des derniers représentants de la Mitteleuropa qui créeront la culture américaine tout au long du XXème siècle, comme Billy Wilder ou Otto Preminger, ou encore Fritz Lang et plusieurs autres artistes restés dans l'ombre. La culture américain n'est de nulle part et elle est de partout...
...comme Weegee.
Les éditions
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Weegee par Weegee [Texte imprimé], une autobiographie traduit de l'anglais (États-Unis) par Myriam Anderson
de Weegee, Anderson, Myriam (Traducteur)
la Table ronde
ISBN : 9782710331216 ; 18,30 € ; 29/10/2009 ; 287 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (1)
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Un traitement très confus d'un sujet potentiellement intéressant
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 6 octobre 2024
On ne sait si, malgré son culot et un talent apprécié à l'époque, il réussit à se faire accepter par la haute société ou si finalement il n'arrive pas à se sortir des bas fonds de New York où finalement il semble aimer vivre.
Le graphisme manque de précisions, tout n'est, là aussi que suggéré, on ne comprend pas toujours le cadre dans lequel cela se déroule ni quelle est vraiment l'action. Les personnages sont difficilement identifiables.
Pour moi, il ressort une très grande confusion. J'ai pu comprendre certaines choses mais pas toutes, notamment la fin de l'ouvrage.
Il me reste un sentiment d'inachevé.
Je pense toutefois que cet album aura son public, notamment grâce au graphisme. Celui-ci me semble davantage adapté à la décoration. L'illustration peut être envisageable mais il faudrait pour cela une partie écrite plus conséquente, plus précise, plus narrative.
En parallèle se pose l'intérêt et la qualité des photos réalisées. Je pense qu'elles correspondent à une époque et n'auraient plus grand intérêt à la nôtre.
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