Le CSA en cause...

Lorsque le président français Nicolas Sarkozy a décidé de reprendre à son compte la nomination des présidents de chaîne télévision et radio d’Etat, certains n’ont pas hésité à dire que le Conseil supérieur de l’audiovisuel venait de perdre là ses seules prérogatives. De là à s’interroger sur son existence même, il n’y avait qu’un pas à franchir et certains ne s’en privèrent pas d’autant plus qu’ils luttaient au quotidien contre cette autorité qui les empêchait d’œuvrer librement…

Guillaume Evin n’a pas réalisé une enquête pour démontrer l’inutilité du CSA ou l’erreur de Nicolas Sarkozy, il cherche simplement à informer les citoyens que nous sommes sur les dérives d’une institution qui, aujourd’hui, n’a quasiment plus de pouvoir, coûte cher et fausse la démocratie… il est donc important de lire cet ouvrage pour en savoir plus, même si on n’est pas citoyen français car souvent on prend exemple sur ce CSA français pour réguler le jeu médiatique.

Guillaume Evin, journaliste enquêteur, se pose plusieurs questions importantes qui permettent aux lecteurs de faire un état des lieux. A quoi sert le CSA, comment sont nommés les membres, sont-ils indépendants, comment fonctionne l’institution, combien elle coûte à la république, c’est à dire aux citoyens, quel peut être son avenir ? Bien sûr, le titre montre que nous sommes plus dans un réquisitoire qu’une défense, mais l’auteur reste objectif, précis, porteur de solutions…

Dans les excès du CSA, citons, sans entrer dans les détails, les salaires des conseillers qui, sans atteindre les sommets de la République, sont substantiels ; les nominations des conseillers qui sont trop souvent des amis recasés, des gêneurs mis à l’abri ou des incompétents qui ne devraient pas être nommé à un poste de cette nature ; des factures de frais de bouche qui sont disproportionnés par rapport à l’importance de l’institution…

J’ai été particulièrement marqué par les descriptions des fonctionnements. Comment comprendre ces conseillers qui ne s’impliquent pas à fond dans des dossiers importants pour l’avenir de notre démocratie ? Comment supporter de voir des responsables de chaînes télé être obligé d’attendre le bon vouloir de conseillers incompétents qui restent incapables de trouver des solutions aux questions posées, qui ne comprennent pas les enjeux économiques et médiatiques… Certes, on pourrait croire que l’auteur fait preuve là d’une certaine jalousie, qu’il souhaiterait, lui-aussi, trouver une telle planque professionnelle. Mais, malheureusement, tout ce qui est écrit dans l’ouvrage est confirmé par tous ceux qui fréquentent, de près ou de loin, le CSA… Triste démocratie qui est obligée de voir ses écuries d’Augias se remplir d’excréments et qui n’a plus les moyens de les laver à fond…

Guillaume Evin n’est pas pessimiste à cent pour cent. Il laisse entendre que les solutions existent pour redonner de l’importance à ce CSA. Il suffirait de redéfinir ses fonctions, de mettre en place un choix des conseillers par la compétence et la motivation, de redonner au CSA le pouvoir de nommer les directeurs des médias du service public, de donner des vrais moyens de sanction à cette institution pour que tous ceux qui ne respectent pas les règles admises soient dans l’obligation de s’exécuter…

Bref, cet ouvrage est salutaire à condition d’en parler et d’en tirer les leçons. Or, il est assez étonnant de constater que les médias écrits ont rendu compte de cette sortie, ont interviewé l’auteur… mais que les télévisions sont restées bien silencieuses… aucune invitation ! Si, pardon, au moins une, mais annulée au dernier moment comme par magie…

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  Le livre noir du CSA [Texte imprimé] Guillaume Evin

  de Evin, Guillaume
  Éd. du Moment
  ISBN : 9782354170974 ; 16,50 € ; 26/05/2011 ; 223 p. ; Broché

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