Lisbonne de Fernando Pessoa
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures , Arts, loisir, vie pratique => Voyages et géographie
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Inventaire-à-terre
Dans ce qui pourrait être qualifié de guide touristique avant l’heure (il aurait été écrit en 1925), Pessoa nous emmène (en voiture s’il vous plaît) à travers les joyaux architecturaux, monuments et jardins de la Ville aux sept collines. De la Tour de Belém au Castelo Sao Jorge en passant par le Rossio, l’auteur tente de nous faire connaître et apprécier la cité qu’il fut forcé de quitter enfant pour suivre ses parents en Afrique du Sud. Un traumatisme dont il ne se remit jamais et qui le poussa à y revenir pour suivre ses études à l’âge de 17 ans, tant il était nostalgique.
Ayant passé mes dernières vacances à Lisbonne, j’étais curieux de découvrir cet illustre auteur lusitanien, tout en espérant y retrouver les impressions que j’avais ressenties là-bas. Hélas, je n’ai pas vraiment été vraiment convaincu par cette description très linéaire et plutôt fastidieuse, qui ne peut faire ni office de guide touristique ni d’œuvre littéraire. Bon plaisir au touriste en quête d’information sur un lieu ou un monument ! Il devra feuilleter le livre entier pour espérer y trouver, avec un peu de chance, ce qu’il cherche. En effet, aucun classement alphabétique par quartier n’a été prévu pour faciliter la tâche, même si j’ai conscience qu’il faut replacer l’ouvrage dans le contexte, à cette époque les guides touristiques n’étaient pas très répandus…
Quant à l’aspect littéraire, je ne l’ai pour ma part pas trouvé du tout… Je m’attendais à une évocation plus ou moins poétique de la ville, je n’ai eu droit qu’à une énumération de tout ce qui peut en jeter plein la vue avec à peine une évocation des endroits plus modestes (pour un poète, c’est un peu un comble)… C’est vrai, Lisbonne a un passé très riche sur le plan architectural, mais M. Pessoa n’a même pas jugé utile de faire un détour dans le sublime quartier de l’Alfama, peut-être pas assez joli à son goût… L’Alfama, le plus vieux quartier de Lisbonne, le fado… Il manque aussi des photos ou des gravures, on aimerait bien au moins avoir un aperçu des choses dont il parle, à défaut d’être emporté par le style… Car même si j’ai séjourné à Lisbonne une semaine, je n’ai vu qu’une toute petite partie de ce dont il parle… alors j’imagine ce que peut ressentir celui qui n’y a jamais mis les pieds… Non vraiment, il vaut mieux acheter le Routard, et au moins on se marre !
Les éditions
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Lisbonne
de Pessoa, Fernando Gaudemar, Antoine de (Autre) Blanco, Rogelio Ordóñez (Autre) Vierne, Béatrice (Traducteur)
10-18
ISBN : 9782264026422 ; 4,10 € ; 19/05/2000 ; 114 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Voyage en Lusitanie
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 27 septembre 2014
Effectivement, ce texte de Pessoa est insolite, un peu suranné et aussi dépassé dans certains cas mais c'est ce qui fait le charme de ce petit livre.
Idéalement, ne faudrait-il pas l'avoir en poche lors de la visite de la ville et suivre l'itinéraire proposé par Pessoa?
Pas simple.
On cherche encore les nombreuses embarcations Praça do Commercio. Les pêcheurs ont disparu de l'Alfama mais pas cette ambiance conservée dans l'odeur de lessive qui emplit les narines avec le linge suspendu aux fenêtres, les cages d'oiseaux accrochées aux murs et les observateurs silencieux des embrasures de porte...
Le contraste est parfois imposant quand on mesure l'ampleur de la dimension touristique actuelle.
On sent néanmoins la fascination et l'amour pour cette ville niché à chaque page, aussi descriptive soit-elle.
Une agréable découverte.
Visite guidée
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 6 août 2013
Blue boy ne s’y trompe pas, raconte à quelle occasion il l’a lu (après être allé à Lisbonne, du coup il a été déçu de ne pas retrouver à la lecture les sensations qu’il avait éprouvées là bas), et avant même de lire sa critique j’avais l’intention de faire la même chose, parce qu’un livre de circonstance s’accompagne forcément de circonstances.
Alors voici les miennes, voici l’histoire de ma lecture :
Contrairement à Blue Boy, j’ai lu ce livre avant d’aller à Lisbonne. Je l’ai commencé en France, je l’ai poursuivi le lendemain en Espagne, et je l’ai terminé dans un petit village du Portugal, au son du fado, en dégustant un verre de vinho verde, avec sous les yeux un citronnier que j’allais dévaliser à loisir, dans l’oreille le bruit de l’océan au loin, et la perspective d’aller, la semaine suivante, passer une ou deux (ce sera finalement deux) journée(s) à Lisbonne. Alors, forcément…
Et il m’a donné hâte, ce livre, oui j’avais hâte de voir la Praça do Comercio (Place du commerce), d’arpenter l’Avenida da Liberdade (l’Avenue de la Liberté) jusqu’à la Place du Marquis de Pombal, hâte de contempler la ville depuis les miradors, hâte de grimper la Tour de Belém, hâte de voir toutes ces églises (ou du moins quelques unes), d’aller dans les quartiers de la Baixa (ville basse), j’avais envie de courir au Monastero dos Jéronimos (Monastère des Ermites de l’ordre de Saint-Jérôme, les Hiéronymites) enfin bref, je me suis refusé à regarder le plan en fin d’ouvrage pour éviter d’incessants va-et-vient, je n’ai regardé quasiment aucune image ailleurs, mais j’avais d’ores et déjà une espèce de vision de cette ville, avec son marbre, ses nombreuses statues, ses châteaux, ses rues qui grimpent, ses grandes places et ses jardins.
Alors j’étais encore plus pressée d’aller vérifier si cette ville correspondait à l’idée que je m’en étais faite à travers les yeux de celui qui l’avait tant aimée. Forcément.
« Sur sept collines qui sont autant de points d’observation d’où on peut contempler de magnifiques panoramas, s’éparpille, vaste, irrégulière et multicolore, la masse de maisons qui constitue Lisbonne […] Les dômes, les monuments, les vieux châteaux font saillie au-dessus du fouillis de maisons et semblent être les lointains hérauts de ce séjour délicieux, de cette région bénie. »
Et tandis que le bateau progressait langoureusement sur le Tage, et que se profilait au loin, puis de plus en plus près, la ville aux sept collines, je ne cessais de penser (presque malgré moi !) à Pessoa. Comment de toute façon l’oublier, tant il est l’âme de cet endroit ? Comment ne pas penser à lui lorsqu’on croise un bateau à son nom, lorsqu’en sortant du métro station Baixa-Chiado on tombe nez à nez avec lui, statufié et attablé pour l’éternité au café A Brasileira ? Quand, arpentant le cloître de l’Eglise du Monastère de l’ordre de Saint-Jérôme (une splendeur comme j’en ai rarement vu…), on trouve la tombe du célèbre Lisboète ?
Alors je me suis félicitée de l’avoir lu avant tout ça. D'avoir eu un avant goût de ce qui m'attendait, et que cet avant goût ne provienne pas d'un guide, mais d'un écrivain, un écrivain amoureux de l'endroit où je me trouvais.
Forcément!
Forcément ? Tout l’enjeu de la lecture de ce livre réside dans cette question.
Pour qui aller à Lisbonne n’est pas d’actualité ni même une éventuelle perspective, ce livre a-t-il un quelconque intérêt ?
Parce que, il est vrai, il est didactique, linéaire, et il est clair que l’auteur n’a aucunement recherché l’effet de style. Il invite le touriste à le suivre, de rues en rues, décrit les choses de manière assez académique, donne des informations pratiques, distille des faits et anecdotes historiques, se veut le plus rigoureux possible dans ses explications géographiques, et de ce fait ne s’encombre pas d’un débordant sentimentalisme, même si on sent malgré tout, de manière implicite, l'immense amour qu’il portait à sa ville.
Alors « Lisbonne » n’est-il qu’un vieillot et mauvais Guide du routard ?
Pour moi c’est non.
Pessoa, en poète de talent qu’il était, aurait tout à fait pu axer son texte sur les émotions qu’on ressent dans la ville (ce qu’il a fait d’ailleurs à maintes reprises dans d’autres ouvrages).
Il a voulu ici nous proposer une visite guidée de certains quartiers, nous inviter à faire une promenade, nous indiquer les choses incontournables à voir, nous aider à nous déplacer, nous donner des informations diverses, en précurseur des guides touristiques.
Alors oui ça semble désuet, mais toute cette application sincère à être juste et précis dont il fait preuve, la connaissance indéniable qu’il a de tous les moindres recoins de Lisbonne, toute cette fierté qu’on perçoit lorsqu’il loue tel endroit ou tel monument, l’évidente envie de sa part qu’on vienne découvrir sa ville, qu’on vienne « chez lui », la naïveté, presque, de certaines descriptions (je pense à la gare), tout ça m’a touchée et je ne l’ai pas retrouvé dans le Routard.
C’est une oeuvre un peu à part, inclassable, presque insolite.
Je suis très contente de l'avoir lue.
Alors, faut-il lire « Lisbonne » avant d'y être allé, après… ou jamais ?
Difficile de répondre de manière catégorique, parce que ça dépend, une fois encore, des circonstances…
Forcément…
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