La traversée des apparences de Virginia Woolf

La traversée des apparences de Virginia Woolf
(The Voyage Out)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par PaulArthur, le 10 décembre 2011 (Lille, Inscrit le 10 décembre 2011, 28 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 611ème position).
Visites : 4 946 

L'autodérision d'une Sirène

C'est ainsi que la toute jeune Virginia nous séduit à travers la surface de l'eau, en se riant de nous, et de sa propre vie: comme la sirène intemporelle qu'elle est. Comme Jane Austen un siècle plus tôt, elle nous dépeint ici avec passion, ironie et humour une micro société mondaine et bourgeoise.

Rachel, le personnage central de cette traversée, est une fille de vingt-quatre ans timide, gauche, bégayante, qui ne connait rien du monde, Comme son auteur. Rachel est Virginia. Virginia est Rachel. Et cette "candide" des temps modernes apprendra à nager parmi ces inconnus, dans ces flots de conversations et la houle des bals et des sentiments, avant de s'y noyer.

"Etre précipitée dans la mer, baignée, ballottée par les eaux, promenée parmi les racines du monde..."

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Où le mot "sublime" retrouve son sens!

10 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 81 ans) - 29 octobre 2014

À la lecture de critiques positives ou d’appréciations admiratives de lectures on retrouve souvent une multitude de superlatifs extrêmes, hyperboliques même que l’on porte sur le compte d’un enthousiasme exalté…, rien de mal à cela.
«Après avoir vu le film "The Hours" en 2002, basé sur le roman de Michael Cunningham, qui lui, avait été largement inspiré par le roman: "Mrs Dalloway", j'ai voulu lire ce livre et j'ai découvert Virginia Woolf.
La lecture de ce roman m'a littéralement bouleversée. J'ai ressenti une émotion intense du début jusqu'à la fin. Je crois que c'est le style d'écriture de l'auteur, sa sensibilité, sa propre souffrance…
Je dois lire autre chose de l'écrivain avant de pouvoir analyser plus en profondeur l'effet produit.»
Ceci est l’impression que j’avais notée en mai 2003…

J’ai mis plus de dix ans à lire autre chose de Virginia Woolf, de peur je crois d’altérer cette première impression si précieuse.
J’ai ce livre qui appartenait à la collection de ma mère et que je possède depuis aussi longtemps et voici quelques semaines j’ai enfin cédé à la pulsion de lire ce premier roman de l’auteur.
Publié en 1915, c'est un roman de satire sociale; l'incohérente cohue des passagers sur un bateau en route vers l'Amérique du Sud et les excentricités des clients de l'hôtel où séjournent les Européens sur les bords du fleuve sud-américain donnent à Virginia Woolf l'occasion de se moquer du mode de vie édouardien. Cette satire sociale sert de toile de fond au deuxième thème, celui du passage de l'adolescence à l'âge adulte d'une jeune femme.
Ce premier roman est censé être d'une forme encore classique, mais la prose éblouissante de Virginia Woolf, sa finesse d'observation et son humour subtil sont bien présents. Les Dalloway, oui, oui, ceux-là même, s'invitent brièvement sur le bateau au cours du voyage, et Clarissa s'intéresse beaucoup à Rachel. Et de ce contexte daté d’un autre siècle se dégagent malgré l’ironie une élégance et un grand charme surannés.
E. M. Forster voyait dans l'ouvrage « un livre étrange, tragique et inspiré, qui se déroule dans une Amérique du Sud introuvable sur aucune carte et atteinte par un bateau qui ne flotterait sur aucune mer, une Amérique imaginaire aux confins de Xanadu et d'Atlantis... C'est un roman qui n'a peur de rien...»

On aura deviné que cette deuxième lecture n’aura en rien altéré ma précieuse première impression d’admiration incommensurable que je porte à Virginia Woolf.
Revenons au début de cette dissertation appréciative et mon allusion aux débordements enthousiastes des lecteurs; ayant beaucoup lu, j’admire, apprécie et vénère la qualité d’écriture d’une foule d’auteurs: par exemple, Jane Austen pour sa modernité avant-gardiste, les soeurs Brontë que je trouve géniales de talent et d’intelligence, George Eliot impressionnante d’érudition, plus près de nous, Joyce Carol Oates, seul auteur contemporain que je désirerais voir nobélisée…
Je me permets de qualifier, et j’assume sans retenue, la qualité d’écriture de Virginia Woolf de «sublime»: en parlant de choses, qui, très haut dans la hiérarchie des valeurs esthétiques, morales ou spirituelles, suscitent l'admiration ou provoquent une émotion; ce qu'il y a de plus élevé dans l'ordre moral, esthétique, intellectuel; d’après le Trésor de la Langue Française informatisé.

Sous le soleil

8 étoiles

Critique de Fleur-de-lyss (, Inscrite le 12 juin 2011, 28 ans) - 9 juillet 2013

Romancière emblématique de l'entre-guerre, Virigina Woolf choisit, pour son premier roman de placer la bourgeoisie anglaise dans l'Amérique du Sud. L'histoire se centre sur l'hôtel de Santa Maria, où une douzaine de personnages se lient aux époux Ambrose et à leur nièce.
Elle fait apparaître chaque personnalité tout en finesse, accumulant des faits du quotidien et les conversations légères. L'auteur a particulièrement soigné le caractère de son héroïne, la jeune Rachel et on voit au fil des pages que son personnages acquiert une grande profondeur.
Bien que le récit se déroule sous un climat vacancier, on ressent une certaine mélancolie que les personnages, même dans le bonheur, sont incapables de dissiper tout à fait.
Virgina Woolf aborde principalement le thème de la position de la femme et il est très intéressant de découvrir les différents points de vue qui circulaient au début du siècle dernier.

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