Arioi de Vairaumati no Ra'iatea

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 9 décembre 2011 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 864ème position).
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« … et rien ne comptait que les arts. »

Vahinetua avait l’âge des premiers tatouages quand elle a vu pour la première fois les Arioi débarquer sur son île, Maupiti, qui n’appartenait pas encore aux Iles de la Société mais était encore une des Iles de la Grande Alliance. C’était à l’époque où Pomaré I° était roi de Tahiti et gouvernait l’archipel avec l’appui des Britanniques.

Les Arioi constituaient une caste qui était une sorte de troupe de saltimbanques, ils dansaient, chantaient, jouaient la comédie, …., dans les grandes occasions de la vie locale, se déplaçant dans toutes les îles de l’archipel. Ils étaient vénérés et adulés par les populations qui les nourrissaient. Vahinetua assiste ainsi au débarquement, en grande pompe, de cette troupe sur son îlot natal et elle est éblouie par la beauté des artistes, le chatoiement des parures et l’élégance des danses. Et, comme une jeune fille se blesse, le maître de la troupe lui demande de la remplacer au pied levé, ce qu’elle fait si brillamment que celui-ci lui propose d’intégrer la troupe pour devenir un jour une Airoi. Elle quitte donc son île, à la grande fierté de ses parents, pour intégrer cette caste prestigieuse.

Elle gravit alors très rapidement les échelons de la troupe et devient vite la préférée du maître mais, un jour, elle commet l’irréparable avec un jeune homme qu’elle aime et refuse de procéder au crime rituel que sa situation exige. Sa vie devient alors très précaire, elle est sauvée, ainsi que sa petite fille, par une vieille femme qui la protège de ceux qui lui veulent du mal, … selon les dire de celle-ci...

Dans ce texte brillant, poétique, ciselé dans une langue belle, hélas par trop encombré de termes polynésiens qui rompent le rythme de la lecture des non-initiés et en altèrent le charme et c’est bien dommage, Vairaumati cherche à redonner vie à cette caste, si prestigieuse, qui a été éradiquée au XIX° siècle par les missionnaires. Aujourd’hui, nous ne savons que très peu de choses de ces saltimbanques des îles du sud mais l’auteur, à travers ce petit roman, relie directement leur histoire à la mythologie et à la légende fondatrice de la culture polynésienne.

Même si Vairaumati, femme très secrète qui porte le nom de l’île où elle habite désormais, a trempé sa plume dans le monoï, elle n’hésite pas à dénoncer tout ce qui a altéré définitivement sa culture originelle : une société très hiérarchisée aux mœurs barbares et sans pitié pour les mal nés, les Blancs, notamment les missionnaires, qui ont détruit nombre de pratiques ancestrales, les ari’i, les princes qui ont pactisé avec les Blancs pour s’arroger un pouvoir absolu en échange de la suppression de mœurs et coutumes jugées trop paganiques. Et, finalement en voulant faire revivre les arioi, c’est tout une culture telle qu’elle existait avant les rois de Tahiti, alliés aux blancs, ne l’altèrent à jamais, que l’auteur voudrait nous transmettre afin qu’elle ne se perde pas dans la nuit de temps.

Le maître de la troupe « nous disait toujours que nous sommes le peuple de la parole » et moi, je reste émerveillé devant ces gens qui ont merveilleusement su transformer la parole en écrit. Serait-ce la proximité de l’oralité qui aurait permis de conserver une grande pureté de la langue écrite et une si charmante musique dans les textes ?

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Légende Polynésienne

6 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 53 ans) - 6 mars 2012

C'est un mythe, une légende, que raconte l'auteure. Elle l'a entendue, dans son pays, on la lui a contée oralement, et elle la retranscrit dans ce petit livre, tant bien que mal, "plutôt mal", dit-elle dans sa postface.
Avec un peu de maladresse, disons.
Car elle choisit de la relater de manière fragmentée, par intermittences, par bribes.
Si l'on rajoute à cela les innombrables termes tahitiens et les noms interminables de la plupart des personnages cités, on arrive à un résultat plutôt mitigé, car la lecture est rendue fastidieuse par un décodage incessant qu'il faut effectuer.

Problème de forme, d'univers. On ne retrouve pas celui de l'ancestralité, mythique, un peu magique, étrange et tragique qui fascine et épouvante.

Néanmoins, une belle évocation des Airoi, qui forment une communauté admirée et redoutée et transmettent la beauté de l'art en sublimant le monde.
Mi-Hommes mi-dieux, ces femmes et hommes se donnent corps et âme à leur art, et au nom de ce sacerdoce sont prêts à tous les sacrifices...

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