La Zonzon de Alain Guyard

La Zonzon de Alain Guyard

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par CC.RIDER, le 7 décembre 2011 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 650ème position).
Visites : 3 456 

La philosophie en taule

Lazare Vilain, professeur de philosophie, est engagé pour enseigner sa discipline à des taulards dans le cadre d'un programme de réinsertion. Ami de deux vieux boxers un peu à la coule, Momo et Rocky, il rencontre un certain Riccioli qui le pousse à faire entrer d'étranges enveloppes dans la prison. Il tombe amoureux de la belle Leïla, qui enseigne le piano à l'intérieur de la prison... Mais peu à peu, il découvre qu'il a mis le doigt dans un engrenage qui risque de l'emmener bien plus loin qu'il ne le souhaite.
Très noir, ce roman policier basé sur une situation pour le moins originale, l'introduction de la philosophie dans des cervelles plus ou moins illettrées de gangsters, voyous et malfrats. Après « la philosophie à coups de marteau » de Nietzsche, voici « la métaphysique à coups de mandales » de Guyard qui, étant un spécialiste en la matière, s'en donne à coeur joie à nous raconter des cours fort peu conventionnels. Ca sent le vécu et rien ne nous est épargné de l'univers carcéral, ni le bruit, ni les odeurs, ni la violence ! Guyard use d'un style argotique et truculent, plein de trouvailles langagières qui a plus à voir avec un Boudard ou un San Antonio qu'avec un L.F. Céline. L'intrigue est intéressante mais emberlificotée à souhait et entrelardée de quelques invraisemblances que l'on pourra pardonner tant ce bouquin apporte de plaisir de lecture non par son histoire policière un peu tirée par les cheveux, mais par une prose aux envolées parfois bluffantes.

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Ceci n'est pas un livre ...mais une expérience

9 étoiles

Critique de Sidharta (, Inscrite le 18 mars 2012, 38 ans) - 18 mars 2012

" Tu n'es jamais face au monde , tu es toujours face à des perceptions que tu as du monde , et tes perceptions , il est possible qu'elles déforment les choses... " ( p .141 )

Ce roman est palpitant , pousse parfois aux éclats de rire , amène à une réflexion personnelle.

Ayant fait l'expérience de Alain Guyard en tant que professeur de philosophie , j'ai été agréablement surprise par l'auteur , si je peux me permettre cette dénomination ...car trop souvent la littérature , les bouquins , lire ( etc ..) est réservé à une certaine élite et il est parfois difficile de trouver des livres intéressants et percutants sans être barbants ...

A conseiller à tous donc !! En espérant que cela donne le plaisir de lire à ceux qui n'en ont pas ou plus l'habitude !!!

Merci

« Les livres délivrent »

8 étoiles

Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 30 décembre 2011

Le Prix Georges Brassens a été mis en place depuis quelques années. Il récompense un roman nouvellement dont le fond et la forme sont proches de l’univers de Georges Brassens : liberté de ton, impertinence, amour du verbe, le roman cuvée Georges Brassens est un roman populaire, accessible.

Cette année le prix est attribué à Alain Guyard pour son roman : « La Zonzon »

Voici un polar ingénieux en langue très infréquentable, argotique à souhait dont on se régale aussitôt tant le plaisir de la langue verte peut être un délice pour les papilles linguistiques.
Le thème est original : celui d’un prof de philo rebelle qui va enseigner en prison : La Zonzon. D’emblée, l’auteur rejette la philosophie de salon et ceux qui s’écoutent parler. Nous sommes tous d’accord avec l’auteur aux deux mains tatouées. Lazare Vilain ancre la philo dans la réalité. Retour aux questionnements de l’imperturbable Socrate. Plaisir de la dialectique. Les taulards tombent des nues et se laissent apprivoiser à moins qu’à leur contact, le professeur ne tombe naïvement lui-même dans des magouilles qui vont peu à peu l’engluer. S'il a le désir secret est de s’évader de la vie rangée qu’il a avec sa femme, il sera servi. Rencontre une mystérieuse pianiste manipulatrice… qui hante elle aussi les prisons.
Rencontre Riccioli, un maffieux bon teint, bien vu au Ministère de la Jeunesse et des Sports, qui l’embarque très vite dans un trafic d’enveloppes fort glauque. Riccioli se révèle être un escroc qui truque des combats de boxe clandestins. Tout de suite on est dans la guerre des clans contre les Gitans. Trafic de stups.
Une intrigue se tisse, une histoire d’amour se glisse entre les lignes, Lazare devient un jouet d’un destin qu’il n’arrive pas à démêler. Dur, dur, pour un philosophe ! Il faudra de multiples rebondissements pour que l’histoire trouve une fin… finalement assez improbable, peu corrosive, comme dans les contes.
Les leçons de philo au parloir sont bien tournées, la pédagogie est inventive. Les descriptions du milieu carcéral sont tour à tour cocasses ou désolantes mais toujours très imagées. Une réalité brute qui nous gifle même si l’humour y est présent. La force de ce livre. Et une certitude : « Les livres délivrent » (p199) « Les livres sont une arme de construction massive et des machines à fabriquer de la liberté. Voilà pourquoi je les importe au mitard, que le les commente, que je les traduis, que je les illustre pour tous mes lascars entaulés ».

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