Les villes de la plaine de Diane Meur

Les villes de la plaine de Diane Meur

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aliénor, le 6 décembre 2011 (Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 357ème position).
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Imaginaire mais tellement réelle !

A Jaïneh, petit village de montagne, on ne plaisante pas avec l’honneur. C’est ainsi qu’Ordjéneb se voit contraint de fuir les siens et son univers, incapable d’honorer une dette contractée auprès de son propre frère. Après quelques jours d’errance, il arrive dans la grande ville de Sir, espérant y trouver du travail. Mais les Siriotes sont fiers et ne se montrent guère accueillants envers les simples montagnards. Ordjéneb va très vite s’en rendre compte, et ses manières brutes doublées de son langage différent, vont lui attirer des ennuis dès son arrivée. D’autant qu’il ignore tout des lois d’Anouher qui régissent la cité. Anouher le fondateur éclairé, vénéré tel un Dieu, dont il va devoir tout apprendre s’il veut espérer se faire une place dans cette ville.

Heureusement pour lui, c’est auprès de l’un des personnages les plus importants de Sir qu’Ordjéneb va trouver du travail. En devenant le garde du corps d’Asral, le maître scribe, il va se retrouver au coeur même des lois d’Anouher. Asral réalise en effet une copie des lois du grand maître, et Ordjéneb doit protéger cette si précieuse copie. Petit à petit, un lien d’amitié va se nouer entre les deux hommes. Et par ses réflexions simples empreintes de sagesse, le montagnard va amener l’érudit à s’interroger sur l’interprétation des lois, qui prévaut à Sir depuis la nuit des temps.

C’est dans une Antiquité imaginaire que Diane Meur a choisi de plonger le lecteur. Et pourtant, comme elle semble réelle cette ville de Sir ! Vibrante, humaine, dure aussi, sa réalité ne fait aucun doute et l’on peut la sentir, la dessiner même.
Avec son grand talent de conteuse – que j’avais déjà beaucoup apprécié dans Des vivants et des ombres - Diane Meur nous entraîne dans le sillage de ce scribe en proie au doute, qui mène un travail d’archéologue pour découvrir les origines et les secrets de sa ville. Et plus il doute, plus Ordjéneb gagne en assurance pour aider et soutenir son maître, qui ne se fera pas que des amis en osant toucher à ce qu’il y a de plus sacré.

Epopée, histoire d’amour, personnages remarquables, réflexion sur l’interprétation des lois par ceux qui gouvernent… ce roman contient tous les ingrédients pour séduire un grand nombre de lecteurs. Cette incursion dans l’Antiquité est un plaisir à chaque page, qui procure un dépaysement absolu qu’il est bien agréable de goûter, que l’on soit passionné ou non par cette période. Alors ne vous en privez pas !

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Epopée et réflexion sur la Cité

9 étoiles

Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 8 janvier 2015

Ce roman peut d'abord être perçu comme une épopée, celle d'Ordjéneb chassé des siens, qui découvre la Ville, ses tentations et ses dangers.

Le voilà amant d'un jour, et engagé chez un fin lettré comme homme de main, pour ensuite apprendre à lire et s'ouvrir à la conscience.

Il y a d'abord ici une belle histoire, celle d'un roman d'éducation, d'une quête où notre Ulysse revient ici près des siens avec sa Pénélope.

Il y a aussi et surtout la création d'un monde imaginaire simple - une plaine - des montagnes - deux villes, et de la complexité des lois qui le dirigent.

Il y a aussi une réflexion sur la cité et sur la légitimité des lois qui la caractérisent, sur la précarité de son existence, aussi.

Il y a enfin une réflexion sur l'Histoire comme science, et sur les erreurs d'interprétation des rares éléments qui nous reviennent et nous rendent pour toujours incapables de savoir ce que nos ancêtres ont vécu.

Remarquable

9 étoiles

Critique de LallaChounetta (, Inscrite le 18 août 2013, - ans) - 2 mai 2014

Une bouleversante parabole sur la façon dont se dénaturent les religions et l'histoire. Ecrit avec pudeur et élégance (voir par exemple les deux histoires d'amour, celle du scribe et du jeune chanteur et celle du montagnard et de la blanchisseuse). Etonnante évocation d'un monde antique inventé, sans folklore, avec juste ce qu'il faut de petite touches pour donner corps à cette Mésopotamie onirique. UN beau livre, bien dans la ligne éditoriale de Sabine Weispeiser.

Quand les juges s’opposent au lettré dans la cité antique

8 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 88 ans) - 5 août 2012

Il était une fois, Sir, une cité antique imaginaire où vivaient les Siriotes et dans laquelle Asral, le scribe du palais copiait et recopiait les Textes sacrés, reflets de la parole d’Anouher, et ce, pour les préserver du pourrissement des parchemins.

Mais pour Asral, qui se confiait à son garde Ordjéneb, un montagnard fruste, Anouher, dont il transcrivait les textes, serait-il Dieu lui-même, ou son Prophète, ou un législateur mythique, ou plus simplement, la parole du Peuple tout entier … ?

Tout en exécutant son travail de scribe, Asral rédigeait en cachette une seconde copie de ces textes dans une langue plus actualisée et ainsi plus compréhensible au commun des mortels.

Insensiblement, les juges qui gouvernaient la ville prirent ombrage de la personnalité d’Asral, le seul lettré capable de décrypter la Parole sacrée et il s’ensuivit une lutte d’influence, des émeutes qui finirent par déborder des frontières de la cité pour contaminer l’autre ville de la plaine et se terminer par une confrontation militaire.

Tout en nous restituant l’atmosphère d’une civilisation vieille de quelques millénaires, ce roman captivant, demeure étonnamment actuel. Il aborde la difficulté d’interprétation des textes anciens, mais aussi la question des clergés qui s’approprient des pouvoirs originalement octroyés à leurs peuples par des élites éclairées.

Un coup de cœur !

10 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 15 juillet 2012

Je ne reviendrai pas sur l’histoire, déjà très bien présentée dans la critique d’Aliénor.

Un livre qui amène à réfléchir sur le sens des mots et leur déformation au fil du temps, sur l’importance donnée à la forme plutôt qu’au fond, sur la transformation de la liberté en une société rigide, qu’il s’agisse de système politique ou de religion, sans oublier la place des femmes dans la société.
Le tout dans un excellent roman. J’ai été très surprise, après lecture, de constater qu’il n’avait eu qu’une critique sur CL.
Mon premier livre de Diane Meur mais certainement pas le dernier.

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