Océan mer de Alessandro Baricco
( Oceano mare)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Le rateau de la Méduse
Baricco enseigne les techniques de la narration à la Scuola Holden. Eh bien, ça se sent ! L'ennui est que ça se sent un peu trop fort. En art, il en va des techniques comme des parfums : elles charment surtout par leur discrétion. Sinon le patchouli fait fuir le chinchilla.
On restait encore anesthésié par la grâce de "Soie". C'est dire qu'on s'attendait au meilleur et que les contes, on n'était pas contre. Mais la grâce ne reçoit pas à toute heure. Veut-on la courtiser trop qu'elle s'appesantit. La grâce engraisse. La voilà grasse. Et le papillon, transformé par la méchante fée, se retrouve éléphant dans un magasin de porcelaine.
Donc, le ton du roman reste, comme dans "Soie", celui du conte : l'auteur prend le lecteur à témoin, utilise des phrases ou des situations répétitives, des dialogues décalés, invente des personnages improbables. On passe du rébus (mon premier est ceci, etc.) à la prière (par ailleurs très belle), du rire au drame. Oui. Mais trop c'est trop.
Oh, mais c'est un grand monsieur tout de même, Baricco. Il atteint parfois les profondeurs ("la vérité est inhumaine", "ce sont les désirs qui nous sauvent"). Il peut vêtir la complexité avec des mots simples et le résultat est souvent troublant. L'imaginaire peut se confondre avec une réalité qui confine à l'horreur.
Ses personnages ne manquent pas d'originalité (à vrai dire, ce sont, à proprement parler, des originaux) : une jeune fille qui se languit jusqu'à ce qu'une langue la délie, un gars qui écrit des lettres à celle qu'il rencontrera un jour (et les garde pour elle), un peintre qui peint la mer à l'eau, mais sans couleurs (dans ce domaine la mer fait mieux), deux marins à couteaux tirés se souvenant de leur naufrage indicible, un professeur qui n'en finit pas d'achever une encyclopédie des limites, un pasteur qui élabore un recueil de prières, un amiral qui décrète le vrai et le faux.
De fort belles pages, d'une grande intensité dramatique, ou des images dignes d'un film de David Lean (La fille de Ryan) valent franchement le voyage. Mais les techniques narratives les corsètent et parfois les étouffent. Ca sent le procédé. On a l'impression d'assister à un ballet sans musique : on entend le souffle des danseurs, le craquement de leurs articulations, le glissement de leurs pas sur les planches et, obnubilés par ces artefacts, on passe à côté de l'essentiel.
Car cette oeuvre, il faudrait l'écouter plutôt que de la lire. On hésite en effet entre le théâtre et l'opéra.
Les éditions
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Océan mer [Texte imprimé] Alessandro Baricco trad. de l'italien par Françoise Brun
de Baricco, Alessandro Brun, Françoise (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070419586 ; EUR 6,20 ; 01/08/2002 ; 283 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Calvaire littéraire!
Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 25 avril 2015
si...
Critique de Catoate (, Inscrite le 6 octobre 2014, 40 ans) - 13 octobre 2014
Il sait jouer des mots, les faire résonner, il n'y a pas de fausse note dans ce roman poétique.
Cosi cosa
Critique de Jaafar Romanista (Rabat, Inscrit le 3 février 2013, 36 ans) - 5 juin 2013
Bref, je sens que je n'ai pas apprécié le livre comme il le faut, donc il me faudra une deuxième lecture prochainement afin de donner une appréciation de cette oeuvre à sa juste valeur.
Entre ciel et mer
Critique de KAMEL KIES (, Inscrit le 2 janvier 2013, 70 ans) - 2 janvier 2013
Accords symphoniques
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 28 janvier 2007
Baricco accomplit plusieurs choses ici. Premièrement, il narre la mer comme pas un. Pour des personnes comme moi, qui ont eu l'infinie chance de grandir au bord d'un fleuve, ce sont des sonorités du passé qui viennent à hanter ma lecture de Océan Mer. Goût, texture, rôle, utilité, voir philosophie de la mer, tout y passe, tout reflète dans la vie de la multitude de pensionnaires d'Almayer.
Cette multitude, Baricco sait également la narrer, loin d’être perdu dans les considérations philosophiques salines, il sait redescendre sur terre et donner un esprit de corps a son roman avec des dialogues absolument merveilleux lors de l'heure du repas à la pension Almayer.
C'est là un grand roman contemporain qui devrait être lu autant par les bouquineurs, praticiens que théoriciens de la littérature. Un défaut? La fin est , ma foi, un peu disjointe, mais n'est-ce pas là l'apanage de la mer? Cette dernière n'infuse pas d'utilité lorsqu'elle redistribue ses gains sur la rive.
océan mer
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 2 juillet 2006
Imaginez cet homme, écrivain, absorbé par la toile, humide des embruns salés suintant les corps des survivants damnés.
Imaginez la peinture marine, engloutir le visiteur, l’espace des jours à suivre, imbiber le curieux de l’histoire tragique des entre las de rescapés épuisés.
La mer porteuse de promesses tout autant qu’elle puisse être sanctuaire ou orgiaque vivante monstrueuse à la surface peinte par l’infortune rescapée. Les esprits marqués par l’horreur ont goût de poison.
Lorsque profondeur des lames restent croûtes picturales, l’indescriptible mouvement, l’irascible perpétuel vacarme étourdissant des goûts de mort en bouche que la soif avilie, restent les yeux pour pleurer ceux qui percent l’imaginaire des profondeurs abyssales.
Restent un écrit vain, à la recherche des mots purs, au point d’en élaguer fioritures, lourdeurs pataugeuses.
N’imaginez rien finalement et partez sur une plage déserte avec pour seule compagnie celle de votre âme, élément terre, envahit d’immensité car l’eau c’est en mer qu’il faut boire sans retenue.
La bête humaine dévoreuse de cadavres mous, réunit par le sang des morts, l’antéchrist nous rapproche de l’ignominie écœurante au secours des vies hachées menues, le souvenir des soupirant laisse un goût à mer.
Une œuvre pour l’œuvre, Alessandro Baricco est un peintre incontestable, à la plume garni de mots images que son ouvrage sublime à chaque page.
Et si l’univers de la mer tenait dans une larme ?(bertrand-môgendre)
au coeur de la tempête...
Critique de Léonora (, Inscrite le 7 avril 2006, 46 ans) - 19 mai 2006
Très déçu
Critique de Franckyz (, Inscrit le 9 janvier 2006, 46 ans) - 11 janvier 2006
Pourtant j'ai été très déçu, les 7 histoires qui se chevauchent n'ont pas grand intérêt et presque aucun rapport.
Seul l'histoire du naufrage et des 2 rescapés est intéressante mais malheureusement pas assez développée.
On s'ennuie ferme!
DOMMAGE
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 21 juin 2005
La première partie est vraiment très médiocre, longue et mal écrite, on ne nous explique rien de l'histoire, on ne nous présente pas les personnages, juste ce qu'ils font, on ne comprend rien à l'histoire et on se demande où l'auteur veut en venir...
Heureusement le livre se rattrape dans la deuxième moité, la 2ème partie racontant le naufrage est absolument époustouflante dans ses descriptions, la 3ème est moins bonne, mais beaucoup plus claire, et on a enfin les explication que l'on cherche en vain dans la 1ère partie, notamment avec l'histoire et la fin de tous les personnages décrits au début du livre.
Dans l'ensemble un livre moyen qui m'a déçu et ne m'a pas fait rêver comme ses autres livres. Déçu aussi notamment dans l'idée que je me faisais d'Alessandro BARRICO comme un grand écrivain... Un livre à recommander uniquement aux fans inconditionnels de BARRICO et qui veulent lire toute son oeuvre...
Dommage...
Critique de Chipoune (, Inscrite le 26 juillet 2004, 49 ans) - 27 juillet 2004
d'accord avec Persée et Jules
Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 7 octobre 2003
Ensuite, effectivement, la poésie de Baricco est toujours là mais très loin de la perfection de « Soie ». Baricco essaie d'introduire de l'humour dans son récit, d’y ajouter un petit grain d'originalité, d’absurde parfois, mais il noie son sujet dans trop d'emphase et de lyrisme, bafouillant son rythme, créé par un travail du texte trop « visible »… Et l’histoire de patauger … Et le lecteur de s’ennuyer .
Seule la 2ème partie se détache de l’ensemble. C’est paradoxalement quand Baricco renonce à la poésie du texte en nous racontant ce naufrage sanglant qu’il réussit à intéresser son lecteur.
Aussi déçu
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 16 août 2002
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