Trois copains se retrouvent régulièrement dans un bistrot. Trois joyeux drilles du type «étudiant attardé». Il y a Gustave, dit Gus, Pol et Georges. Ce dernier est un «chevalier de la brosse», expression quelque peu désuète aujourd’hui et qui désigne un dragueur, un coureur de jupons (autre expression désuète).
Un quatrième larron se joint à eux, Jean-Jean. Un jeune homme dont la mère, Irène, est une pochtronne de première. Jean-Jean a aussi une petite sœur, Cathy, 9 ans.
Le destin, souvent vachard avec les plus démunis, va frapper. Jean-Jean meurt dans un accident. Georges prend Cathy sous son aile protectrice. Cela arrange Irène, la mère, bien incapable d’élever sa fille.
A partir de là, Georges est obligé de vivre avec le regard des autres : «C’est quoi ce type avec cette gamine ?...», «Pas nette, cette situation, y aurait de la pédophilie là-dessous…», «T’as vu comme il la tient par la main ?...», «T’as vu comme il la regarde ?...»
Malgré tout, Georges va passer outre. Il organise sa vie; le travail, l’amusement avec les copains, l’éducation de Cathy (y a du boulot) et, sa vie amoureuse. Il va même louer un kot pour froecheler (batifoler) ailleurs que chez lui afin de préserver Cathy de sa vie de bâton de chaise, de ses galipettes.
De temps à autre, il se fait une réflexion au sujet de Cathy… sur ses yeux bleus, ses cheveux blonds… elle n’a que 9 ans et déjà si femme dans ses gestes, sa façon de se mouvoir...
Et puis, petit à petit, le trouble s’insinue dans l’esprit de Georges…
Tout cela ne finira pas bien. Alors, ce pantin au bout de sa corde, s’est-il suicidé ou l’a-t-on aidé à se suicider ?... Pas facile pour l’inspecteur Carmel… tiens, tiens, Carmel, Guy Carmel, une vieille connaissance pour celles et ceux qui connaissent l’univers de l’auteur…

Je n’en dirai pas davantage au sujet d’un roman captivant du début à la fin. Le sujet est on ne peut plus délicat et il est traité avec une extrême… délicatesse. Aucune vulgarité mais aucun côté moralisateur non plus. C’est comme ça !
Est-on certain d’être immunisé contre ce genre de trouble ? Voilà la question que l’on se pose après la lecture de ce livre. Une interrogation terrible qui justifie le choix délibéré d’avoir choisi de lire cet ouvrage.
«Le pantin de l’impasse» est édité aux Editions L’Harmattan et son auteur, Ron Dorlan, n’est autre que… allons, un petit effort, Ron Dorlan… ça ne vous dit rien ?... Dorlan, Roland… hé oui, Ron Dorlan, n’est autre que Georges Roland ! Voilà un auteur à l’aise dans des genres bien différents; La swanze dans «C’est le brol aux Marolles» ou «Cartache», l’élégance raffinée et drôle dans «Le coup du clerc François», la narration sobre et grave dans «Le pantin de l’impasse». Des pseudos différents pour des genres différents réunis sous la bannière d’un même talent !
Dis-moi, Georges, il est déjà difficile de se faire un nom, alors deux ou trois... tu n’as pas envie qu’on sache que tu es à l’aise dans des styles différents ?... Et bien, moi je le proclame, haut et fort, à ta place, na !

Alain Magerotte