HKPQ de Michèle Plomer

HKPQ de Michèle Plomer

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 24 novembre 2011 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Les Propriétés du sperm milk fish

Deux policiers hongkongais accompagnent une Québécoise à l’aéroport. Qu’a-t-elle fait pour qu’on la chasse du pays manu militari ? Selon la mentalité chinoise, c’est sa chance de retourner vivre au Québec même si l’extradée se plaît énormément à Hongkong. Pourtant, elle n’a rien à se reprocher selon les critères occidentaux.

Allez-y voir. On ne s’attache pas aux gens et à un yú (un poisson) impunément. En fait, le yù en question est une femelle à qui l’héroïne voue un amour ichtyologique au point de l’embrasser derrière la vitre de l’aquarium. L’amour, toujours l’amour. Amour auquel il lui faudra renoncer. C’est un dur coup pour l’héroïne, qui était venue à Hongkong en veuve joyeuse pour refaire sa vie après le suicide d’un conjoint coulé dans les mésaises de son enfance. Elle avait trouvé un certain équilibre en se procurant une Poissonne, comme elle l’appelle. Mais elle ignorait que le sperme laiteux du mâle avait la propriété d’activer la testostérone.

Dans un contexte asiatique, cet achat est loin d’être anodin. La croyance veut que le règne animal comble les déficiences de l’espèce humaine. Ainsi se resserrent les morses de l’étau sur la pauvre femme que l’on veut dépouiller de son trésor pour guérir un policier de son impuissance et pour l’aider à payer ses dettes de jeu. Adhérant à la philosophie millénaire de son pays d’adoption, elle se laisse convaincre que l’on n’existe que pour créer la chance d’autrui même si elle sait qu’il y a erreur sur le sexe du thaumaturge.

En réduisant le bonheur à satisfaire ses semblables, le roman devient un pied de nez à l’Occident individualiste, qui a oublié qu’il faut aimer son prochain comme soi-même. L’argent ne serait qu’un outil pour atteindre cet objectif. C’est, en filigrane, une bonne leçon sur la cupidité. L’héroïne a perdu un conjoint, mais elle a gagné un univers plus riche parce qu’il outrepasse sa petite personne. Les gens et les choses n’ont d’intérêt que pour leur utilité.

HKPQ (Kongkong, province de Québec) est une œuvre brillante, qui a fait un tabac au Québec l’an dernier, en dévoilant avec limpidité et un sourire en coin ce qui distingue l’Occident de l’Orient. Bref, c’est plus raffiné et plus profond que du Frédéric Beigbeder dans 99 francs.

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