Lady Chatterley de David Herbert Lawrence
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Premier manuscrit, réussi
Ce livre constitue la première version de l’œuvre de D.H. Lawrence.
Version 1: Lady Chatterley
Version 2: Lady Chatterley et l'homme des bois
Version 3: L'amant de Lady Chatterley
N'ayant pas lu les versions 2 et 3 de l’œuvre de Lawrence, il m'est difficile de comparer, je ne me risquerai donc pas à le faire.
Cet extrait de la critique de Esther Forbes donnera certains éléments de comparaison:
"Dans cette première version, il est purement et simplement un romancier. [...] Dans le premier projet, l'essentiel du drame repose dans la difficulté de rapports intimes entre individus et entre classes. Ce désir de rapprochement est toujours déçu. Même dans l'union de Constance et de Parkin [Mellors dans les autres versions], ceux-ci atteignent difficilement la véritable intimité de leur amour presque animal. C'est une étude très nette des différences sociales. [...] Dans la première version, Clifford, la mari de Lady Chatterley est un homme amoindri, mais qui supporte courageusement son épreuve et se préoccupe de sa femme. A mesure que Constance se rapproche de Parkin, elle aime de moins en moins Clifford, mais il reste un personnage vrai. [...] Dans la première version, l'intérêt du lecteur se concentre sur le garde-chasse Parkin, l'un des meilleurs personnages de Lawrence. C'est un petit homme sympathique, aux fières moustaches, amusant, sentant le terroir. C'est un solitaire. Ses sentiments antisociaux ont été exaspérés par un mariage malheureux (cette mégère qui est dans toutes les versions). Ses haines profondes ne se sont pas apaisées dans sa liaison avec Lady Chatterley. Il ne trouve d'apaisement qu'à la fin en se consacrant au parti communiste. ..."
Critique de Plume:
Dans cette version, Lady Chatterley est une jeune femme embrasée par le feu de la passion. Elle l'aime, son Parkin. La distance sociale est décrite avec habileté, et on pénètre facilement dans la psychologie de cette Lady. On embrasse l'ambiance de cette région minière, peuplée d'hommes et de femmes malgracieux mais authentiques, qui séduisent une âme ennuyée de sa vie de château.
L'édition que j'ai eu l'opportunité de lire comportait de nombreuses fautes, ou orthographiques, ou de frappe, et cette dimension a quelque peu abîmé ma vision de l’œuvre.
Mais dans l'ensemble, Lawrence dépeint des personnages attachants, vrais, et saisissables.
Cette œuvre a sa place dans la collection "Livre Club des Tuileries" les cent un chefs-d’œuvre du génie humain.
Les éditions
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Lady Chatterley
de Lawrence, David Herbert
Pocket
ISBN : 9782266005807 ; 1,47 € ; 14/08/1995 ; Broché -
Lady Chatterley
de Lawrence, David Herbert Forbes, Esther (Préfacier)
Bellevue / Les cent un chefs-d'oeuvre du génie humain
ISBN : SANS000028981 ; 01/01/1973 ; 504 p. ; Cartonné
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Les critiques éclairs (1)
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1ère version d'un roman célèbre
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 14 novembre 2024
J’ai donc commencé cette première version, me disant que je lirai la 3ème, celle qui fut publiée plus tard, pour une comparaison entre les deux versions, toujours intéressante. Je ne lirai pas la seconde version, la première et la dernière suffisantes pour la comparaison que je me propose.
Donc qu’en pourrai-je dire de cette première version, après l’avoir terminée ? L’histoire de base doit être connue de tout bon lecteur, celle d’un amour jugé scandaleux pour l’époque de l’entre-deux guerres, surtout en Angleterre, entre une dame anglaise de la haute société, mariée à un riche noble et propriétaire de mines de charbon d’où il tire ses revenus, vue comme faisant partie des classes dominantes et un garde-chasse, marié lui aussi quoique séparé de sa femme, vu comme étant de la classe inférieure de la société, celle des mineurs et des ouvriers. À cette époque encore, la société, anglaise au moins, était encore perçue comme composée de classes supérieures et inférieures, de classes dominantes et dominées, de classes de propriétaires et d’ouvriers. Et la lecture de ce livre, qui expose une histoire d’amour au moins crédible et possible entre deux membres de deux classes opposées, fait penser que l’auteur a voulu interroger les conditions sociales et psychologiques du système de castes alors en vigueur dans la société anglaise de l’après-guerre, celle de son époque et en faire bouger les lignes. Dans cette optique, il y expose, pas seulement la relation entre un homme et une femme que leurs appartenances sociales réciproques et leur état respectif d’être marié auraient dû rendre impossible, mais aussi crûment les sentiments de la femme, son amour d’un homme non seulement d’une manière sentimentale mais aussi physique, son attirance pour le corps masculin, son désir d’une sexualité épanouie qui la comblerait de plaisir. Et c’est vrai que le propos devait en être novateur pour l’époque, peu habitué à une liberté de ton aussi poussée en matière de sexualité féminine. Ces deux lignes forces du roman le rendent intéressant à suivre, quoique ça peut paraître daté vu d’un lecteur du 21ème siècle.
Mais D. H. Lawrence n’était pas satisfait de cette première version. Il décida de la réécrire, ce qui donna une seconde version, que je n’ai pas lue et ne lirait pas, puis encore une troisième, définitive celle-là et qui fut publiée et qui fit scandale, et que je lirai probablement. Est-ce qu’il aura fait mieux alors ? La troisième version est-elle finalement la meilleure, ou est-ce que la première, celle qui avait la préférence de sa propre épouse ?
Pour l’instant, je peux dire que celle-ci, intitulée simplement « Lady Chatterley », m’a plu et m’a paru plausible et très humaine, nonobstant les abstraites discussions philosophiques et métaphysiques de la lady d’avec son mari, comme s’il s’agissait de marquer sur le plan intellectuel une nouvelle différence entre classes, d’une manière pas forcément utile au récit et quelque peu artificielle. Quant au style, il reste classique même si l’auteur tentait, à mon impression, d’écrire en style poétique et pénétrant, mais n’est pas Proust qui veut. Cela ressort un peu maladroitement (ou alors c'est la traduction ?), mais ça se lit quand même plaisamment, ce qui est heureux.
Et comment ça se termine à la fin du roman ? Vécurent-ils heureux ? La question des classes sociales était alors si prenante (du moins telle qu’elle était ressentie par les personnages du roman et plus particulièrement par l’amant) qu’elle aura eu raison de leur amour, surtout de la part de l’homme, alors que la femme était plus disposée à les transgresser et en cela fait montre de plus de courage que son amant. Et cela m’a désolé, surtout vis-à-vis de ce dernier qui aura préféré œuvrer à une hypothétique révolution sociale qui améliorerait le sort des ouvriers dans un incertain futur que la vie plus immédiatement réalisable d’avec une femme qu’il aimait réellement et qui lui offrait, grâce à son argent, un cadre de vie agréable. En matière d’amour, les choix à faire sont toujours difficiles et souvent douloureux. Toutefois, cela reste un choix respectable, une affaire de conscience personnelle dans le contexte politique et social particulier à l’Angleterre de l’époque.
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