Testament de Witold Gombrowicz, Dominique de Roux

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Kinbote, le 4 août 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
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"Une bonne introduction à la lecture de mes ouvrages"

Witold Gombrowicz est né en Pologne en 1904, dans une famille de souche aristocratique (il se faisait appeler comte, rapporte Ernesto Sabato). Il émigre en Argentine en 1939 puis passe quelques mois à Berlin avant de venir finir sa vie en France, à Vence. C’est là qu’il sera contacté par Dominique de Roux, éditeur chez Christian Bourgeois et directeur des Cahiers de l'Herne, qui lui propose de se soumettre à des entretiens, à un livre-bilan sur ses ouvrages et la philosophie qui sous-tend son oeuvre.
« Testament » est le livre qui en résulte. Il est suivi de la correspondance qui s'est établie entre l'éditeur et l’écrivain, et qui montre bien l'avancée d'un travail de cet ordre. Très vite Gombrowicz veut faire les questions et les réponses, il reprend le jeune éditeur sur sa fougue et sa verve et corrige ses articles. Mais quand le livre sort, de Roux gagne vraiment l'estime de Gombrowicz, qui souffre alors de graves problèmes d'asthme, par le soutien qu'il lui apporte et la stratégie d’édition qu'il déploie pour faire connaître l’oeuvre, encore peu connue alors, du Polonais.
Quant aux Entretiens proprement dits, il s’agit au départ d'un texte continu, entrecoupé par la suite de questions censées en faciliter la lecture. Il constitue une excellente entrée en matière - comme l'écrivain le pressent lui-même dans une lettre - à l'univers de Gombrowicz, certainement un des écrivains les plus marquants du siècle passé. Auteur de romans comme Ferdydurke, La Pornographie ou Cosmos, il fut à la fin de sa vie sur la liste des nobélisables. Il a aussi marqué le théâtre (c’est Jorge Lavelli qui le jouera le premier en France) et son Journal, dans lequel il se présente comme un adversaire de toute forme, et pas seulement d'art, a impressionné de nombreux lecteurs. Il est d’ailleurs reconnu comme un écrivain de la forme et celui qui a fait de l’immaturité un thème littéraire. Ses personnages sont d'éternels enfants qui ne se laissent pas englués dans une forme de pensée, sociale, etc. Toujours à la marge, en retrait, susceptibles de créer leurs propres formes plutôt que d’être déformés par une structure préexistante ou extérieure.
Bien sûr ce livre ne donnera pas une idée précise du style et du talent de cet auteur qui a influencé nombre d’écrivains parmi lesquels Kundera. Mais il donnera peut-être envie de le lire.
On trouve à titre d'exemple de son mode de pensée, dans son Journal de l’année 61, cette présentation choisie pour la quatrième de couverture du volume Quarto de chez Gallimard qui contient tous ses romans et nouvelles:

« Je n'idolâtrais pas la poésie, je n'étais pas excessivement progressiste ni moderne, je n'étais pas un intellectuel typique, je n'étais ni nationaliste, ni catholique, ni communiste, ni homme de droite, je ne vénérais pas la science, ni l’art, ni Marx – qui étais-je donc ? Le plus souvent , j'étais simplement la négation de tout ce qu’affirmait mon interlocuteur… »

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