Marie-Didace de Germaine Guèvremont
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Magnifique roman du terroir québécois
Le Survenant a quitté le Chenal du Moine mais son bref passage a laissé des traces indélébiles sur les habitants et dans le cœur de beaucoup de femmes dont entre autres la belle Angélina qui soupire en espérant son retour. La vie de la famille Beauchemin a repris sa routine d’avant. Le père Didace doit veiller à tout et son fils Amable l’aide de son mieux. Phonsine, la femme d’Amable est enceinte et le couple souhaite que la venue de cet enfant confortera leur place au sein de la famille. Mais c’était sans compter sur la belle Acayenne qui réussit à se faire épouser du père Didace et devient ainsi la maîtresse de la maison, reléguant Phonsine au second rang. Dès lors, une lutte sourde s’engage entre les deux femmes. Phonsine craint de tout perdre et pousse Amable à demander une donation à son père. Mais des événements tragiques viennent changer les plans de Phonsine et bouleverser son petit monde ainsi que celui des habitants du Chenal. L’ombre du Survenant plane sur la région et on le rend responsable de tous les malheurs.
Très belle suite à ce magnifique roman du terroir québécois. L’écriture de Germaine Guèvremont est toujours aussi belle, poétique et lumineuse. La vie sur la terre est admirablement décrite et l’univers créé par l’écrivaine nous enveloppe d’une atmosphère lourde et brumeuse, remplie de drames, de joies, de solidarité humaine et d’âpres luttes pour survivre et accéder à une certaine prospérité matérielle. Les personnages sont crédibles, vrais et très humains. Les divers événements sociaux sont relatés avec une justesse remarquable : veillés au coin du feu, fêtes de Noël et du Jour de l’An, mariage et enterrement. Les hommes sont simples et bons travailleurs, les femmes se soutiennent dans le malheur comme dans la joie. Les commérages, les petites mesquineries et les jalousies ne sont pas absentes de la petite communauté mais lorsque le malheur survient, on se serre les coudes et on fait front ensemble.
Germaine Guèvremont connaît bien ce monde rural et cela transparaît dans son écriture. Elle utilise beaucoup d’expressions régionales dont je n’ai pas toujours saisi le sens exact à mon grand désarroi.
Un grand et beau roman dont il est pénible de s’extraire car l’âme du Québec de l’époque y vit et palpite et rien n’est plus beau que de lire un tel récit qui plonge dans les racines profondes de notre si belle histoire. Et les descriptions de la nature, du temps qu’il fait, de la flore et de la faune sont si belles, si émouvantes qu’on voudrait y être afin de jouir de la caresse du vent, de l’odeur de l’herbe fraichement coupée, de toutes ces odeurs de notre enfance que ce livre fait resurgir dans notre mémoire comme si elles attendaient ce moment pour refaire surface et reprendre possession de nos sens comme avant, comme toujours peu importe le temps écoulé.
Un roman inoubliable.
« Ce n’était plus la lourde somnolence hivernale, mais le léger assoupissement qui précède un réveil. Non plus le vent bourru qui rafale autour des maisons et qui vous pénètre jusqu’à la moelle, mais la brise qui passe et qui repasse comme une main caressante. Le cœur serré en pensant à Amable, Didace fumait, la cheminée de sa pipe tournée en bas, par la bruine qui se formait. Malgré son inquiétude, il huma à plaisir l’air printanier, qui venait de loin, avec l’espoir d’un recommencement. Amable reviendrait bientôt. Après le coup d’eau et les grandes mers de mai, un autre mois, et tout reverdirait. Quelques mois encore et les joncs bleus sortiraient de l’eau. On serait en été. L’odeur du sarrasin… Le premier coup de faux… l’entame du champ d’avoine. »
Les éditions
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Marie Didace
de Guèvremont, Germaine Ferron, Madeleine (Préfacier)
Bibliothèque québécoise
ISBN : 9782894062494 ; 30,84 € ; 16/11/2005 ; 231 p. ; Broché
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