Une année chez les Français de Fouad Laroui
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Les Français croqués par un garçon marocain de 10 ans
L'année 1969 voit le petit Mehdi intégrer le célèbre lycée Lyautey de Casablanca dû à ses bons résultats et à son goût pour la lecture. Ce jeune garçon quitte Béni-Mellal pour une grande ville dans laquelle la présence française est nettement perceptible.
Mehdi est conduit tambour battant par son cousin Mokhtar dans ce fameux lycée dans lequel il sera interne et sera confronté à des petits français. Ce roman est truffé d'anecdotes amusantes et permet de souligner le choc des cultures. Tout ceci se fait avec humour et finesse. Les Français sont ancrés dans leurs clichés, ne parviennent pas à concevoir qu'un petit arabe puisse être un bon élève, qu'il puisse tenir le rôle d'un petit ange au théâtre ... Les Français ne sont pas pour autant les méchants de l'histoire, ils sont maladroits, tiennent parfois des propos racistes, mais peuvent faire preuve aussi d'humanité dans leurs paroles ou dans leurs gestes ( cadeau du pyjama ... ). Mehdi, quant à lui, est candide et découvre les moeurs et les codes des Français avec fascination et incompréhension parfois, ce qui donnera naissance à de nombreux quiproquos.
Mehdi sera logé régulièrement le week-end chez une famille française, celle des parents de Denis, un petit blondinet de la classe. C'est dans ce microcosme que les différences seront flagrantes et provoqueront le sourire du lecteur : différences culinaires, mots mal compris, manifestations physiques différentes ... Mehdi s'attire rapidement la sympathie du lecteur parce qu'on le sent souvent mal à l'aise, parce qu'il a peur de décevoir, parce qu'il se sent fortement différent des Français ...
Le roman est bien écrit, contient des renvois discrets à des textes littéraires, regorge de pointes d'humour et permet de passer un agréable moment en compagnie de ce petit personnage si timide et si maladroit.
Fouad Laroui brosse ainsi un portrait satirique des Français en utilisant un procédé souvent utilisé par les Lumières, celui du regard de l'étranger. C'est un peu comme Rica qui critique Paris, le Pape, le roi dans "Les Lettres persanes", sauf qu'ici c'est Mehdi qui par sa naïveté fait ressortir les travers des Français.
Les éditions
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Une année chez les Français [Texte imprimé] Fouad Laroui
de Laroui, Fouad
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266218658 ; 6,50 € ; 18/08/2011 ; 288 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (5)
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Mehdi, c'est Fouad, c'est nous.
Critique de Elaou (, Inscrit le 6 novembre 2013, 60 ans) - 6 novembre 2013
Les Marocains ou Français, ayant vécu cette période ( années 60 et 70 ), se reconnaitront dans les faits et descriptifs que furent ces moments de notre histoire contemporaine.
C'est un livre amusant, critique de cette soupe riche d’ingrédients dans laquelle les cultures se mettent à agir et à réagir , les unes sur les autres , sur un feu doux, laissant s'échapper des parfums de brassage qui ont imbibé nos corps et que nous continuons de sentir encore aujourd'hui.
Fouad Laroui, un génie tout simplement.
Ps: je Conseille de lire aussi ses autres oeuvres : La femme la plus riche du Yorkshire,..... Ainsi que ses ''Point de vue'' sur une radio (Medi1) : http://medi1.com/redaction/pointsdevue/…
Sympathique
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 23 décembre 2012
Un excellent petit roman qui se lit tout seul
Critique de KAATH (Saint - Brieuc 22.000, Inscrite le 8 mai 2012, 87 ans) - 2 décembre 2012
( FOUAD LAOURI )
Fin des années soixante, c’est la rentrée au lycée français de Casablanca. Une petite chose débarque « …un enfant minuscule… on ne l’avait pas vu entrer, ce lutin… » Il s’agit de Mehdi Khatib , un marocain de dix ans, « boursier du gouvernement français ».
C’est le point de départ d’une histoire à la fois drôle, touchante et aussi très sérieuse dans la mesure où elle évoque les différences culturelles entre deux nations.
Donc on sourit beaucoup et souvent en lisant ce récit et si on le fait c’est grâce à l’humour de l’auteur au ton amusé et amusant qu’il emploie. Grâce aussi au comique des situations souvent amplifié par des effets de contrastes comme l’épisode des dindons gloussant dans le très sévère bureau du surveillant général d’un « lycée de la Mission universitaire et culturelle française . Si l’on approfondit cette affaire de volaille, on se trouve devant un autre contraste tout aussi comique fondé sur une différence culturelle : les dindons sont là, offerts en cadeau par le mentor du petit marocain afin de lui attirer les bonnes grâces de ses maîtres. Un bakchich en quelque sorte !
On sourit et on est touché car il est bien émouvant ce petit Médhi parachuté hors de son village marocain dans un univers français où les us et coutumes de la vie courante lui sont totalement étrangers… Il est bien touchant dans ses efforts pour s’intégrer, pour être accepté et aimé. Intégré et accepté il le sera grâce surtout à ses capacités intellectuelles qui lui assurent , avec la réussite scolaire , le respect de tous mais aimé comme il souhaite l’être c’est une autre affaire …Personnellement je crois qu’une des clefs de cette histoire se trouve au chapitre 18 … Médhi invité sur le yacht des parents de son ami, Denis, commet quelques impairs dont le souvenir le tracasse pendant quelques jours et qu’il oublie… En revanche, il se rappellera toujours que le père de son ami lui a refusé le geste de tendresse qu’il sollicitait . Jamais il ne fera vraiment partie de cette famille de français , jamais il ne sera des leurs ; voilà ce dont il a conscience .
On peut alors penser que pour Laroui les différences culturelles ne sont pas un obstacle infranchissable entre français et marocains et si une barrière persiste entre eux, la faute en incombe aux français qui veulent bien coopérer même « copiner » mais pas se donner ! On retrouve ce thème dans un autre ouvrage de Laroui « La Vieille Dame du Riad »
Alors quelle est la part autobiographique de ce roman ? Question prévue par l’auteur qui affirme d’emblée « Ceci est un ouvrage de fiction ». Soit, mais impossible de nier les similitudes . Comme Medhi, Laroui est né au Maroc , comme lui, il a fait ses études au lycée français de Casablanca et comme lui il fut un excellent élève ! Et surtout il y a dans le roman des pages qui crient de vérité, expriment le souvenir du vécu ,comme la première rédaction ; la découverte du plaisir de raconter et celle d’obtenir la meilleure note… toutes choses qui ne s’ inventent pas surtout quand on connait le brillant cursus scolaire de Laroui qui fut certainement, lui aussi, le premier en rédaction !
Enfin, omniprésente dans le roman, la passion de la lecture, celle qui a tellement nourri l’esprit que dans toutes les circonstances on retrouve telle ou telle page d’un ouvrage . C’était le cas pour Médhi et certainement ce trait culturel était aussi celui de Laroui…
Bref , un excellent roman qui se lit tout seul, distrait et fait réfléchir…
Pour se faire du bien
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 25 septembre 2012
Par les temps qui courent, ce n’est pas plus mauvais de s’intéresser à l’autre avec un rien de chaleur dans le regard. D’autant que ce livre fait tant de bien à son lecteur : le faire sourire souvent par exemple.
Bel hymne à la littérature
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 21 décembre 2011
Petit à petit, le jeune garçon va devoir apprendre à décoder cet environnement inconnu et étrange. Lui qui vient d’un petit village et est issu d’une famille pauvre, va côtoyer les enfants des familles les plus aisées du pays. Et l’apprentissage ne sera pas toujours facile, car les enfants -- et les adultes -- savent se montrer railleurs et parfois cruels envers qui ne leur ressemble pas. Heureusement que Mehdi a son refuge de toujours, celui grâce auquel il a obtenu la bourse qui lui a permis de venir étudier dans ce lycée : la lecture.
Avec beaucoup d’humour et une tendresse touchante, Fouad Laroui nous offre un roman qui, bien que léger, met l’accent avec ironie sur des sujets qui ne le sont pas. Et c’est par le biais de petites scènes le plus souvent drôles, mais parfois graves aussi, qu’il évoque la suffisance et le racisme ordinaire dont est victime le jeune héros. C’est ainsi que le réveillon de Noël, que Mehdi passe dans la famille de son ami Denis puisque sa propre famille n’est pas venu le chercher, commence dans la bonne humeur pour se terminer sur un ton bien plus acide.
Ce livre est une jolie leçon, justement parce que l’auteur se garde bien d’en donner. Un joli moment de lecture, doublé d’un bel hymne à la littérature.
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