Mingus Mood de William Memlouk
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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In the mood
A la Nouvelle Orléans, une journaliste rencontre un vieux musicien de jazz dans l'espoir qu'il lui raconte quelques anecdotes de la vie de Charlie Mingus. La conversation s'éternise autour de son départ en 1957 vers le Mexique dans un vieux fourgon Ford avec quelques-uns de ses musiciens. A Tijuana, Mingus rencontrera son destin. Il y écrira son oeuvre majeure « Tijuana Moods », tentera de survivre à un amour impossible et découvrira les premier symptômes de la maladie dégénérative qui l'emportera vingt années plus tard. Né dans le ghetto noir de Watts, Mingus fut un enfant surdoué, puis un bassiste et un compositeur reconnu qui joua avec les plus grands (Louis Armstrong, Duke Ellington) avant de monter son propre orchestre et de tourner partout aux Etats-Unis dans un tourbillon d'alcool et de drogues diverses.
Comme son titre l'indique clairement, ce livre se veut une transcription d'impressions, d'ambiance (« mood ») et non la simple biographie d'un jazzman des plus célèbres de son époque. L'auteur présente en vrac quelques épisodes, quelques tranches de vie de l'artiste (sa rencontre avec une vendeuse de galerie d'art de Greenwich village, seul endroit aux Etats-Unis où juifs, blancs, noirs ou asiatiques pouvaient se côtoyer sans que cela pose de problèmes, son incapacité à assumer une liaison avec une femme blanche pour des raisons psychanalytiques (?), son refus de tout compromis avec une société raciste, illustré par son cri : «C'est de la merde! » devant l'exécution trop maniérée d'un morceau de jazz par un pianiste blanc devant un auditoire raffiné et admiratif, etc...) Malheureusement, le style narratif est lourd, répétitif, sans rythme ni logique chronologique. On comprend bien que l'auteur ait voulu rendre avec des mots l'ambiance si particulière de la musique du grand Charlie Mingus, mais comme toute entreprise chimérique cette mission impossible ne pouvait donner qu'un résultat décevant.
Citations : « Dieu créa les nègres américains et le diable leur donna leur talent de musiciens. »
« Moi, baby, je joue du jazz... du jazz contre l'Amérique... contre l'Occident... » Il sécha un autre verre de whisky et reprit en grimaçant : « … contre l'Occident et ces putains de mecs qui ont si mal fait... » Il passa le revers de la main sur les lèvres. « … le monde. » Il accéléra le débit de sa vois : « Moi, baby, je hais l'Amérique et tous ces connards bien pensants dont la vie n'est qu'un condensé d'ordures amassées au creux de leur nombril... »
Les éditions
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Mingus mood [Texte imprimé], roman William Memlouk
de Memlouk, William
Julliard
ISBN : 9782260019558 ; 1,77 € ; 18/08/2011 ; 252 p. ; Broché
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Tijuana blues
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 7 janvier 2012
Mingus mood est son premier roman.
Une sorte de biographie romancée du contrebassiste Charlie Mingus.
Plus exactement un hommage à ce musicien, réputé autant pour sa musique que pour son sale caractère.
Personnellement on était pas fan de jazz et on a eu beau jeter de nouveau une oreille sur quelques disques de Charlie à l'occasion de ce bouquin, cette lecture n'a pas changé notre écoute.
Mais cela ne nous a pas du tout empêché d'apprécier une superbe écriture.
Car ce premier roman est un sacré coup de maître.
Racontés par la voix d'un vieil ami de Charlie Mingus qui serait interviewé dans les années 80 juste après la mort de Charlie, les souvenirs, les errances, les douleurs, les concerts, les beuveries, les colères, les musiques, les compagnons ... et l'ombre des compagnes, de Charlie Mingus défilent sous nos yeux depuis les années 50.
L'épine dorsale du récit est une rupture amoureuse de Charlie à New-York. Pour fuir ses douleurs et ses démons, il entame un road-blues avec quelques compagnons de scène jusqu'à Tijuana à la frontière mexicaine. Cela donnera l'album Tijuana Moods.
[...] Figés dans un état de veille engourdi, je me souviens que nous l ainsi courir au rythme de ce décor - sans vie, sans eau, sans âme - nos pensées déliquescentes. En réalité, nous étions tous les cinq tributaires de la chaleur ... une chaleur hallucinatoire, lourde et lascive qui tombait du ciel comme la neige en hiver.
Pour redonner un peu de consistance à nos corps;, à nos consciences assoupies, je me souviens que l'un des musiciens décida d'ouvrir une bouteille de gin. Nous la fîmes circuler de mains moites et mais moites, y puisant à chaque rasade toute la fraîcheur qu'elle était en mesure de nous apporter.
Charlie Mingus boxe sa contrebasse comme il boxe la vie et cette histoire est celle d'un révolté, celle d'un écorché, celle d'un musicien atteint folie artistique, celle d'un homme et de ses amours impossibles, ...
Car Charlie Mingus est noir ... et la femme qu'il fuit est blanche.
[...] Je lui demandais soudain si nous nous rendions à Tijuana pour elle, et d'un timbre sans éclat il me répondit :
- Ouais, pour elle ... pour l'oublier.
[...] J'ai d'autres combats à mener ... des combats aux enjeux plus profonds, plus larges que l'amour ... et vous savez que pour concevoir ces combats, pour les accomplir, il me faut de la violence et du dépit ... de la haine, de la haine et du désordre.
On est à la fin des années 50 (Martin Luther King n'a pas encore eu son rêve) et Charlie est révolté par la place laissée aux noirs et à leur musique. Cette musique qui est à la fois son refuge, sa revanche et la seule façon qu'il a trouvée d'extérioriser ses démons intérieurs.
[...] Charlie l'arrogant, Charlie l'impoli, Charlie l'indomptable qui avait eu le malheur de naître noir et de n'être rien.
[...] Et si je vous disais que ce désordre m'inspire, qu'il coule en moi comme un putain de poison qui me nourrit, qui m'alimente ...
De très belles pages sur cet homme tourmenté.
Pour celles et ceux qui aiment les artistes.
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