L'écrivain de la famille de Grégoire Delacourt

L'écrivain de la famille de Grégoire Delacourt

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Isad, le 29 octobre 2011 (Inscrite le 3 avril 2011, - ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 128ème position).
Visites : 5 275 

Réalités d’une vie passée et lueurs d’espoir

Les petits chapitres très courts de 4 à 5 pages sont autant de fragments de la vie d’un homme et de sa famille qui jalonnent son histoire et celle de sa famille, de son enfance à sa maturité. Ils sont ponctués de paroles de chansons, de citations de films, de slogans publicitaires ou événements historiques.

Le livre raconte la réalité de la vie qui brise les naïfs rêves adolescents. Le regard n’est pas pour autant désabusé et présente aussi un petit côté émouvant qui laisse place à une confiance en un avenir meilleur.

Le narrateur, Édouard qui sera l’écrivain de la famille puisqu’il a écrit un poème à 7 ans. Mais son génie littéraire disparaît en grandissant et il trouve sa voie dans la publicité. Il gagne de l’argent que sa femme dépense mais n’est pas heureux pour autant. L’esprit de son père s’étiole, sa mère ne trouve pas le bonheur, sa sœur voit ses espoirs déçus. Des petits riens partagés avec une inconnue lui feront sentir qu’il pourrait améliorer sa vie qu’il trouve médiocre.

IF-1011-3796

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Vivre SA vie

7 étoiles

Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 70 ans) - 17 août 2021

En deux mots, j'ai lu avec grand plaisir ce livre. C'est surtout le style et l'humour que j'ai appréciés chez cet auteur car, au fond, l'histoire est presque banale, celle d'une vie, celle d'un homme.

Et me voilà replongée dans la vie d'une famille et de celle d'Edgar qui subit sa vie plutôt qu'il en est l'acteur. Mais n'est-ce pas aussi notre cas parfois, par une simple décision complètement anodine qui en entraîne d'autres plus importantes, de se laisser conduire sur des chemins que l'on n'avait pas vraiment choisis ? Seulement chez Edgar, cela dure et dure...

Sa vie sentimentale ? Mais qui parle de sentiments ?

Ce livre traite du carcan que représente la famille, des attentes des parents qui influent possiblement sur le choix de leur enfant.

Ne pas décevoir.... Oui mais faut-il toujours faire en fonction des autres et en oublier de mener SA vie ?

Les (jolis) mots pour le dire

10 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 3 mars 2013

Édouard est un enfant heureux. Le jour de ses sept ans, entouré de ses parents jeunes, beaux et amoureux, de son jeune frère (dont il ne dira le prénom qu'au dernier moment) et de sa petite sœur Claire, il déclame quelques vers puérils qui émeuvent la famille et qui lui confèrent le statut d'écrivain de la famille.
« Le bonheur n'était alors rien d'autre. Juste votre maman qui embrassait votre papa dans le cou en allant s'asseoir à table. Juste ça. »

Mais les années passent, et ce statut est difficile à assumer. Difficile aussi de voir ses parents s'éloigner, se séparer. Ce seront d'abord les mots qui cassent -vaisselle, assiette, cendrier- de deux parents qui se déchirent devant des témoins impuissants et malheureux.

La famille est maintenant éclatée. Et le « petit » frère ne peut plus rester avec les siens. Une autre séparation douloureuse pour tous, et surtout pour sa maman.
« Notre frère essaya de nous prendre tous les trois dans ses bras, il riait et chantait et ma mère pleura. La plume des doigts de géant vint cueillir une larme sur sa joue, la porta à sa bouche, l'avala. Claire chuchota.
-Il met maman dans son cœur. »

Ce sera ensuite l'arrivée au pensionnat où quelques graffitis lui feront prendre la mesure de la puissance des mots.
Des études de comptabilité, vite arrêtées, convaincu par Monique qu'il est fait pour écrire; Monique, sa co-locataire, sa femme, la mère de ses enfants.
Édouard, porté par le désir des autres, se prend cette fois-ci pour un véritable écrivain.
« Quelle ne fut pas ma joie extatique lorsque je découvris le chapitre sur l'art de jouer avec les mots. Il y recensait pas moins de huit catégories: l'homonymie, l'antanaclase, l'homophonie, la paronymie, les assonances, les allitérations, l'onomatopée et enfin l'homéotéleute. »

Les années passent au rythme des décennies, des chapitres. L'âge adulte réserve de mauvaises surprises plus souvent que des bonnes. Restent des moments de tendresse avec son père et de beaux échanges avec sa mère.

« Et puis nous sommes rentrés, le vent dans le dos cette fois et là, j'ai vraiment eu peur que ta sœur s'envole pour de bon...
C'était ça être votre maman, dit-elle, vous empêcher de vous envoler et vous rattraper si vous vous envoliez. C'était ça et c'était bien.... Comment dit-on à un enfant qu'on l'aime?
… Alors c'était ça être votre maman, c'était ça, laisser les cordes se briser?
Elle avait fait l'aveu le plus douloureux qu'il soit demandé à une mère de faire. »

Loin d'utiliser « un français pifométrique », Grégoire Delacourt nous berce dans ces vies banales, jouant de façon douce et poétique avec des mots touchants. Particulièrement émue par la confession d'une maman vieillissante, j'ai pris énormément de plaisir à cette lecture, comme une parenthèse de douceur d'une très belle écriture. Et je regrette de ne pouvoir manier les mots aussi bien que lui pour critiquer ce livre que j'ai tant aimé.

chaque vie est un roman, qu'on l'écrive ou non

7 étoiles

Critique de Prouprette (Lyon, Inscrite le 5 février 2006, 40 ans) - 25 novembre 2012

Que de tristesse ressentie dans ce livre!
Dès le départ, on sent la vie convenue, parce qu'il faut le faire, mais où on n'éprouve aucune joie, aucun bonheur. C'est lourd une vie comme celle-là. Et pourtant, on s'y retrouve un peu par moment...
Les choses "ratées" s'enchaînent du début à la fin, jusqu'à ce que le voile se lève, qu'on comprenne, qu'Edouard comprenne. On arrive à la fin du livre en l'imaginant vieux, la cinquantaine, pour avoir vécu tout ça...mais non, il n'a que 32 ans!!
Et la fille assise sur le capot arrive, il est jeune, il peut tout recommencer...on comprend dans les remerciements qu'il a tout recommencé, et on soupire de soulagement^^

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