Eloge de l'oisiveté de Bertrand Russell

Eloge de l'oisiveté de Bertrand Russell
( In praise of idleness)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Pistache, le 24 juillet 2002 (Bruxelles, Inscrite le 21 juillet 2002, 51 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 203ème position).
Visites : 7 220  (depuis Novembre 2007)

Un petit bijou de réflexion intelligente et humoristique à découvrir absolument

Dans ce petit livre de 35 pages, le philosophe Bertrand Russell nous fait l'éloge d'une journée de travail de 4 heures et nous démontre pourquoi le monde tournerait mieux si l'on suivait ce système, quels en seraient les multiples avantages. Ce livre fut publié pour la première fois en 1935 et à part quelques références à la Russie encore sous régime communiste, on pourrait croire qu’il vient d'être écrit, tant il semble moderne. Russell écrit dans un style très accessible et avec énormément d’humour. Ses théories ne se basent pas seulement sur une lubie d’oisiveté mais sur des concepts politiques, économiques, philosophiques, anthropologiques est psychologiques très sérieux. Néanmoins ce livre peut se lire d’une traite un verre à la main, au bord d'une piscine (pour s'imaginer déjà dans cette société « oisive ») sans problème ; pas besoin d'un dictionnaire ou d’autres livres de décryptage à côté de soi. Russell désacralise l'idée du travail-vertu et voit en celle-ci, héritée des années d'esclavage, la base de la plupart des maux de notre société. Petits extraits : « (.) il faut bien faire en sorte que les pauvres soient contents de leur sort, ce qui a conduit les riches, durant des millénaires, à prêcher la dignité du travail, tout en prenant bien soin eux-mêmes de manquer à ce noble idéal. » Ou : « De façon générale, on estime que gagner de l’argent, c’est bien, mais que de le dépenser, c'est mal. Quelle absurdité, si l'on songe qu'il y a toujours deux parties dans une transaction : autant soutenir que les clés, c'est bien, mais les trous de serrure , non. » Je trouve qu'on apprend énormément de choses dans ce tout petit livre dont l'humour en fait un petit bijou à découvrir absolument. D'autant que, -ce que je trouve très rare dans les essais en général-, Bertrand Russell va droit au but pour démontrer sa thèse, ne se perd dans aucune divagation pseudo-intellectuelle qui l’éloignerait de son propos, s'en tient à ce qu’il annonce et le fait magnifiquement bien ! (Combien de fois ais-je refermé un essai en ayant le sentiment que l'auteur n’avait rien démontré du tout sinon son envie qu'on le prenne pour quelqu’un d'intelligent). Dommage que cela soit si court ! Cela donne en tout cas envie de découvrir les autres écrits de ce philosophe.

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Anticipation du revenu universel ?

10 étoiles

Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 29 juillet 2022

Ecrit il y a 90 ans (1932), guère plus long qu’un article, se lisant en une petite demi-heure, il est frappant de sentir ô combien prémonitoire était la pensée du grand mathématicien et épistémologue dans ce texte. Lucide, direct, non sans humour, Bertrand Russell admet que les classes laborieuses sont manipulées par la propagande des riches et des puissants. En étant traitées à peine mieux que les esclaves du passé elles ont intériorisé l’idée que le travail est la valeur morale par excellence. Les partisans du revenu universel qui aujourd’hui prônent 15 à 20h de travail par semaine ne le disent pas mieux.

Etonnant d’actualité à 90 ans d’écart (d'après l'édition anglaise) - 3 janvier 2023
Les visions exprimées par l’aristocrate philosophe britannique pendant l’entre-deux-guerres ne manquent pas de sel. La version anglaise intégrale de cet « Eloge de l’oisiveté et autres essais »(1) donne une meilleure idée de la pensée étonnamment lucide, parfois caustique mais aussi joyeuse de Bertrand Russell que la traduction tronquée des précédentes éditions critiquées sur CL.
La valeur morale du travail pour inciter les classes populaires à se tuer à la tâche est mise en avant par les nantis prompts à défendre bec et ongles leurs privilèges. Dans le même ordre d’idée le savoir et l’humanisme comme buts éducatifs en démocratie ont cédé le pas à un enseignement purement utilitaire destiné à servir les intérêts de la classe capitaliste, en priorité ceux des industriels toujours prêts à la guerre.
Son allusion à la légende du roi Midas lui sert à démontrer l’inutilité de l’or, extrait par les mineurs d’Afrique du Sud contraints à grands renforts de souffrances, pour ensuite aller dormir dans les réserves des banques centrales occidentales. Son analyse du fascisme et du communisme non sans pertinence lui permet d’exprimer une opinion favorable à la social-démocratie, telle qu’elle se vit depuis la guerre froide.
(1) Introuvable autrement que d’occasion, maintes fois réédité entre 1935 et 1973, certains des 15 textes ayant été écrits dès 1928".
RUSSELL Bertrand – In Praise of Idleness – and other essays – 1935/1973 – 144 pages – Unwin Books - ISBN : 0043040020

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