Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hervé28, le 20 octobre 2011 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 31 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 000ème position).
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Lucile et moi.

Je pensais avoir tout lu sur les familles, leur secret, leur chronique, avec comme point d'orgue les romans d'Alexandre Jardin sur ses excentriques ancêtres.
Mais là, changement de décors avec Delphine de Vigan qui, à travers le portrait de Lucile, sa mère, nous transporte dans un monde presqu'irréel où la folie côtoie la mort (très présente dans ce roman), où l'insouciance et la fantaisie se mêlent à la tragédie.
Avant tout, le titre du livre "rien de s'oppose à la nuit" , emprunté à une chanson de Bashung , est bien trouvé.
Pour moi, la couverture de ce roman est l'une des plus belles de cette rentrée littéraire (Delphine de Vigan la décrit par ailleurs à la fin de son récit)
Formidable roman qui mêle à la fois création artistique, avec de nombreuses questions de l'auteur sur l'écriture de ce livre (un peu comme l'avait fait Laurent Binet avec "H.H.H "ou dernièrement Carrère avec "Limonov") et biographie tragique d'une femme hors du commun, Lucile, fille de Liane et Georges, très présents dans cet opus.
Roman bouleversant, parfois insoutenable- les morts d'enfants sont malheureusement légions - mais surtout bien écrit.
Vous ne sortirez pas indifférents de cette lecture.
Indispensable, vous dis-je.

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Bel hommage maternel

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 29 octobre 2023

Écrire ce roman a dû être une épreuve pour l’auteure, elle a réussi à la dépasser, même s’il est autographique, il est bien construit, il se déroule remarquablement, quel bel hommage à cette femme, cette mère, un vrai personnage de roman, un Bel hommage maternel.

Manifeste d'une "victime collatérale" d'inceste

6 étoiles

Critique de Steph_bzh (Gironde, Inscrite le 7 janvier 2023, 35 ans) - 7 janvier 2023

Roman intéressant montrant les nombreuses conséquences dramatiques créées par une famille dysfonctionnelle. Et ce sur plusieurs générations.

Il me semble rare et donc précieux de découvrir l'impact et les questionnements que peut avoir une victime indirecte de violence sexuelle. La douleur d'une petite fille qui voit sa mère partir à la dérive, perdue dans sa souffrance.

Ni conquise, ni déçue.

6 étoiles

Critique de Dixie39 (, Inscrite le 12 mars 2017, 54 ans) - 2 février 2018

Ni conquise, ni déçue. Juste le sentiment de n'être pas vraiment en phase avec les avis que j'ai lus sur ce livre. Certains y voient du voyeurisme, reprochant à Delphine de Vigan l'irrévérence de laver son linge sale sur la place publique. Pourquoi devrait-elle se taire ? Cela m'interpelle toujours, cette injonction au silence sur celui ou celle qui, au bout du compte, ne fait que dire ce qui est ou a été, pour tenter de se libérer de secrets trop lourds à porter et qui lui pourrissent la vie.

Redonnons à chacun ce qui lui appartient. Et si elle souhaite en faire un livre, pourquoi pas ? Libre est l'auteure.

"toute tentative d'explication est vouée à l'échec. Ainsi devrai-je me contenter d'en écrire des bribes, des fragments, des hypothèses.
L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire."

Voilà le sentiment que j'ai eu en lisant Rien ne s'oppose à la nuit, cette impression que Delphine de Vigan, par procuration, s'attachait à libérer la conscience de sa mère de tout ce qui l'a conduite à mettre fin à ses jours, avant de s'attaquer à ses propres souvenirs et ressentis. Elle sème au fil des pages, tout ce surplus d'angoisse, de rancoeur et de peine, pour tenter de s'en débarrasser. Faire la paix avec et pour Lucile. Et il en faut du courage…

"J'écris Lucile avec mes yeux d'enfant grandie trop vite, j'écris ce mystère qu'elle a toujours été pour moi, à la fois si présente et si lointaine, elle qui, lorsque j'ai eu dix ans, ne m'a plus jamais prise dans ses bras."

D'aucuns ont loué cette ode à la mère, cette déclaration d'amour à celle qui l'a mise au monde. Je peux comprendre. Mais je n'ai pas vraiment ressenti cela.

Je ne dis pas que l'on ne peut aimer une mère stone du matin au soir, que vous devez prendre en charge à l'âge où d'autres jouent encore à la poupée ; je ne dis pas que Lucile est responsable, elle a fait comme elle a pu avec cette vie qui fut la sienne et cette bipolarité qui la faisait passer de l'euphorie à la dépression, sans pouvoir s'échapper de cette spirale infernale. Je ne dis pas que Delphine de Vigan n'aimait pas sa mère, mais plutôt qu'elle en a fait son deuil.

Celui de la mère réelle ? de la maman rêvée ? Se consoler avec l'idée que si elle n'a pas su (pu) être mère, elle a été une grand-mère extra.

"Un jour Lucile partirait, elle quitterait le bruit, l'agitation, le mouvement. Ce jour-là, elle serait une et une seule, distincte des autres, ne ferait plus partie d'un ensemble. Elle se demandait souvent à quoi ressemblerait le monde, ce jour-là, s'il serait plus violent, ou au contraire plus clément."

Ce qui m'a émue :

"Posée au-dessus des sacs et des cartons, trônait la pancarte "Pelouse interdite" de la résidence de Lucile, dont le pied était couvert de terre. A la demande de mes enfants, Mélanie, qui n'est pas du genre à reculer devant la transgression, l'avait arrachée.

Ma fille m'a expliqué, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, l'hommage qui était le leur.
- Grand-mère Lucile voulait la piquer, alors on l'a fait."

Roman, Autofiction, Biographie, « autorographie », … ?

4 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 26 juillet 2016

Difficile à classer, puisqu’il s’agit à la fois de la relation de ce que Delphine de Vigan a pu trouver sur sa mère, Lucile, après la mort de celle-ci, mais aussi de passages qui pourraient avoir été modifiés, enjolivés, dramatisés pour rendre l’histoire plus chatoyante.
Une chose est sûre ; c’est bien de Lucile, sa mère, dont il est question.

« Je ne sais plus quand est venue l’idée d’écrire sur ma mère, autour d’elle, ou à partir d’elle, je sais combien j’ai refusé cette idée, je l’ai tenue à distance, le plus longtemps possible, dressant la liste des innombrables auteurs qui avaient écrit sur la leur, des plus anciens au plus récents, histoire de me prouver combien le terrain était miné et le sujet galvaudé, j’ai chassé les phrases qui me venaient au petit matin ou au détour d’un souvenir, autant de débuts de romans sous toutes les formes possibles dont je ne voulais pas entendre le premier mot, j’ai établi la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter à moi et des risques non mesurables que j’encourais à entreprendre un tel chantier. »

Une mère qui souffre de bipolarité, à la grande beauté est-il dit, à la vie compliquée. Une mère au sujet de laquelle Delphine de Vigan finit par mener une enquête, de proximité, auprès du restant de la famille, de proches, pesant le pour, pesant le contre, prenant un parti, forcément …
On pense à « Pays perdu », de Pierre Jourde ou « Un roman français », de Frédéric Beigbeder, dans cette veine d’autofiction. Hélas ça tire plutôt côté « Un roman français » à mon goût. On pense aussi à « Où on va Papa », de Jean-Louis Fournier ou « La folie en tête », de Violette Leduc. Hélas ça tire plutôt toujours côté « Un roman français ».
J’hésite à saluer un tel travail, je ne suis pas sûr de l’apprécier à sa juste valeur. De même que je ne suis pas sûr de sa valeur réelle … En la matière, je préfère le roman pur et dur.

Un exutoire

8 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 28 juin 2016

Avant d'entamer cette lecture, au vu du thème abordé, j'avais crains d'y lire un déballage de confessions impudiques.
Mais c'est finalement une lecture puissante et authentique que j'ai découvert.

Dans un style harmonieux et fluide, les mots se sont déroulés petit à petit sous mes yeux, dans un récit des plus humbles, alors même que les thèmes abordés sont d'une brutalité terrible.

Delphine de Vigan tente donc de retracer l'enfance et le parcours de vie de sa mère, tout en cherchant une forme de compréhension de sa propre histoire familiale. J'ai apprécié ces alternances entre récit familial et réflexions de l'auteure. Loin d'être une entreprise facile, on pourrait même la qualifier d'enquête. Car l'auteure n'a de cesse de chercher, questionner, interroger (les autres et puis elle-même), tout en évitant le jugement qui serait si facile en de telles circonstances.

Le ton est donc donné dès le départ, la mort et la souffrance seront le fil rouge de ce récit. Pourtant, la narration ne nous conduira jamais dans le pathos ou le sordide. Le style est à la fois distancié et lapidaire, mais on sent poindre l'émotion à fleur de peau, ou de lignes devrais-je dire. C'est une histoire saisissante, criante de vérité, qui nous parle donc, et qui comme toute histoire a sa part d'ombre.

A mon sens, le style de l'auteure est décent et sincère. Son ton intimiste incite à la confidence. On y sent toute l'énergie et le courage déployés par Delphine de Vigan. Pour toutes ces raisons, c'est un livre attachant, émouvant, poignant et épatant.

Après en avoir refermé les pages, c'est une oeuvre qui continue à nous hanter longtemps. Pourtant l'ouvrage est loin d'être parfait : manque d'éclairage, vérités non dévoilées etc... mais il ne peut laisser indifférent.

Un véritable page turner dont il serait dommage de passer à côté.

Merci pour ce moment...

3 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 19 mai 2016

Dans cette veine de l’autofiction qui décidément représente désormais l’alpha et l’oméga de la littérature française contemporaine, Delphine de Vigan se surpasse avec ce roman en collectant tous les éléments qui en font un « must » du genre (j’ai lu plus bas que certains lecteurs s’interrogent sur le terme même de « roman »... on peut supposer que ces écrivains en mal de sensationnalisme, afin de rendre leur propos plus « bankable » enjolivent certains passages de leur vie ou, plus exactement noircissent certains aspects de leur expérience afin de coller à l’air du temps de façon plus concrète, plus fidèle, d’où le terme de « roman »). Tout y est en effet : ... accidents, famille apparemment soudée, inceste, non-dits, secrets enfouis dans l’inconscient collectif, positions politiques pas très nettes... on a l’ensemble des poncifs qui font d’une histoire finalement assez banale un bon drame propre à faire pleurer dans les chaumières.
Rajoutons le traditionnel couplet lié au drame de l’écrivain face aux tourments de son métier et on a un livre qui peine à s’élever au-delà de la simple transcription d’une émission de Mireille Dumas. Non, ce roman n’en est pas un, il n’est même pas un document autobiographique de qualité dans la mesure où l’auteur avoue volontiers que certains des faits qu’elle rapporte ne sont pas confirmés, que l’histoire familiale est parfois fantasmée, inventée, enjolivée ou exagérée à dessein.
Bref, tout ceci est bien médiocre... on nage dans le marasme d’un récit poisseux, écrit sans style ni humour... et plus grave, par un écrivain qui se prend très au sérieux. Thérapie pour D.de Vigan ? Voyeurisme gratis offert au lecteur ? La littérature populaire en France n’est décidément pas à mon goût... quel est l’intérêt de prolonger par la lecture ce que les chaînes hertziennes renvoient tous les jours aux téléspectateurs ?

Bouleversant

6 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 11 novembre 2015

Livre pudique sur la mère de l’écrivain, Lucile. J’imagine combien il lui a été difficile d’écrire sur ce sujet, sans épargner les membres de sa famille. Un travail douloureux mais nécessaire pour comprendre sa propre vie, son envie et son besoin d’écrire et par-dessus tout, faire le deuil de sa mère. Une mère qu’elle n’a pas toujours comprise, internée dans un hôpital psychiatrique à plusieurs reprises, et qui a tenté de refaire surface.
En nous contant l’enfance de Lucile à travers les nombreux témoignages de son entourage qu’elle est parvenue à recueillir, Delphine de Vigan essaie de la comprendre, de ressentir sa douleur, sa détresse. Lucile a été de toute évidence marquée par de multiples tragédies familiales. De nombreux textes découverts après sa mort et écrits de sa plume permettent à l’auteur de compléter son portrait et de comparer sa génitrice au peintre Gérard Garouste, atteint sensiblement des mêmes symptômes. Un hommage maternel bouleversant, ponctué de reproches et d’amour.

super !

10 étoiles

Critique de KAROLE (, Inscrite le 9 février 2010, 49 ans) - 10 décembre 2014

La première autobiographie que j’aime vraiment, plus que réussi, car pour une fois l’écriture est parfaite, sans ennui bien au contraire, je l'ai dévorée.
Un témoignage en toute pudeur, car elle ne veut pas blesser sa famille et entacher l image de sa mère mais veut rester au plus près de la réalité.
J’ai été touchée car parfois on peut reconnaître notre propre famille dans ce récit et toutes les familles ont leurs secrets, leurs non-dits et leurs souffrances qui font l'adulte que nous devenons. Ce livre donne beaucoup d'émotion.
Je le conseille vivement.

Exorciser le malheur

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 6 avril 2014

Difficile de s’opposer à la nuit que le néant symbolise. La poussée vers le néant, le suicide.
Delphine de Vigan a connu le succès avec son roman No et moi qui obtint le Prix des Libraires en 2009 et fut adapté au cinéma. Rien ne s’oppose à la nuit fut couronné plusieurs fois : Prix du roman Fnac, Prix du roman France Télévisions, Prix des Lycéens, Prix des lectrices de Elle.
Le personnage central du livre est incontestablement Lucile, la mère de la narratrice, mais son horizon s’élargit sur une saga familiale de Georges et Liane, ses grands-parents jusqu’à ses enfants. Mais quelle vie sombre : de multiples suicides, des maladies, une anorexie, l’inceste et surtout le mal-être de sa mère Lucile atteinte de périodes de folie ; la drogue et l’alcool complètent le tableau. Et pourtant, une grande tendresse ressort de la lecture : c’est noir mais l’humain transpire à chaque page.
Delphine de Vigan nous livre sa vie mais avec beaucoup de pudeur. L’accrochage du lecteur se réalise de façon originale : c’est d’abord sa mère qui apparaît mais ensuite on la retrouve dans son effort de construire une biographie. Ce n’est pas simple car les souvenirs s’estompent et les personnes de son entourage rencontrées pour les ressusciter revoient des tranches de vie qui les font souffrir.

Pour exorciser le départ d'un proche

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 15 août 2013

La déchéance d'un proche représente un drame, et il s'avère bien difficile de la décrire, sans tomber dans la trivialité, le glauque, voire le sordide. Ce roman, tout au contraire, est porteur d'une grande sensibilité, en restant assez pudique. L'auteure montre le courage de sa mère pour aménager sa perte d'autonomie, les efforts que sa famille peut faire, après les difficultés sociales qu'elle a pu connaître. Ce cycle d'aléas, de petits bonheurs et de grands moments de difficultés est exposé avec ses vagues à l'âme, ses pauses et respirations.
J'ai eu du mal à me convaincre d'ouvrir ce livre, l'appréhension était forte, en raison d'une expérience récente délicate. Les descriptions sont assez fines, même si cette autobiographie familiale reste dure à découvrir.
Cela a bien fait écho en moi avec le livre cité dans celui-ci, L'Intranquille, où, dans un entretien, l'artiste Gérard Garouste fait état à une journaliste de ses problèmes médico-sociaux, assez lourds. Et le titre me rappelle une chanson forte, également.

C'est un bon livre, qui peut permettre d'exorciser le départ d'un membre proche de sa famille ; mais il reste à utiliser avec précaution.

Oeuvre marquante

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 21 mai 2013

Loin du romanesque, on est dans la description d’un drame familial qui, comme je peux le comprendre, peut en exaspérer certains. Cependant, le niveau d’écriture et la capacité de l’auteur à captiver le lecteur permettent d’affirmer que Delphine de Vigan a produit ici une œuvre à la fois remarquable et utile, certes pour elle, mais aussi pour les amateurs de très bonne littérature.

Cet ouvrage prenant et fort sera conservé dans ma bibliothèque et je le relirai certainement un jour.

Les deux références à des ouvrages mentionnés par l’auteur évoquant d’une part une situation similaire, « Le Chagrin » de Lionel Duroy et surtout « L’inceste », de Christine Angot, ne sont a priori pas à conseiller à la lecture (sources : www.critiqueslibres.com).

En outre, la comparaison avec Alexandre Jardin faite dans la critique principale pourrait être pertinente bien que le ton humoristique de Jardin et son style n’ont rien en commun avec celui de l’auteur, qui ne fait pas un seul moment dans la fiction tout en gardant une certaine pudeur notamment lorsqu’elle évoque le comportement de son grand-père.

Jardin est avant tout dans l’histoire largement romancée alors qu’ici on est dans le réel pur et dur sans une seule fois sombrer dans le sensationnel ou le sordide.

Un bémol tout de même, c’est la manie que l’auteur à de se justifier à la fois de ses options littéraires et les motifs qui l’ont poussé à raconter tel ou tel épisode. J’estime qu’une préface est davantage adaptée à ce genre de commentaires et non le corps même du texte.

surprenant

10 étoiles

Critique de Mel38 (, Inscrite le 4 mai 2013, 37 ans) - 4 mai 2013

J'ai hésité à me lancer dans un livre à tendance autobiographique. Je craignais de trouver du pathétique ou un récit autocentré ne présentant un intérêt que pour son auteur.
Mais j'ai été incroyablement surprise par le style de DDV qui réussi ce pari risqué en nous tenant en haleine sur un récit si émouvant de la vie d'une mère à travers les yeux de sa fille.
A aucun moment l'auteur ne se fourvoie sur la part de subjectivité que sous tend un tel travail.
Ce travail m'a semblé si intéressant qu'il m'a donné envie de faire de même... idée abandonnée par absence de talent!

J'ai adoré

10 étoiles

Critique de Jaimeoupas (Saint gratien, Inscrite le 4 octobre 2010, 52 ans) - 26 février 2013


Ecrire l'histoire de sa mère pour se rapprocher d'elle et la comprendre un peu mieux.

Ce livre est un petit bijou d'amour et d'espérance.

Malgré les épreuves, malgré les troubles psy, malgré les drames, rien n'est définitif.

Bravo à l'auteur d'avoir su livrer avec autant de vérité et de justesse, la fragilité de sa mère et la force qu'elle en a tirée.

C'est rare que je pleure dans un livre mais Delphine de Vigan a trouvé les mots.

Un roman ?

4 étoiles

Critique de Valotte (, Inscrite le 31 décembre 2011, 60 ans) - 23 décembre 2012

Mais pourquoi donc appelle-t-on ce livre un « roman » ?

Ce livre est un récit, se voulant le plus fidèle possible et reposant sur une enquête minutieuse, de l’histoire de la mère de l’auteure et de sa famille. C’est un témoignage, l’auteure se reposant en grande partie sur ses propres souvenirs et sur la façon dont elle a vécu cette histoire. En supplément, sur le mode du journal intime, elle introduit régulièrement dans son texte ses réflexions sur sa démarche d’écriture, sur sa difficulté, ses hésitations à consulter les documents, les effets que cela lui procure.

Un roman est une œuvre d’imagination. Même lorsqu’il repose sur des faits autobiographiques, il est structuré autour d’une intrigue, d’un scénario, d’une démonstration, d’un fil conducteur. Pour cela il doit s’affranchir de l’exactitude des faits.

Lesté par l’effort de reconstitution fidèle, le récit de Delphine de Vigan est linéaire, laborieux, répétitif. Malgré le caractère particulièrement dramatique de l’histoire de cette famille, j’ai été rarement émue et me suis même un peu ennuyée (je ne suis pas la seule, mon amie S. n’a pas pu le finir, « il lui est tombé des mains »). Les réflexions personnelles sur sa démarche d’écriture ne présentent aucun intérêt. La réalité est souvent plus incroyable que la fiction, et de nombreuses familles ont des histoires dramatiques et invraisemblables – pour reprendre un terme que l’auteure affectionne. Mais ce qui rend un récit captivant, émouvant, ce qui lui donne du corps, de la profondeur, bref, ce qui en fait un roman, est étonnamment absent. Et c’est très frustrant. Car tout de même, que de matière : des morts d’enfants, de l’inceste, la folie d’une mère avec ses effets sur le rapport mère-fille, les suicides…et la fin, tellement horrible.

Je salue l’exercice d’exorcisation personnelle et familiale. Il suscite au passage une envie voyeuriste d’en apprendre plus sur cette famille, quels sont les vrais prénoms des personnages, si la publication a semé la zizanie...ce qui renforce mon impression que ce texte est surtout important pour ses protagonistes. Il a dû faire beaucoup de bien à l’auteure, pas seulement par le succès qu’il lui a apporté.

Ah oui…le succès…après tout il prouve qu’il a su toucher d’autres que moi.

Sinon, bravo pour le titre et pour la photo de couverture, bien jolie...

Sublime

10 étoiles

Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 5 décembre 2012

C'est le mot qui vient en premier après la fermeture de ce sublime livre . Un portrait plein d'amour pour une mère torturée , atteinte de troubles bi-polaires . Delphine de Vigan nous narre l'histoire de sa famille , les drames qu'elle a traversés, les secrets , les non-dits.
Récit poignant dont on ne sort pas indemne.
Un succès commercial mérité

Hommage

6 étoiles

Critique de PA57 (, Inscrite le 25 octobre 2006, 41 ans) - 3 novembre 2012

Ce livre est un roman, presque une autobiographie de Delphine de Vigan, qui a été dans la liste des nominés au Goncourt en 2011.

C'est le premier livre de cette auteure que je lis, c'est donc une découverte pour moi.

Lucile, la mère, est issue d'une famille nombreuse dans laquelle les parents, bien qu'aimant leurs enfants, ne peuvent pas prendre le temps de bien connaître et de s'occuper de chacun d'entre eux. C'est donc les aînés qui s'occupent des plus jeunes. Lucile, dès son enfance, est un peu à part : elle est très calme, presque renfermée. C'est une très jolie enfant, qui fait des photos de mode. Mais il va y avoir deux drames dans cette famille, pendant l'enfance de Lucile. Une fois adulte, Lucile est une femme déséquilibrée, bipolaire, qui va être internée plusieurs fois. Cette bipolarité est-elle due à son enfance, avec des parents assez absents et ces deux drames familiaux? Delphine de Vigan ne répond pas à cette question, mais expose les faits, tels qu'ils ont eu lieu. Il est d'ailleurs difficile pour elle d'écrire ce livre, elle s'en rend quasiment malade.
Lucile alterne entre des phases de guérison apparente et des phases de rechute, sous les yeux des ses deux filles, impuissantes. Lucile semble obsédée par la mort et le suicide. Autour d'elle, beaucoup de personnes se suicident, que ce soit dans la famille ou parmi ses amis.

"Rien ne s'oppose à la nuit" est un roman que j'ai apprécié car celui-ci rend hommage à la mère de l'auteure. Comme le témoignent les chapitres consacrés à l'histoire de l'écriture du livre, son écriture a été très difficile psychologiquement, mais en même temps nécessaire. C'est ce côté que j'admire beaucoup. Par contre, au niveau littéraire, j'ai beaucoup moins apprécié. Le style d'écriture, sans être mauvais, n'a rien d'extraordinaire.

Auto-psychanalyse publique

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 3 juin 2012

L’auteure raconte Lucile, sa mère, la difficulté d’écrire un livre sur cette femme et de mettre à nu les histoires familiales, leur attente et leur crainte de ce que sera le livre.

Lucile est une belle petite fille blonde qui fait des photos de mode dans une fratrie de 9 enfants. Elle a une présence physique mais un regard absent. Elle décrit leurs différents lieux d’habitation et ceux des rassemblements familiaux périodiques.

Ce faisant, l’auteur nous parle en creux d’elle même et de sa sœur, de ses précédents livres, son anorexie adolescente qui entraine une absence de sensation et donc de souffrance, de son licenciement après 11 ans pour ne pas avoir voulu suivre la nouvelle stratégie de l’entreprise où elle travaillait et utilisait l’analyse de contenu d’entretien et de celui qui est le père de ses enfants.

Ce qui est étonnant dans cette famille, c’est qu’il y a toujours un grenier ou une cave, chez l’un ou chez l’autre qui contient les paquets de lettres conservées ou des cassettes enregistrées. La mort par accident mais surtout par suicide rôde à de nombreuses reprises. La maladie bipolaire aussi dont Lucile est atteinte.
Sous couvert de l’histoire d’une vie, il s’agit d’une sorte d’autobiographie, racontée et publiée pour exorciser une peur de n’avoir pas pu empêcher un suicide, de comprendre ses propres réactions, le dévoilement de secrets ou de faits illicites.

IF-0512-3893

Un hommage magistral à celle qui voulait « écrire sa mère »

9 étoiles

Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 27 mars 2012

En 2008, Delphine de Vigan découvre le corps sans vie de Lucile, sa mère, qui s’est suicidée. Après le traumatisme dont elle a eu beaucoup de mal à se remettre, elle décide de se lancer dans une entreprise homérique qui a pour but de l’éclairer sur ce qui a emmené Lucile à se donner la mort.
Elle revient donc sur son histoire familiale.
Lucile faisait partie d’une famille de 9 enfants, une famille que Delphine de Vigan décrit ainsi : « Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui, je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence ».
Effectivement la tribu dont est issue Lucile, est plus que spéciale mais en la décrivant Delphine de Vigan met surtout en exergue la difficulté de trouver sa place et de se construire dans une grande fratrie.
J’ai été très touchée par la manière qu’a l’auteur de nous décrire Lucile, une femme aussi traumatisée qu’elle était belle. Une beauté qui fut presque vécue comme un fardeau car Lucile, souffre d’une maladie diagnostiquée tardivement, elle est bipolaire. La peur est très souvent présente tout au long du récit car dès son plus jeune âge, Lucile a peur, peur du monde qui l’entoure, peur des dangers qui rôdent partout autour d’elle et des siens. « Lucile était un rempart de silence au milieu du bruit »
J’ai trouvé également très intéressante toute la partie sur le travail de l’écriture car ici Delphine de Vigan se sert des mots pour soigner les maux. Elle entreprend ce livre comme on entreprend une véritable thérapie, avec une investigation très poussée où elle confronte tous les souvenirs familiaux. Les nombreux témoignages diffèrent parfois d’où la peur de coucher des mots sur le papier qui ne seraient pas la VERITE, mais il n’y a parfois pas qu’une vérité mais des vérités car tout change selon les points de vue.
Pudeur, crainte, silence, non-dits, chagrins et blessures se côtoient dans ce récit poignant car des drames successifs surgissent dans cette famille nombreuse et chaotique.
Devenue mère à son tour, Lucile aura de plus en plus de mal à supporter les dénis familiaux et la maladie fera le reste.
La démarche de Delphine de Vigan est touchante et profondément courageuse et après ce livre je comprends beaucoup mieux la sensibilité qui l’habite et qui m’avait déjà profondément touchée dans No et Moi.

intéressant mais... un peu décevant !

6 étoiles

Critique de Francesca (, Inscrite le 20 juillet 2010, 70 ans) - 21 mars 2012

J'ai trouvé beaucoup de plaisir à lire la première partie... Dans celle ci DDV est obligée de combler des "blancs", d'imaginer les réactions de Lucile enfant. Et c'est cette partie en grande partie fictionnelle qui est à mes yeux la plus réussie, en particulier avec la figure de Liane.
Ensuite, DDV devient partie prenante de l'histoire. Il y a ses souvenirs d'enfant et ses réinterprétations d'adulte... cela manque un peu de profondeur, tout comme ses interrogations d'écrivain... En dépit de très bons passages, l'ensemble est un peu plus décousu, les dernières années se bousculent, le style se relâche (l'adjectif "invraisemblable " revient régulièrement à quelques pages d'intervalle... on a échappé peut-être à "improbable" encore plus branché...)
Le voyeurisme de toute cette partie devient un peu malsain avec des suppositions et des questions sans réponse... la récurrence familiale du suicide reste floue...
Intéressant mais un peu décevant quand même !

Magnifique

10 étoiles

Critique de Marie33 (Le Médoc, Inscrite le 1 octobre 2010, 58 ans) - 14 mars 2012

Après le suicide de sa mère, Lucile va faire les recherches afin de comprendre pourquoi. Depuis l'enfance de sa mère jusqu'à ce jour ce jour où elle décide de mettre fin à sa vie.
Trés tôt cette femme a été confrontée à la mort, une vie bien difficile qu'a eu cette femme. Un roman très touchant avec beaucoup de souffrance, mais bel hommage pour sa maman.
J'adore les ouvrages de Delphine de Vigan.

Un bel hommage à sa maman

9 étoiles

Critique de Marsup (, Inscrit le 22 octobre 2009, 48 ans) - 12 mars 2012

Que dire de plus que ce qui précède ?

Ce livre est magnifiquement écrit et, outre la thérapie (comprendre pour faire son deuil) qu'il constitue pour Delphine de Vigan, est un très bel hommage d'une fille à sa mère.
Il permet de découvrir l'être humain sous ses aspects les plus sombres (secrets inavoués et dépendances notamment) mais aussi les plus beaux (l'Amour).
Ce roman, très noir, est tout simplement bouleversant !
Je le conseille fortement mais il est à lire dans une période où tout va pour le mieux...
Dépressifs s'abstenir...

un peu trop pathétique mais pas trop mal

6 étoiles

Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 41 ans) - 7 février 2012

Avec "Rien ne s'oppose à la nuit", Delphine de Vigan mène une véritable investigation dans sa propre famille. A travers le personnage de Lucile ( et non pas "maman" ou "mère"), on se balade au fil temps et les membres de la famille, dans un univers empreint de folie macabre.

Le style d'écriture de l'auteure est volontairement placide. L'histoire familiale est passée et l'on ne peut être que spectateur de son passé, qu'il soit glorieux ou blessant. Un peu à la manière de Philippe Claudel ou d'Emmanuel Carrère, Delphine de Vigan pose une atmosphère dérangeante où règnent la Mort et la déchéance.

Mais le problème c'est qu'au bout d'un moment, on commence à trouver un peu chargé ce côté macabre. L'histoire de l'auteure est tellement glauque qu'on peine à croire à toutes ces tragédies.

Delphine de Vigan est trop noire dans ce roman et cela nuit par moment à la force du roman. On perd toute notion du réel tant les nouvelles blessures s'ouvrent les unes à travers les autres.

Comme j'ai pu le lire plus bas, le problème de l’autobiographie ne se pose pas ici vu qu'il y a une prose, une description littéraire et une atmosphère: conditions suffisantes pour qualifier cette oeuvre de "littéraire".

Certes, il y a une part de voyeurisme dans "Rien ne s'oppose à la nuit", mais la lecture n'est-elle pas un acte voyeuriste?
Après, si la prose n'avait pas été bonne, le roman aurait vite basculé dans le voyeurisme comme on ne l'aime pas, c'est à dire celui de la curiosité évènementielle peu distrayante ni constructive.

Même si je ne le relirai pas, je dois avouer que c'est un livre potable.

dur mais magnifique

8 étoiles

Critique de Gardigor (callian, Inscrit le 27 avril 2011, 47 ans) - 12 janvier 2012

Mon 1er livre de Delphine de Vigan et certainement pas le dernier car ses mots ont sonné justes et cette autobiographie est très soignée dans l'écriture.
Certes le sujet est très difficile et certains passages sont très durs mais ça reste une lecture bouleversante.

Un portrait de mère hors norme !

7 étoiles

Critique de Oops (Bordeaux, Inscrite le 30 juillet 2011, 58 ans) - 7 janvier 2012

Dans ce récit autobiographique, Delphine de Vigan a choisi de parler de Lucille, sa mère qui s'est suicidée il y a peu. Elle interroge les frères, les sœurs et l'entourage de celle-ci pour essayer de comprendre cette femme bipolaire belle et sombre, dont l'enfance au premier abord heureuse fut en faite marquée par nombre de faits tragiques. Mère de deux enfants, Lucille aura bien du mal à supporter les dénis familiaux, l'alcool, la drogue, la maladie vont finir de l'isoler de ce monde et c'est avec lucidité que l'auteur affronte les non-dits qui lui permettront de faire son deuil et de poser un autre regard sur cette mère bien peu commune ! Un peu comme l'avait fait Annie Ernaux, je trouve la démarche courageuse et sans doute salvatrice pour ces auteurs confrontés à des mères un peu fantasques au destin tragique. On comprend d'ailleurs ici toute l'influence qu'a eu Lucille sur le choix des thèmes des écrits de l'auteur. Malgré tout ces récits restent très personnels et j'avoue être restée assez indifférente devant tout cet étalage de désoeuvrement bourgeois même si l'écriture de l'auteur reste toujours aussi sincère.
"Le doute est un poison."

Si ce n'était pas une autobiographie

5 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 28 décembre 2011

A la manière d’Albert Cohen (Le livre de ma mère) ou plus récemment de Jean Louis Fournier (Où on va Papa ?) Delphine de Vigan rejoint avec ce roman autobiographique le clan des –nombreux- écrivains qui décrivent leur famille. L’entreprise est bien définie par Delphine qui entre 2 récits de sa famille nombreuse sur plusieurs générations nous glisse quelques réflexions assez banales sur la difficulté d’écrire, particulièrement sur les siens. Je vois dans cette démarche et surtout dans le succès que rencontre le livre un peu de voyeurisme. Doit-on juger la qualité de roman en tant que tel, ou bien la démarche autobiographique, ou bien encore l’évolution de cette famille ?
D’un point de vue romanesque, le style est complètement plat. Ca se lit bien, c’est assez intéressant pour poursuivre, pas assez pour vraiment apprécier. L’histoire est racontée de la manière la plus simple ; chronologiquement, si ce n’est quelques petits sauts dans le futur agrémenté d’un « j’y reviendrais » de la narratrice assez redondant et agaçant.

Quant aux autres points de vue que peut suggérer cette lecture, on serait tenté de vouloir en parler, tant Delphine de Vigan tente sans cesse de se justifier sur cette entreprise, sur le caractère subjectif de l’histoire qu’elle nous livre, bien que souhaitant être la plus fidèle possible aux faits. Mais cela dépasse peut-être la critique du livre et reviendrait à se questionner sur le pouvoir dérangeant de l’écriture autobiographique lorsque celle-ci concerne toute une famille – une famille dans laquelle beaucoup de lecteurs peuvent peut-être se reconnaitre.

Douloureux et rédempteur

9 étoiles

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 24 décembre 2011

Ce texte inclassable, entre psychothérapie et tragédie, autobiographie et biographie, enquête minutieuse et intime conviction, extrapolation et souvenirs, est à la fois très personnel et universel. Tout au long de ces 430 pages, le lecteur accompagne Delphine de V, sur le chemin tortueux qui va la conduire à sa mère, à travers l’écriture d’un message qu’elle veut lui adresser par delà la mort.

C’est une épreuve douloureuse mais néanmoins rédemptrice à laquelle se livre l’auteure dans cette quête minutieuse de toutes les infimes traces laissées par Lucile de l’enfance à la mort dans les souvenirs et les archives familiales (photos, textes, confidences, cassettes audio, films, archives télévisuelles…) qui vont la mener à « sa » vérité sur sa mère et ainsi l’aider à en « faire le deuil ».

A mon sens, central dans cette histoire, et constituant le pivot autour de quoi tout bascule, l’ombre destructrice de l’inceste constitue une clé qui n’ouvrira aucune boîte de Pandore, puisque maintenu dans un déni généralisé, tabou absolu, la grand-mère donnant le ton !
Il éclaire d’une lueur assez glauque l’enchevêtrement psychologique complexe dans lequel se débattent tous les membres de cette famille. En résonance plus ou moins forte avec nos émotions, selon le degré de similitude de ce parcours avec le nôtre, ce texte indispose, irrite, ennuie, émeut, bouleverse tour à tour le lecteur, poignant témoignage de tout ce que le huis clos familial peut occulter et surtout de la manière dont il impacte nos destins.

La description de la bipolarité de la mère m’a particulièrement touchée par sa justesse et sa force…
Le texte est construit en trois parties. La première, celle de l’enfance de Lucile, m’a un peu lassée, (trop d’enfants, trop d’événements décousus en bribes, du mal à m’intéresser à tous ces gens…) C’est à mes yeux la deuxième partie décrivant l’enfance déstructurante de l’auteure au côté d’une mère bipolaire qui font de ce livre une œuvre profonde autour du sentiment d’amour-haine et de culpabilité destructrice qui relie DDV à sa mère. La troisième partie est bouleversante.

Sur un thème proche, je n’ai pas aimé « Le chagrin » de L. Duroy, (voir critique Chagrin ....et ennui... sur ce site) règlement de compte sûrement assez dévastateur, édité en dépit d’une famille qui d’ailleurs ne lui pardonne pas vraiment.

DDV qui d’ailleurs y fait allusion, a su trouver quant à elle, un ton, une délicatesse, une douceur mais surtout un courage qui manquent au premier…

THERAPIE DE GROUPE

9 étoiles

Critique de Esblandin (colomiers, Inscrite le 11 novembre 2011, 43 ans) - 7 décembre 2011

Je l'ai fini hier soir et j'en suis encore bouleversée, Delphine nous entraine dans une thérapie de groupe, à travers nous, elle exorcise cette enfance.
Elle n'a pas été battue et pourtant comment se construire avec une mère comme Lucile.
La vie de Lucile, c'est un peu le parcours du combattant, elle aussi, comment a-t-elle pu se construire dans une famille tellement nombreuse qu'il ne peut y avoir aucune individualité, les grands ne sont là que pour s'occuper des petits et un jour prochain les petits devenu grands s'occuperont eux aussi des nouveaux petits.
Entre une mère originale et un père plus ou moins bien intentionné avec une relation à la limite de l'inceste si celui-ci n'a pas été franchi car le doute plane jusqu'au bout.
Bref, ce roman, pour ne pas dire cette biographie autobiographie, est émouvant, j'ai même pleuré sur la fin, parce que l'on sent que Lucile arrive au bout, qu'elle n'a plus la volonté.
C'est terrible et en même temps courageux de sa part d'en finir comme ça.
Bref, un beau moment de lecture.

Bouleversant

10 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 27 novembre 2011

Un roman bouleversant, où alternent tendresse, drôlerie, douleur, folie et des moments insoutenables comme la mort d'enfants.

L'auteure nous emmène dans son questionnement permanent face à ce qu'elle « ose » faire; est-elle en train de trahir sa mère, est-elle en train de trahir tout ceux qui l'ont aimée, ou tous ceux qui lui ont fait confiance en livrant leurs souvenirs, les meilleurs mais aussi les plus difficiles ou les plus intimes?
« Aujourd'hui, Lisbeth et Barthélémy ont choisi de garder le meilleur, le plus fantasque, le plus lumineux. Ils ont jeté le reste. Ils ont peut-être raison. »

Delphine de Vigan nous livre ses doutes, sa difficulté à écrire ce livre dont je m'étonne de trouver le mot « roman » sur la couverture.
« Je pense surtout à eux, lorsque j'écris, avec la tendresse infinie que j'éprouve pour eux mais aussi la certitude que j'ai aujourd'hui de les décevoir.
« ..Parfois je rêve que je reviens à la fiction. »

Le dernier chapitre, le plus poignant pour moi, avec ces phrases si justes, si universelles face à la mort d'un être cher, - ai-je fait tout ce qu'il fallait, ai-je dit ce qu'il fallait dire, ai-je été suffisamment présente, à la hauteur...-
Et ce magnifique mot de la fin laissé par sa maman: « Je préfère mourir vivante. »
Un hymne superbe, bouleversant d'amour à sa maman, à ses oncles et tantes, à sa sœur... et peut-être à toutes les familles.

Profond, poignant, magnifique§

10 étoiles

Critique de Ines (, Inscrite le 21 octobre 2011, 62 ans) - 24 octobre 2011

C'est un livre qui fait mal... très mal, mais c'est un livre magnifique.
Bravo pour votre courage. Bravo pour l'avoir écrit.

un «cercueil de papier»

9 étoiles

Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 24 octobre 2011

Après le suicide de sa mère, Lucile, Delphine de Vigan se pose l’inévitable question : Pourquoi ? Elle va donc tenter, à la lumière des confidences qu’elle a pu recueillir chez ses oncles et tantes ou des documents écrits, films et cassettes audio récupérés ici et là, de reconstituer la genèse supposée de ce passage à l’acte.
Une tâche difficile mais nécessaire qui va lui permettre, non seulement, d’entreprendre son travail de deuil mais aussi, tout simplement, de poursuivre son métier d’écrivain, tant, dit-elle, il lui était impossible, à ce moment là, d’écrire autre chose.
Une nécessité néanmoins très douloureuse ; d’ailleurs, confie-t-elle à la page 204 «Parfois, je rêve au livre que j’écrirai après, délivrée de celui-ci».
Elle écrit aussi pour ses enfants «sur lesquels pèse malgré moi l’écho des peurs et des regrets».
Elle le fait enfin pour exorciser le sentiment de culpabilité qui l’assaille et rendre un dernier hommage à sa mère, en lui offrant ce qu’elle appelle si joliment «un cercueil de papier» et un «destin de personnage».
A l’instar d’autres autobiographies, ce livre très poignant et pudique fait donc tout d’abord office de thérapie personnelle.
Mais, il est également porteur d’un message universel en matière d’éducation, tant les parents peuvent parfois, avec les meilleures intentions du monde, opérer des ravages irréparables dans la future vie d’adultes de leurs enfants ; ce que l’auteur appelle une «empreinte au fer rouge».
En effet, aux facteurs déterminants qu’a pu constituer ici une lourde hérédité génétique (troubles bipolaires et suicides à répétition) voire une suspicion d'inceste, se sont ajoutées les conditions particulières de vie de cette famille nombreuse (9 enfants) et bohème en diable, au sein de laquelle les aînés, dont Lucile, se voyaient fréquemment confier la charge des cadets. Une responsabilité beaucoup trop lourde pour de frêles épaules, facteur d’angoisse en amont et de culpabilité, en aval, qui l’aura rendue très vulnérable et aura accentué sa peur, déjà viscérale.
Au total, un ouvrage attachant, mais dont on ne sort pas indemne, tant il est saturé de souffrance.
Puisse, en tout cas, Delphine savoir dépasser cette étape douloureuse de sa vie de fille et de mère et offrir désormais à ses lecteurs des manuscrits un peu plus légers et sereins !

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