Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Belle expérience, livre moyen.
Partir vivre seul 6 mois loin de tout, c'est l'expérience menée par l'auteur. Pour échapper au quotidien, au stress parisien, faire le point sur sa vie, renouer le lien avec la nature, lire... Bravo, il l'a fait, très bien. Il m'a même donné envie de faire comme lui par moments.
Mais son bouquin est parfois rasoir. Il fait de grandes marches décrites dans le détail, il picole, beaucoup, il a un grand moment de déprime quand il apprend que sa fiancée le quitte... En même temps sa fiancée, nous on la connait pas alors on s'en fiche considérablement. Je dirais même qu'on la comprend, c'est quand même lui qui part 6 mois à l'autre bout de la terre...
Bref, c'est au fond le journal d'un mec qui s'ennuie un peu et même s'il trouve de la grandeur dans sa solitude, on s'ennuie un peu avec lui.
Pour terminer sur du positif, il cite quelques bons aphorismes et sait par moment saluer avec talent la magnificence d'un coucher de soleil ou d'un crissement de glace. Bravo pour ça...
Les éditions
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Dans les forêts de Sibérie
de Tesson, Sylvain
Gallimard
ISBN : 9782070129256 ; 20,00 € ; 01/09/2011 ; Broché -
Dans les forêts de Sibérie [Texte imprimé], février-juillet 2010 Sylvain Tesson
de Tesson, Sylvain
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070451500 ; 8,00 € ; 26/04/2013 ; 304 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (19)
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cabanisme
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 28 octobre 2021
Nature célébrée, nature humaine méprisée
Critique de Nomadisant (, Inscrit le 12 novembre 2019, 48 ans) - 12 novembre 2019
Tesson raconte son quotidien épuré de toute activité superflue : préparer le thé et la nourriture, contempler le paysage derrière la fenêtre, couper du bois pour alimenter le poêle, explorer les environs, aller saluer ses "lointains" voisins ; au printemps avec la fonte des neiges et des glaces, il pêche et se nourrit de ses prises, s'embarque sur son canoë et vogue sur les eaux du lac. Et bien entendu, il vide ses bouteilles de vodka...
L'auteur ajoute à la description de son quotidien des réflexions sur l'environnement dans lequel il vit et sur les êtres humains qui y habitent, il philosophe sur l'Homme, la Nature et l'érémitisme. La prose de Tesson s'accorde bien avec ses contemplations et parfois avec ses réflexions qu'alimentent ses nombreuses lectures.
Malheureusement, l'auteur ne parvient pas à dépasser ses propres failles, ramenant souvent sa névrose éthylique et sa misanthropie dans les propos qu'il écrit. Avec un ton parfois moralisateur, Tesson ne cache pas son mépris pour la société dans laquelle il est né, et plus généralement pour l'être humain. Avec des paradoxes : ainsi lorsqu'il dit qu'aimer ce qui nous ressemble, "aimer un Papou, un enfant ou son voisin, rien que de très facile" : propos étonnants dans un livre qui exsude tant de mésestime pour l'espèce humaine…
En lisant "Dans les Forêts de Sibérie", j'ai pensé au peintre Jackson Pollock penché au-dessus d'une grande toile blanche, peignant en laissant couler la peinture de son pinceau. Ce grand décor immaculé de Sibérie entaché de réflexions misanthropes, ça y ressemble…
Et c'est bien dommage car l'auteur réussit brillamment à nous transporter dans les immensités lointaines de cette nature grandiose et quasi-édénique. Nature célébrée, nature humaine méprisée...
Poétique et agréable
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 24 octobre 2019
Six mois de liberté
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 13 avril 2019
Cette expérience sera entachée par sa rupture d’avec « la femme de ses rêves ». Car à vivre comme on l’entend il faut renoncer à d’autres aspects de sa vie, la liberté a souvent pour corolaire d’autres entraves et la solitude qu’on recherche parfois peut s’avérer une camisole plus solide que la plus sûre des prisons.
Journal d’ermitage comme l’aime à nommer son auteur, livre de voyage selon moi, voyage au fond de lui-même pour savoir qui il est vraiment, expérience mystique presque, celle de son rapprochement avec les éléments, avec mère-nature. Dans ce petit livre, Tesson affirme sa veine écologiste… non pas celle de ceux qui transigent. Il vit six mois en autonomie presque complète en ne prélevant sur la nature que ce dont il a besoin, voilà la véritable écologie politique vers laquelle devraient tendre ceux qui se réclame de ce courant.
Sylvain Tesson a également mis à profit sa retraite pour « rattraper ses lectures en retard » comme il le dit : de Jünger aux Stoiciens, de Camus à Thoreau, il partage avec ses lecteurs ses réflexions et son amour des aphorismes, ces petites formules courtes censées contenir toute la sagesse du monde. C’est toujours intéressant et nous permet de partager le cheminement intellectuel d’un esprit curieux et aiguisé.
De toute évidence un livre réussi, qui donne à réfléchir et qui rend, aussi, un peu jaloux.
Ermite d'aujourd'hui
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 24 août 2018
Seul oui, mais entouré d'une manne de livres, des romans, des classiques, des philosophiques, de la poésie. La vodka l'accompagne également ; une rasade ou plutôt plus pour honorer la présence de ses amis occasionnels, les gardes forestiers Sergueï et le couple Volodia et Irina. Deux chiens, Aïka et Bêk, rompent aussi sa solitude voulue. Au jour le jour, Sylvain coupe du bois pour alimenter le feu dans la cabane car dehors, l'hiver, on est à -30° ! Il y a aussi la pêche à l'omble pour assurer l'assiette quotidienne. Cette vie lui permet de revenir aux vraies valeurs de la vie, en dehors du train-train traditionnel quotidien dans une société de surconsommation.
Le lecteur ne se lasse pas : des citations d'auteurs plus ou moins connus, une façon de vivre hors du commun qui désarçonne, une fraîcheur de – 30 ° quand dehors, dans le transat à l'ombre, il fait + 30° !
Voyage intérieur – Voyage immobile
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 15 avril 2018
Détester les réflexions égocentriques et misanthropiques, noyées dans la vodka, d’un oisif qui se regarde vivre. Vous ennuyer devant ces journées répétitives, dans un bouquin où il ne se passe à peu près rien.
Ou bien vous allez adorer le dépaysement sur les bords du lac Baïkal, l’ambiance et les paysages décrits dans une langue extraordinaire, avec un vocabulaire précis et riche, des images recherchées qui font mouche à chaque fois : « cette journée est un robinet mal fermé, chaque heure en goutte » ou bien « le visage cadavérique du lac avec ses cyanoses, ses marbrures, ses plaques et son lichen ». Vous laisser porter par le mélange d’ironie, d’érudition, de poésie.
Et puis vous aller envier cet homme qui a les moyens (au sens financier, et physique, et moral) de pouvoir s’offrir le luxe de six mois de solitude dans une nature sauvage, avec comme seuls compagnons la lecture, la vodka et deux chiens. Six mois à échapper au tourbillon forcené et morne de la vie quotidienne, six pour se retrouver et se ressourcer.
Retrouver son « moi » dans la nature sibérienne
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 27 mars 2018
Il avait fait antérieurement la connaissance du lac Baïkal, ce lac prodigieux sibérien aux mensurations étonnantes : 700 km de long sur 80 de large – imagine-t-on bien la réalité de la chose ? Aussi quand il éprouve le besoin de se ressourcer en vivant une expérience solitaire de six mois – de Février à Juillet 2010 – ce sont les rives de ce lac qu’il choisit et il part habiter seul une cabane de bûcheron, à plusieurs dizaines de kilomètres du plus proche voisin, en autonomie complète avec ses provisions, de quoi pêcher et, bien sûr, une pile de livres des plus conséquentes.
Seul face à lui-même, au milieu d’une nature pas forcément facile, c’est l’occasion de se remettre en question et de chercher des réponses aux questions fondamentales de l’existence entre deux ombles chevaliers pêchés dans le lac. Enfin seul … pas toujours puisqu’il y a parfois du passage ; des voisins situés à 15 ou davantage kilomètres, des qui circulent sur le lac et viennent partager un repas mais le plus souvent une (des) bouteille de vodka (on est en Russie, aussi !).
L’existence se résume rapidement aux actes essentiels que nous avons oubliés : couper du bois pour se chauffer et faire la cuisine, puiser de l’eau ou faire fondre de la glace ou de la neige, pêcher pour améliorer l’ordinaire, entretenir correctement son habitat pour ne pas se mettre en danger … puis recommencer inlassablement et méditer seul face à soi, observer la nature et ses habitants, faire de mésanges et de chiots des compagnons du quotidien, méditer encore, lire, boire … et puis recommencer. De Février à Juillet, ça représente forcément pas mal de cycles répétitifs. Mais il y a de belles rencontres aussi : les Volodia, Sergueï, … qui n’hésitent pas à faire les kilomètres sur la glace du lac, dans la neige.
Sylvain Tesson traite ces six mois comme un journal de bord, l’occasion aussi de constater l’éveil de la nature au printemps après l’ultra-rigueur hivernale. Une belle expérience, sans aucun doute, et une belle manière de nous confier ceci : le jour le jour, les pensées qui viennent, les tâches répétitives qui occupent la solitude. Il y a du Nicolas Bouvier chez ce Sylvain Tesson là. Mais un Nicolas Bouvier qui serait très axé « Sibérie » !
Une belle pause temporelle
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 21 février 2016
Tesson écrit bien et possède un certain sens de la formule. Ses propos donnent matière à réflexion quant à la folie et l’absurdité d’un monde contaminé par le cynisme, où la nature et le silence deviennent des denrées rares face l’esprit de conquête des humains, véritable rouleau compresseur non exempt de bêtise. Tesson est donc peu optimiste et se voit davantage en dernier témoin d’un monde en sursis qu’en pionnier. Cette lecture demeure malgré tout très rafraîchissante et est donc hautement recommandée.
Erémitisme sibérien
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 20 décembre 2015
Sylvain Tesson devient le spectateur émerveillé de la nature baïkalienne, apprend le lent écoulement du temps, apprivoise une liberté totale, apprécie d'imprimer la plus petite trace possible dans son environnement. Ce qui nous offre de beaux moments de poésie et quelques morceaux de sagesse, malheureusement insuffisants pour tromper l'ennui de cette retraite toute contemplative.
Une expérience certainement inoubliable à vivre mais monotone à lire.
'des livres de dandy et une vie de moujik' page 54
Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 25 février 2014
En ouvrant ce livre, je pensais à une recherche de soi mais non, l’auteur recherche juste le calme, la distance par rapport à la vie citadine, l’espace et du temps. Il emmène des livres et au détour de l’assouvissement des besoins premiers comme couper du bois pour se chauffer ou pêcher, il divague sans philosopher mais nous fait part de ses pensées, quelque peu alcoolisées.
J’avais imaginé l’histoire concentrée sur lui-même. Finalement il reçoit souvent du monde ou, même si il doit faire un jour de marche, va rendre visite à ses voisins et retranscrit les dialogues qui ressemblent à des discussions de comptoir au café. Le lien social n’est jamais vraiment coupé. Dans le courant de mai, vers les pages 200, il s’aguiche de deux chiens et la vie solitaire s’interrompt.
j'ai particulièrement aimé la poésie :
"l'esthétisme est une déviance réactionnaire" page 30
(en décrivant glace): page 57 'des bulles d'air sont prises dans la couche. On hésite à mettre le pied sur ces méduses de nacre.'
"l'imprévu de l'ermite sont ses pensées" page 81
"la solitude : ce que les autres perdent à n'être pas auprès de celui qui l'éprouve" page 109
Ce livre détend et rend la Sibérie ainsi que la solitude tentantes.
Le retour à la vie citadine, entassés, a dû être inconcevable, impensable, insurmontable.
Ermite des temps modernes
Critique de Jaimeoupas (Saint gratien, Inscrite le 4 octobre 2010, 52 ans) - 26 février 2013
Sur fond de tabasco et vodka, le temps s'écoule lentement quand on est coupé de tout et de tous.
On ressent assez bien le froid glacial qui s'immisce dans sa vie au fur et à mesure de son aventure...
C'est bien connu, le froid endort toutes les douleurs... mais on découvre qu'il peut aussi anesthésier les sentiments et le goût des autres ....
Un livre froid comme la bise...
voyage immobile
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 24 octobre 2012
Il ne se passe en effet pas grand-chose mais Silvain Tesson décrit très bien ce ralentissement du rythme ou quelques actions simples suffisent à remplir une journée. Il faut dire que par -20, le quotidien devient naturellement plus difficile et surtout très éloigné de notre vie de tous les jours. La cabane devient un cocon douillet au milieu de la forêt hostile.
Ensuite viendra le printemps avec sa nature qui s’éveille brutalement et là encore, la belle écriture de l’auteur fait des merveilles pour nous faire ressentir cette renaissance. Un rayon de soleil, une mésange, les traces d’un animal dans la neige, le lac qui change doucement d’aspect sont autant de moments d’éternité qu’on aimerait connaître nous aussi.
L’isolement n’est d’ailleurs pas total puisque l’ermite reçoit beaucoup de visites. Quelques amis mais aussi ses voisins qui ont l’air heureux de vivre cette vie rude et isolée. Ces rencontres sont l’occasion de boire pas mal de Vodka et de briser un peu l’isolement. La solitude semble pourtant ne pas être un fardeau mais plutôt une drogue pour l’auteur qui peste quand un véhicule approche de son abri. En tout cas ce voyage immobile est enchanteur et grâce au talent de l’écrivain, on rêve de cette vie simple loin du stress de la vie moderne, là où le monde des hommes n’est plus qu’un écho lointain.
Que de suffisance !
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 29 août 2012
Je m’attendais à un livre dont le sujet serait la Sibérie. Un livre dans lequel l’auteur s’effacerait devant une nature seule maîtresse des lieux. Je m’attendais à une lecture qui me ferait éprouver les conditions de vie forcément très difficiles d’un homme immergé dans un univers où règne un froid absolu et une solitude désertique.
Mais je n’ai rien trouvé, dans cette lecture, de ce que j’en attendais. Ce récit est bien loin de la leçon d’humilité que l’on pourrait imaginer ressortir d’une telle expérience. Bien au contraire, en citant à de très nombreuses reprises ses lectures, Sylvain Tesson fait montre de son érudition au point que j’en ai été agacée. Quant aux réflexions sur notre société de consommation, je n’y ai point vu de philosophie mais une litanie de clichés. Une certaine suffisance aussi, puisque l’auteur va jusqu’à se permettre de juger les hommes qui ne pensent et n’agissent pas comme lui.
En résumé, je n’ai pas aimé et mesure à quel point je suis à contre-courant de ce qui a été dit et écrit sur ce livre, qui a reçu beaucoup de louanges. Des louanges et un prix, le Médicis essai, ce que je ne comprends pas car je ne vois pas ce qui justifie ce qualificatif. Si « Une vie à coucher dehors » ne m’avait pas convaincue, j’ai tout de même préféré – et de loin – ce recueil de nouvelles à ce récit de voyage statique. Sans doute parce que l’auteur n’y était pas le sujet principal.
Six mois...
Critique de MEloVi (, Inscrite le 6 juillet 2011, 40 ans) - 26 août 2012
Sylvain Tesson nous décrit ces 6 mois, ses sentiments changeants, la difficulté d'être là éloigné des siens, les petits bonheurs et grandes joies, les coups de fatigue, l'apprentissage de la nature...
Bref, il s'agit un peu d'un roman initiatique, et beaucoup d'un homme insatisfait qui espère trouver ailleurs ce qu'il n'est pas capable de se donner dans la vie de tous les jours. Le paix intérieure.
Mélange de déception et d'admiration
Critique de Luluganmo (, Inscrite le 26 septembre 2010, 42 ans) - 11 juillet 2012
La retraite de Russie
Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 1 juin 2012
Si le début de la lecture m'a vraiment amusé, avec des formules chocs comme "Qu'on me donne une pelle et un foulard rouge, je bâtirai le socialisme", ou encore " Pour l'ermite, la régence administrative commence lorsqu’on est deux.Elle porte le nom de mariage", au fil de la lecture l'intérêt pour l'histoire russe de Sylvain Tesson finit par s’émousser.
D'ailleurs il n'est pas si seul que cela dans cette forêt. Il y a , j'exagère mais "Anton, Ivan, Boris et moi,Rebecca, Paula, Johanna et moi", bref une galerie de portraits assez saisissante de Russes assez rudes.
Je m'attendais plus à des réflexions sur ses lectures (certes elles sont présentes mais autant que je l'aurait souhaité, mais je suis content car il évoque souvent "La vie de Rancé" de Chateaubriand)
Un livre qui se lit avec plaisir mais sans plus.
Seul face à l'immensité du monde
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 19 avril 2012
Sylvain Tesson a choisi de vivre seul pendant six mois dans une cabane au bord du lac Baïkal. Il affectionne les lieux car il a déjà effectué un voyage au même endroit quelques années auparavant et s’était bien promis d’y revenir avant la quarantaine et d’y séjourner en ermite sur une période plus ou moins longue. Il débarque donc dans sa cabane et s’y installe. Il a emporté avec lui une soixantaine de livres car il sait que le temps sera long parfois et la lecture l’aidera à supporter la solitude et éloigner le désespoir. Il retranscrit sa liste qui comporte une belle variété d’auteurs : Montherlant, Chateaubriand, Conrad, Yourcenar, Nietzsche, Dantec, Michel Déon, Giono, Paul Morand etc.
Il a aussi emporté une bonne provision de vodka dont il use presque tous les soirs. L’ivresse est pour lui un paradis qui lui fait oublier ses souffrances morales et physiques. Il s’acclimate donc à sa nouvelle vie et adopte une routine quotidienne qui l’aide à affronter les jours. Il apprivoise des mésanges qui deviennent bientôt très importantes dans sa vie. D’ailleurs, la moindre petite chose prend une importance démesurée : un rayon de soleil qui frappe toujours sa table au même endroit à la même heure, la visite de ses mésanges, les craquements de la glace qui recouvre le lac, les moindres petits changements à son univers sont des événements qui retiennent son attention. Il reçoit parfois des visites impromptues de touristes ou bien de gardiens résidant dans les cabanes voisines et les soirées se passent à vider des bouteilles de vodka et à discuter de choses et d’autres selon les intérêts de ses visiteurs. Fréquemment, il part en excursion afin d’escalader des montagnes proches ou bien rendre visite à ses voisins.
La prose de monsieur Tesson est magnifique. Il use cependant de termes spécialisés pour décrire le paysage et il faut avoir recours à un dictionnaire si on n’est pas géologue ou écologiste. Ses descriptions sont hallucinantes de beauté et la majesté du paysage est pour lui une source inépuisable d’inspiration. Il ne se lasse pas de contempler la beauté du monde qui l’entoure. Bientôt, il adoptera deux petits chiens qui deviendront ses compagnons d’excursion et lui sauveront la vie lorsque la femme de sa vie lui annonce qu’elle le quitte.
C’est un beau livre, rempli de poésie, d’amour de la nature et surtout, de beauté. L’homme face à la nature a toujours été un thème que je me suis plu à lire et ici, j’ai été comblée. Sylvain Tesson multiplie les belles réflexions philosophiques sans jamais tomber dans la redondance et la mièvrerie. C’est beau et d’une noblesse rare.
« Pourquoi les hommes adorent-ils davantage les chimères abstraites que la beauté des cristaux de neige ? »
« C’est le soir, il est 9 heures, je suis devant la fenêtre. Une lune timide cherche une âme sœur mais le ciel est vide. Moi qui sautais au cou de chaque seconde pour lui faire rendre gorge et en extraire le suc, j’apprends la contemplation. Le meilleur moyen pour se convertir au calme monastique est de s’y trouver contraint. »
« Les cris ne servent à rien. Dans une perspective naturaliste, l’homme révolté est une chose inutile. La seule vertu, sous les latitudes forestières, c’est l’acceptation. »
« On dispose de tout ce qu’il faut lorsque l’on organise sa vie autour de l’idée de ne rien posséder. »
« Lire compulsivement affranchit du souci de cheminer dans la forêt de la méditation à la recherche des clairières. Volume après volume, on se contente de reconnaître la formulation de pensées dont on mûrissait l’intuition. La lecture se réduit à la découverte de l’expression d’idées qui flottaient en soi ou bien se cantonne à la confection d’un tricot de correspondances entre les œuvres de centaines d’auteurs. »
« Des cumulus barrent l’horizon bouriate. Le soleil couchant les mûrit. Les quatre éléments jouent leur partition. L’eau accueille les copeaux d’argent lunaire, l’air est saturé d’embruns, la roche vibre de la chaleur accumulée. Pourquoi croire que Dieu se tient ailleurs que dans un crépuscule ? »
Ouf, c’est beau !
Déjà vu
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 1 janvier 2012
Pour quelqu'un qui se prétend si épicurien, si amoureux de la nature et de sa simplicité, S. Tesson parle beaucoup trop de lui. Parfois, on dirait presque qu'il faudrait l'admirer ou le plaindre d'avoir la possibilité de partir 6 mois dans une cabane isolée sans avoir besoin de travailler. De nos jours, pouvoir s'isoler dans une cabane de 9m² est un luxe ! Le ton de Tesson suggère vraiment que l'on devrait s'extasier au sujet de SON expérience et non de l'expérience en elle-même, alors qu'un couple vivait depuis 15 ans dans cette cabane et n'a pas eu besoin de le crier sous tous les toits.
J'aurai préféré un roman plus centré sur les rencontres qu'il a faite, qu'elles soient humaines, animales ou paysagistes. Les russes qu'il côtoie passent pour des benêts grossiers et alcooliques ; quelle que soit leur austérité, il aurait peut-être été préférable de souligner aussi leur hospitalité...
Il faut tout de même reconnaître que l'écriture de Tesson est agréable. Il ne se passe pas grand chose, voire même rien, mais il sait rendre ces petit riens envoûtants et poétiques. Il nous raconte et cite aussi les lectures qui l'ont accompagné, j'ai trouvé cette idée sympathique.
Solitude de l’auteur et…. Solitude du lecteur
Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 31 décembre 2011
« Le ciel a saupoudré la taïga. La poudreuse veloute le vert-de-bronze des cèdres. Forêt d’hiver : fourrure d’argent jetée sur les épaules du relief. Les vagues de la végétation couvrent les pentes. Cette volonté des arbres de tout envahir. La forêt, houle lente. A chaque pli du relief, l’albumine des houppiers s’assombrit de trainée noires.
Pourquoi les hommes adorent-ils davantage les chimères abstraites que la beauté des cristaux de neige ? (p37)
J’ai lu jusqu’à la page 246 (sur 267) où totalement saturée d’immensités neigeuses sur fond d’états d’âmes un peu vains et finalement sans doute un peu fats, je me suis accordée une pause. Ce livre a-t-il tenu ses promesses ?
La plume de S. Tesson est sans aucun doute remarquable mais cela ne fait pas tout. Il faut aussi un sujet. Le Baïkal, que quelques chapitres auraient suffit à dépeindre, est ici un objet littéraire exploité par l’auteur jusqu’à saturation… Le reste du propos frôle l’égotisme.
Finalement, pour moi le plaisir de lire un très beau texte s’est peu à peu transformé, d’abord en attente (vaine) puis en lassitude pour se terminer en déception.
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Pour celles et ceux qui aiment Sylvain Tesson | 19 | Dirlandaise | 16 décembre 2022 @ 17:22 | |
Savoir avant d'émettre des jugements à l'emporte-pièces! | 15 | Laventuriere | 2 janvier 2012 @ 02:42 |