Clèves de Marie Darrieussecq
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Faire miroiter le non dit
Clèves raconte l’éveil à la vie amoureuse et sexuelle d’une petite fille, en province, il y a une trentaine d’années environ... Les trois parties du livre respectivement intitulées « Les avoir » (les règles), « Le faire » (l’amour), « Le refaire » (l’amour, encore, bien sûr : une seule fois ne suffit jamais, surtout en l’occurrence), donnent bien la temporalité et la dramaturgie de ce huitième roman de Marie Darrieussecq.
Il y a deux façons d’aborder le livre : le rejet, la moquerie, la dérision ou… le questionnement. Marie Darrieussecq met en scène la naissance de la puberté chez une petite fille avec un hyper-réalisme stupéfiant. Elle décrit par le menu la quête solitaire de la connaissance de la vie par la petite Solange. Ne vous en déplaise, c’est l’histoire de cette métamorphose inévitable qui concerne la moitié des êtres humains, à savoir, les premières règles. Le passage de la petite fille à la femme nubile. Il ne se passe rien d’aussi définitif chez les garçons. Cela sent le vécu, à la fois la nostalgie de l’enfance, et le désir d’être femme, les peurs, le questionnement de l’autre par excellence c'est-à-dire : qu’est-ce qu’un garçon véritablement ? Qu’est-ce que faire l’amour ? Qu’est-ce que l’amour ? Quelle est la part de pensée, quelle est la part physique, VIE…olente ? Qu’est-ce que le consentement ? Comment s’affirmer ? Comment se profiler dans le regard des autres ? Et cela passe par de furtives recherches au dictionnaire. Jamais satisfaisantes, frustrantes même.
Était-elle donc morte avant la première fois ? Pendant (et après) « Solange se sentait enfin vivre » ! Mais elle n’était jamais rassasiée. Et le rôle du père ? Le rôle maternel ? La question de l’abandon. La différence entre un amour plein de bonté (Bihotz) et celui totalement égoïste du (beau) mec à moto (Arnaud Lemoine). Le clivage social dans le huis clos du village. Les conversations débiles des adolescentes, les clichés…à mourir de honte si on relisait plus tard les journaux intimes ! Que ce soit il y a 30 ans ou il y a 50 ans… ce sont ces zones inexplorées par la littérature qui sont décrites par vagues successives par l’auteur le sourire aux lèvres et une nostalgie dans le cœur. Ces zones sembles mi-véridiques mi exagérées. Le sens du détail cru y est mais faut-il s’y arrêter nécessairement ?
Exposer le miroitement du non dit est de loin le plus intéressant. La puissance de la langue très vivante et de la composition du roman ont quelque chose d’artistique qui sublime l’histoire banale. Il y a comme une quête mystique. Qui suis- je ? Qui est l’autre ? Où vas-tu ? Où est le soleil ? La parole est celle de l’héroïne de 10 à 15 ans, mais quelle justesse et quelle sincérité de ton ! Cette souillon de Clèves a parfois des airs de princesse.
Les éditions
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Clèves [Texte imprimé], roman Marie Darrieussecq
de Darrieussecq, Marie
P.O.L.
ISBN : 9782818013977 ; 19,25 € ; 25/08/2011 ; 344 p. ; Broché
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Original et subtil malgré tout
Critique de Luluganmo (, Inscrite le 26 septembre 2010, 42 ans) - 23 octobre 2011
un peu trop de bit(e)
Critique de Lectorissime75 (, Inscrit le 16 septembre 2011, 55 ans) - 9 octobre 2011
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