Le faon de Magda Szabó
(Az oz)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Histoire d’une jalousie insatiable
Deux centres d’intérêt dans ce roman de la romancière hongroise ; l’histoire elle-même, celle d’Eszter, une affaire de frustration, de haine, de jalousie … insatiable, et puis un aperçu de la génération hongroise, qu’on qualifiera de sacrifiée, qui aura connu la dernière guerre puis le joug soviétique.
Eszter est devenue une actrice importante et célèbre en Hongrie lorsqu’elle nous raconte son histoire de puis son état de petite fille, état dans lequel est né ce terrible sentiment de jalousie envers Angela. Angela qui pourrait n’être que son amie, qui ne demande que cela d’ailleurs, mais Angela qui est belle, d’une beauté que Magda Szabo s’efforce de nous faire passer pour quasi mystique, est d’une société plus favorisée que celle de la famille d’Eszter. Et c’est là que l’histoire d’Eszter rattrape celle de la Hongrie d’après-guerre. De ceux qui, à des postes autrefois importants se retrouvent avec l’avènement du modèle soviétique, déchus et ruinés. C’est le cas des parents d’Eszter. Eszter est donc obligée très petite de vivre courageusement pour donner le change, de vivre de privations et d’efforts constants. Et elle est courageuse, et pleine d’abnégation, Magda Szabo nous le raconte magnifiquement. Seulement voilà, sa voisine, du même âge, Angela, au même moment, vit la vie privilégiée d’une petite fille choyée par des parents plus à l’aise que ceux d’Eszter. Et Angela est, aux yeux d’Eszter, d’une injuste beauté … Un sentiment d’une insatiable jalousie se met en place, aussi violent qu’irréductible …
La vie suit son cours. Et le cours de la vie d’Eszter n’est pas celui d’un fleuve tranquille. Perpétuellement insatisfaite, traumatisée des privations d’une enfance qu’elle n’a pu réellement vivre, Eszter parvient finalement à un statut de grande actrice nationale. Qui rencontre un homme de théâtre dont elle tombe, à son corps défendant, amoureuse (pour autant qu’un être telle qu’Eszter puisse réellement tombée amoureuse avec l’abandon que cela suppose ?). Et la suite, vous l’aurez devinée … cet homme est marié à Angela !
La malédiction d’Angela, qui n’en peut mais, poursuit donc Eszter et c’est le récit et de la naissance de cette jalousie et son développement jusqu’à son stade ultime que nous fait Magda Szabo.
C’est très fin, psychologiquement très juste, et tout ceci dans le contexte hongrois de l’après-guerre.
« N’as-tu pas remarqué que chaque fois que je sors de l’eau, à la plage, je me dépêche d’enfiler mes sandales ? Je pose le pied gauche sur la berge et, vite, je cache mon pied droit dans l’espadrille. À Szolnok, quand nous sommes montés dans nos chambres et que tu vins me rejoindre, la nuit, j’étais assise sur les talons et non pas allongée sur le lit. Au petit jour, quand tu m’as quittée, tu as dit en riant que j’étais pudique. Car, à peine avais-tu allumé pour récupérer ta montre et ton portefeuille, que j’avais remonté la couverture et l’avais bordée sous mes pieds.
Pipo t’aurait appris que je ne suis pas pudique. Dès qu’il fait chaud, j’ai envie d’aller nue, sans vêtement. Pipo connaît un détail que tu ignores : j’ai deux durillons au pied droit, et j’ai beau porter des chaussures faites sur mesure, ils ne disparaissent pas. Étais-tu furieux le jour où je t’ai défendu de m’accompagner chez le bottier pour essayer mes escarpins rouges à brides ! Je ne voulais pas que tu voies mon pied droit. Et je ne voulais pas te raconter tante Irma. »
Introspection à tous les étages. Magda Szabo n’a pas peur de nous perdre. Et d’ailleurs parfois elle nous perd. Mais c’est pour mieux converger vers elle un peu plus tard. Et c’est d’autant meilleur. Un roman qui fait appel à l’intelligence.
Les éditions
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Le faon [Texte imprimé] Magda Szabó traduit du hongrois, texte revu et corrigé par Suzanne Canard
de Szabó, Magda Canard, Suzanne (Traducteur)
V. Hamy
ISBN : 9782878582635 ; 21,50 € ; 16/01/2008 ; 236 p. ; Broché
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complexe
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 7 juillet 2018
Aujourd'hui, je vous parle d'un roman écrit par une grande dame de a littérature hongroise
" Le faon" , c'est l'histoire d'Eszter.
Eszter est une comédienne célèbre qui, lors d'un long monologue intérieur où elle s'adresse à son amant, fait le bilan de sa vie.
C'est l'histoire d'une jalousie, exacerbée à l'extrême, allant jusqu'à la haine, pour Angela, cette amie d'enfance trop parfaite qui se révèle être l'épouse de l'homme qu'elle aime.
Cet amour pour l'homme de sa vie, cette haine pour sa rivale la rendent cruelle et la font sombrer dans ce qui est proche de la folie.
C'est l'histoire d'une tragédie.
L'écriture est assez décousue.. (des phrases qui restent inachevées, des sauts d'un sujet à l'autre, le manque d'ordre chronologique)... rend magnifiquement compte des états d'âme d'Eszter.
Si parfois, on se perd dans le fil des souvenirs, cela vaut la peine de s'accrocher à cette écriture complexe qui met en avant les différents sentiments ressentis par la narratrice.
J'ai eu un peu de mal à me plonger dans ce roman et à ressentir de l'empathie pour Eszter ..; certainement à cause de cette narration qui est loin d'être simple. Il faut être patient et une fois le livre refermé et décanté , je me suis rendue compte de la beauté de l'écriture.
En toile de fond, l'auteur retrace également l'histoire de la Hongrie sous le joug communiste.
Cette famille d'où est issue Eszter, issue de l'ancienne aristocratie, et qui se trouve plongée dans le dénuement total et qui a pour conséquence de lui aigrir le caractère.
Inutile de dire que Magda Szabo a été censurée pour son oeuvre jusqu'à la fin des années 50.. époque où la dictature s'est un peu assouplie .
La France connait surtout cette auteure pour son roman " La porte" ( qui dort dans ma Pal).
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