L'orange mécanique de Anthony Burgess

L'orange mécanique de Anthony Burgess
(A Clockwork Orange)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Féline, le 9 juillet 2002 (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (779ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 12 638  (depuis Novembre 2007)

Une tzarrible raskass (un récit terrible)

Je m'étonne que personne n'ait donné son avis sur ce livre, pourtant l'un des romans les plus controversés ces quarante dernières années, peut-être est-il trop vieux ou tombé dans l'oubli?

Il est vrai que le film de Stanley Kubrick inspiré de ce chef d'oeuvre est davantage connu, bien qu'il ne rende pas, selon moi, l'intensité, la qualité et la morale du livre.


Anthony Burgess réalise une critique féroce de la décadence de la société et de la montée de la violence, sujet qui rend ce récit intemporel et terriblement actuel. Malheureusement, ce roman souffre d'une mauvaise réputation et beaucoup de ses lecteurs y ont vu une apologie de la violence. Bien au contraire, l'auteur dénonce cette violence urbaine et délinquante engendrée par la société.

Si la première partie est, effectivement, consacrée à la description des exactions, des viols et des massacres du jeune Alex et de sa bande de copains, la seconde traite des tentatives de réhabilitation et de réinsertion des délinquants, auxquellles l'écrivain ne croit pas. Emprisonné, le jeune protagoniste est soumis à un insupportable traitement censé le guérir de ses pulsions agressives, au cours duquel il est maltraité et contraint de visionner sans arrêt à des scènes de violence très dures.

Ceux qui ont trouvé ce roman trop extrême et trop désabusé, reverront peut-être leur jugement en apprenant les circonstances qui ont poussé l'écrivain à l'écrire. Sa femme est décédée des suites d'un viol, dont elle n'a pu se remettre.


Ce roman se distingue également par la qualité et l'originalité du style de l'écrivain. En effet, il a créé de toutes pièces un langage cf. titre), propre à ses personnages et que le lecteur ne peut déchiffrer qu'à l'aide d'un glossaire, placé en fin d'ouvrage.

Je pense que c'est un livre qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie et qu'il faut voir plus loin que les scènes de violences, il est vrai parfois très crues.

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Violent à souhait

8 étoiles

Critique de Windigo (Amos, Inscrit le 11 octobre 2012, 42 ans) - 29 avril 2015

Orange mécanique est un livre quelque peu étrange. Mais, il est tout de même excellent. Il est violent à souhait, la jeunesse qui y est décrite vit dans la décadence et le chaos.

Alex, le personnage principal, et ses drougs (sa bande) commettent des crimes atroces, pour le plaisir. Passant du vol d'argents et de biens dans des boutiques, à des meurtres gratuits, sans oublier les viols, cette bande se dissout rapidement, lorsque l'un des acolytes veut prendre la place d'Alex, en tant que chef de la bande. Puis Alex se fait arrêter par la police, les trois autres se sont sauvés. Alors, il passera les deux années suivantes en prison, où il sera martyrisé à son tour. Puis, à sa sortie de prison, il sera encore martyrisé.

Au départ, j'avais un peu de difficulté à comprendre le Nadsat, l'argot inventé par l'auteur, Anthony Burgess, pour ce roman, mais, au fil de ma lecture, je m'y suis habitué.

Tzarrible

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 13 juillet 2014

O mes frères, écoutez l'histoire de votre pauvre malenky droug Alex. Et quelle histoire ! Il est vrai que V.H.N (votre humble narrateur) a un petit peu abusé des toltchockes (gifles, coups...) et de la dratse (bagarre), mais quelle bonheur après avoir bu un bon vieux moloko (lait) des familles avec ses drougs (potes, amis) et voir couler tout ce krovvi (sang) rouge, rouge, rouge.
Bon après ce petit exercice de parlé nadsat, le langage des jeunes de moins de vingt ans issus de l'univers crée par Anthony Burgess, un monde proche et loin à la fois du notre dans lequel se noie une jeunesse exaltée par la violence, place à la critique.
L'Orange Mécanique qui a directement inspiré le célèbre film éponyme de Stanley Kubrick est un roman difficile à classer, difficile à prendre en main tant le vocabulaire si particulier qui le jalonne perturbe la lecture. Pour ma part il m'a fallu une bonne centaine de pages pour m'y habituer et ne plus être obligé de constamment passer de la lecture au glossaire situé à la fin du livre.
Par contre une fois les choses en main, l'exercice devient très vite plaisant et l'on se prend à parler à la façon d'Alex, ce jeune homme dont la violence est un jeu, un plaisir jusqu'au jour où cela se retourne contre lui.
Violence, justice, repenti, jeu politique, beaucoup de thèmes sensibles constituent les références d'un roman complexe et dont la lecture et l'analyse peut se faire à plusieurs niveaux.
Un livre marquant, une bonne surprise.

une génération.....toutes les générations

10 étoiles

Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 59 ans) - 6 avril 2012

j'ai vu le film pour la première fois en 1978 il était alors interdit aux moins de 16 ans, j'en avais 13, je l'ai revu en 1980 puis 81 en tout je pense 7 ou 8 fois, à l'époque je ne savais pas encore que les livres existaient. en 1989 j'ai découvert le livre, puis en 1990 la pièce de théâtre jouée par la Royal Academy de Londres, puis le livre dans sa version originale. Ce livre écrit en 1962 reste à mon sens la première vision Punk de notre monde moderne. il pourrait, donc, sembler daté et obsolète et pourtant....
Pourtant tous les ingrédients de notre société hypersécuritaire qui se débat à grands coups de répression, qui ne sait plus donner à sa jeunesse une idée d'un avenir radieux et qui finalement répond à la violence par la violence sans autre forme de discernement sont déjà présents.
La société qui est décrite ici est finalement la nôtre, ou l'idée que l'on s'en fait quand on est de ma génération.
Alex est la victime avant d'être un bourreau, Victime de sa famille explosée qui ne lui laisse pas la place d'être un enfant, victime de la libéralisation des moeurs, victime de la société de consommation.....
il n'a finalement pas les repères nécessaires pour s'intégrer et la seule réponse qui soit apportée est "répression"
No FuTuRe

en plus d'être, donc, cette critique, ce livre est écrit avec finesse et maestria pour quelques heures de volupté, un pur régal

L'orange mécanique

9 étoiles

Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 41 ans) - 6 mars 2012

Comme dans l'adaptation de Kubrick, la violence est ici mise en scène par un vocabulaire argotique omniprésent. Il s'agit bien d'ultra-violence, de décadence et de perte de repère. Cette société décrite par Anthony Burgess ressemble à la nôtre, la déchéance en plus. Quoi de plus actuel que "l'Orange Mécanique"? Traitement thérapeutique des délinquants, montée de la violence ambiante, gangs qui font leur loi, jeunesse sans avenir,...

Ce qui change par rapport au film, c'est l'âge d'Alex, bien plus jeune dans le livre. Un peu comme dans le "Lolita" de Nabokov, Alex et ses drougs apparaissent comme des adultes et leur causent des troubles. La fin voulue par Kubrick est cependant plus pessimiste car Alex redevient ultra-violent. Dans le livre, Burgess justifie ces actes violents en grande partie par le jeune âge d'Alex et un regain d'espoir pointe son nez à la fin du roman.

Outre ce côté réaliste, "L'Orange Mécanique" permet de réfléchir foncièrement au problème de la délinquance puisque chaque personnage du livre est tantôt victime tantôt bourreau. Bref, un livre qui a toujours autant de force 40 ans après.

royal

10 étoiles

Critique de King-123 (, Inscrit le 2 janvier 2010, 27 ans) - 17 mars 2010

C'est le meilleur livre que j'ai eu la chance de lire dans ma vie

Bon alors, ça sera quoi, hein ?

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 26 mars 2008

Lu et relu, aucune lassitude. Incroyablement dur et novateur, choquant et drôle (comme le film de Kubrick, tiens), "L'Orange Mécanique" est un de ces livres qui vous secouent, vous prend par les tripes pour ne plus vous lâcher pendant 220 pages. Le dialecte inventé par Burgess (mélange de russe, d'argot cockney et de parler romani) est superbe, il vous aide à vous immerger totalement dans l'histoire (même si la première lecture est ardue, tant on passe du livre au glossaire heureusement placé en fin de volume).
Un livre dur, brutal, mais essentiel. Quand on pense qu'il date de 1962...et qu'Alex Dellarge, dans le roman, n'a que 14-16 ans...Ca fait frémir !

Visionnaire?

8 étoiles

Critique de Adrien637 (, Inscrit le 28 janvier 2006, 58 ans) - 30 novembre 2007

J'ai bien aimé le livre, surtout pour le langage qui me fit me bidonské tsaribe.

Mais est-il visionnaire? Je crois que la violence de la jeunesse est largement sous contrôle dans nos sociétés, surtout chez les amateurs de musique classique. Le grand problème, est la violence dite ethnique.

Bonjour la France.

Nul

1 étoiles

Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 9 mai 2007

Suis-je la seule à n'avoir compris rien à rien dans ce livre ? Je crois que c'est le pire bouquin que j'ai lu et pourtant, tous les commentaires sont élogieux. Moi désolée, je n'y comprends rien.

Impressionnable le public?

7 étoiles

Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 28 juin 2006

Fernez vos rotes et mettez vos gulliver en état de piffer la toltchoke, Burgess s'en vient!

Oh Apôtre de la dystopie, ce récit vous intéressera sûrement. Bien qu'un peu moins renversé par la violence inhérente à l'histoire que mes confrères et un tantinet énervé par cette affluence vraiment tzarrible (heu terrible, pardon) d'argot de banlieue du futur, j'ai quand même trouvé très intéressant ce récit à forte saveur dystopique de Anthony Burgess, qui à sa manière, vient corroborer les cycles politiques dont discourt Socrate dans "La République" de Platon.

Comment une société trop axée sur l'ordre pourra-t-elle engendrer quelque chose d'autre que du chaos? Alex, réservoir même de ce chaos pur est incapable de s'intégrer à la société concentrationnaire qui ne laisse aucune place à ce qui se démarque du moule.

Un livre simple, mais compliqué linguistiquement. Étrangement près d'un certain futur...

symphonie du maître Ludwig Von Burgess

9 étoiles

Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 22 août 2004

Ca y est, je l'ai enfin lu ce putain de livre et tout ce que je pourrais en dire n'arrivera jamais à donner une idée de la plume virevoltante d'Anthony Burgess, parce qu'au delà de tous les discours qu'on pourra faire sur la "morale" du livre, il y a d'abord et surtout la maestria de l'écrivain.

Autant vous le dire tout de suite, la construction de l'histoire me laisse sur le cul. Dans ce roman du putain de feu des Carpathes, on a l'impression que tout est parfaitement à sa place, que tout est nécessaire pour emmener le lecteur dans des délires tzarribles.

Et puis, il y a cette idée génialissime de faire raconter l'histoire par le "héros" lui-même, un petit gars bien vonnant, mais du fait qu'il raconte tout "ça" avec nonchalance et ironie, on ne peut s'empêcher d'adhérer quelque part.

A moins que l'extraordinaire "beauté" de l'histoire vienne simplement du langage utilisé. Burgess invente un langage drôle, étonnant, sympa sans jamais tomber dans la caricature de langage, ce qui est quelque part un vrai tour de force (et bravo aux traducteurs aussi parce que c'est du bien joli travail.)

Bref, je n'irai pas jusqu'à imposer la lecture d'Orange Mécanique en classe mais c'est tout de même un putain de sacré classique qui vole à des lieues au dessus de ce qui se pissecopie pour le moment (romans aux styles téléphonés et aux contraintes syntaxiques fumantes qui ne racontent finalement rien du tout sauf des trucs de C'est la vie jour après jour avec Jean Luc Delarue).

Un putain de sacré roman

(Ce commentaire a été pondu dans la foulée de la lecture et vous y verrez peut-être poindre l'enthousiasme, ce qui serait bien légitime. Le style par contre est comme qui dirait sous l'emprise de l'Orange mais ne parvient même pas à évoquer le tiers du quart du milliardième de la maestria du maître Burgess.)

no future ?!

9 étoiles

Critique de Eowyn (, Inscrite le 8 juillet 2004, 51 ans) - 29 juillet 2004

J'ai lu le livre après avoir vu le film un nombre certain de fois.

Le film est un coup dans l'estomac. On en a le souffle coupé... tant de violence, est-ce dieu possible !
Mais le livre ! Là en plus on a le temps d'assimiler ce que Burgess nous balance.
Ennui, violence, sanction.
Critique de la société en 1962, critique de la société au XXIe siècle.
A part, le langage (un vrai délice) inventé, on pourrait se croire dans un reportage sur les banlieues américaines ou d'ailleurs.
Lorsqu'on entend aujourd'hui nos "brillants" politiciens réclamer à cor et à cri des sanctions, des punitions et proclamer des "Tolérances zéro". Peut-être pourrions-nous leur faire lire L'Orange Mécanique ? et les faire réfléchir sur nos cadres de vie, nos perspectives...

Alex ?

no future

Visionnaire?

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 6 décembre 2003

"Il y avait moi, autrement dit Alex, et mes trois drougs, autrement dit Pierrot, Jo et Momo, vraiment momo le Momo, et on était assis au Korova Milkbar à se creuser le rassoudok pour savoir ce qu'on ferait de la soirée, - une putain de soirée d'hiver, branque, noire et glaciale, mais sans eau."

Tout est là : le quatuor, le Narrateur, le langage, et l'ennui.
Tout est prêt pour le voyage, autrement dit le trip. Un voyage pas vraiment sentimental, entre parties de dedans-dehors avec des dévotchkas aux roudnés raides tzarribles, défonces au lait gonflé, bagarres au nodz avec les bandes rivales et tabassage en règle de viokchos et viokchas... Tzarrible! Tchoudessny! Il va couler, le beau sang rouge! Ils vont s'amuser, les jeunes...

Il se défonce aussi à la musique, Alex le désoeuvré. Pas le rock, pas les minables rengaines pop qui font se pâmer les minettes. Non. Ludwig van, le grand Ludwig van en personne, surtout la Neuvième avec choeurs... l'Ode à la Joie universelle, celle qui proclame tous les hommes frères... désanchantement, désillusion, Epiphanie de la violence...
Dans "Elephant" de Gus van Sant, l'un des tueurs s'appelle Alex et joue la "Lettre à Elise" du même Ludwig van... Visionnaire, Burgess, qui annonçait l'horreur dès 1962? Bah, Platon et les vieux Grecs en font autant depuis 25 siècles. Et puis, les tueurs d'Elephant sont des machines froides nourries à la vache même pas folle et aux jeux vidéo, tandis que l'Alex d'"Orange mécanique" est un matador jubilatoire qui puise sa violence au sein de lui-même, au coeur de l'homme, racines pourries toujours prêtes à surgeonner quelque part.

Alex dans ses oeuvres, la rédemption d'Alex, la résurrection du mauvais Alex, trois étapes d'un échec. Alex III ou la malédiction. La méthode Ludovico, adaptation des techniques pavloviennes au redressement des mauvais garçons, démontre par l'absurde que, même si l'homme est un loup pour l'homme, il ne se laisse pas conditionner aussi facilement qui'un chien.

Ecrites en 62, ces lignes sur "la jeunesse d'aujourd'hui" : "c'était LE DIABLE LÂCHÉ EN LIBERTÉ et qui d'un sens furetait son chemin dans la jeune chair innocente, et le monde des adultes pouvait se vanter d'en être responsable, avec ses guerres et ses bombes et autres absurdités. Bref, pas de problème. Donc, nous autres jeunes maltchiks innocents, on ne pouvait rien nous reprocher. D'acco d'acc d'acc."
Burgess dénonce une sorte de rousseausisme bêlant qui, depuis 40 ans, s'est répandu comme une ligne de coke dans pas mal d'esprits déboussolés. "Jeunesse d'aujourd'hui"? Mon glaze... "Humanité éternelle", tu veux dire. Hiroshima, Rwanda, bande de Gaza, Columbine, même caca...

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  Aux humbles machinistes de la plume 3 Bolcho 7 décembre 2003 @ 15:04

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