L'inassouvissement de Stnislaw Ignacy Witkiewicz

L'inassouvissement de Stnislaw Ignacy Witkiewicz
(Nienasycenie)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Débézed, le 21 septembre 2011 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 7 étoiles
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Il était déjà demain

Quel déluge, quel torrent verbal, déferlant en un flot envahissant sur les cinq centaines de pages d’une très grande densité (grand format, petite police et très peu de paragraphes) qui constituent ce roman qui, selon la présentation, se situerait dans la lignée des œuvres de Kafka, Joyce ou encore Proust, filiation bien difficile à assumer mais d’une grand richesse que découvriront peut-être ceux qui auront la patience et la persévérance d’aller jusqu’au terme de cette lecture.

Genezyp Kapen, Zypcio, Zypulka, Zypchek, Zypon, selon les circonstances, est un jeune bachelier, fils d’un maître brasseur de la petite noblesse polonaise de la région de Cracovie, qui vient d’obtenir son baccalauréat et entre dans le monde des adultes pour parfaire son éducation et succéder à son père à la tête de l’entreprise. Mais cette initiation au monde des adultes qu’il acquiert au contact d’un musicien incompris et laid, d’un philosophe qui interprète les signes, d’un mystique russe retiré dans la forêt et surtout d’une princesse nymphomane, lui montre une société polonaise dans une grande décadence à l’image de cette princesse qui l’initie aux choses du sexe en l’utilisant comme un jouet jusqu’à l’humiliation la plus cruelle.

Cette histoire se déroulerait en Pologne, dans des années hypothétiques qui se situeraient entre la fin de la période romantique et l’invasion de l’URSS par les Chinois, dans une période délétère qui ressemblerait étrangement aux années de l’entre deux guerres. Dans un temps où le communisme aurait déjà échoué en URSS et où la Pologne chercherait sa grandeur passée sous la férule d’un grand quartier-maître qui serait la parodie des dictateurs qui pointaient déjà le museau de leur démence à l’époque, en 1927, où l’auteur a écrit ce roman très prémonitoire. Tellement prémonitoire qu’il s’est suicidé dès le début des hostilités, le 18 septembre 1939.

Enfermé dans ce monde « néronesque » entre une princesse Messaline et une actrice Agrippine qui le font souffrir à en crever, le jeune éphèbe s’engage dans l’armée pour servir le maître suprême tout en échappant à son destin de brasseur exploiteur de main d’œuvre. Les Chinois ont envahi l’URSS, le communisme est mourant, le grand quartier-maître mate la rébellion dans le sang, les deux femmes dont il est follement amoureux le ridiculisent, la seule porte qui lui reste sur le monde des adultes s’ouvre sur un univers rempli de la violence prémonitoire qui envahira l’Europe plus de dix ans après la publication de ce livre.

Roman prémonitoire certes mais aussi roman social qui rejette l’alternative entre la peste rouge et la peste brune, roman initiatique qui dénonce une société décadente où un jeune homme vierge de toute opinion ne peut pas trouver le sens qu’il voudrait donner à sa vie mais seulement une échappatoire qui le mènera vers l’extrémité. Dommage toutefois que cette lecture soit si pénible car ce texte aurait certainement touché d’autres consciences au moment de sa publication. Aujourd’hui, il étonnera encore ceux qui auront le courage d’affronter cette lecture jusqu’à son terme.

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