Rébellions : La résistance des gens ordinaires - Jazz, paysans et prolétaires de Eric John Hobsbawm

Rébellions : La résistance des gens ordinaires - Jazz, paysans et prolétaires de Eric John Hobsbawm
(Uncommon people, resistance, rebellion and jazz)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Bolcho, le 9 septembre 2011 (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans)
La note : 10 étoiles
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Le plus grand historien vivant


Ce gros livre d’Eric Hobsbawm est une suite d’articles que l’auteur a produits depuis les années 1960. Son titre complet est explicite : « Rébellions, La résistance des gens ordinaires, jazz, paysans et prolétaires ». Merci aux éditions Aden, à Bruxelles, de nous donner accès à ces trésors d’intelligence. J’ai dégusté avec un immense plaisir 19 des 26 chapitres et n’ai fait que survoler ceux qui concernaient le jazz (mais j’imagine que d’autres s’en délecteront).
Une petite liste de mes sujets préférés ? « Les briseurs de machines », « Cordonniers politisés » (hommage, ici, à l’oncle de mon enfance, cordonnier et sacrément politisé…), « Traditions ouvrières », « Valeurs victoriennes », « Homme et femme : images de la gauche », « Naissance d’un jour férié : le 1er mai », « Le socialisme et l’avant-garde », « Paysans et politique », « Le Vietnam et la dynamique de la guerre de guérilla » (avec cette remise en perspective du concept de « terrorisme » : dans les guerres modernes, les cibles des armées sont essentiellement les civils plutôt que les combattants ; il s’agit donc bien de terrorisme), « Mai 68 », « Les règles de la violence » (« pour les marginaux désorientés, pour les pauvres faibles et impuissants, la violence et la cruauté remplacent le succès dans la vie privé et la réussite sociale »), « Révolution et sexe »etc.

Quand il nous conte l’histoire du 1er mai, Hobsbawm n’oublie pas de préciser qu’il a pris un tout autre caractère dès l’instant où il a été institutionnalisé. Il a peu à peu cessé d’être une journée de lutte (et encore moins une journée de grève) pour devenir une fête rituelle. Ce n’était plus l’antichambre de la grande transformation, mais un rite collectif, au point qu’un symbole comme la rose rouge a même été remplacé par le fade muguet, parfaitement apolitique. Aujourd’hui, c’est le jour férié le plus largement suivi en dehors du 25 décembre et du 1er janvier, et il reste « peut-être le seul accroc au calendrier officiel chrétien ou d’autres confessions ».

Ou bien, à propos des « Paysans et la politique », ce rappel du « 18 brumaire » (dont je ne vous fait pas l’injure de rappeler l’auteur…), comme quoi les paysans ne parviennent pas à défendre leurs intérêts de classe eux-mêmes et qu’ils doivent être représentés par des gens qui leur apparaissent comme une autorité supérieure les protégeant contre les autres classes ; Hobsbawm ajoute que l’on pourrait discuter « la question de savoir si cet argument s’applique seulement aux paysans ou également à d’autres classes et strates incapables de s’organiser en tant que classe (par exemple, les classes moyennes inférieures au sens européen du terme) ».

Eh oui : quand on voit à quel point la classe moyenne est instrumentalisée dans nos régimes qui continuent à se prétendre démocratiques…sous le prétexte que les détenteurs du pouvoir organisent régulièrement un spectacle télévisuel appelé « élections ».

Non, cette dernière réflexion n’est effectivement pas de Hobsbawm. Il a dû la garder pour lui…

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