Conte merveilleux? Fable philosophique? Récit fantastique?

Amina est une fillette de douze ans comme toutes les autres : une vivacité dans les gestes, une attirance pour l’interdit, des jeux simples et . des ailes aux chevilles…
Or, le moment est venu de les couper.
La coutume veut que le père tranche chaque aile d'un coup sec.
Amina n'y échappe pas.
Vaguement remise de cette épreuve, Amina participe à la récolte des champignons, avec d'autres enfants.
Ses pas l’éloignent du groupe et la voilà totalement isolée, à l'orée d’un bois.
La tentation est grande de se frayer un chemin dans cet univers effrayant qui lui rappelle les contes racontés le soir à la veillée, lorsque les enfants sont censés dormir...
Elle n'y résiste pas longtemps et plonge dans ce monde à la fois velouté et terrifiant.
Tout à coup, une douceur câline se faufile entre ses jambes : un chat !
Il se frotte, se refrotte, s'écarte un peu, semble attendre que la fillette le suive.
Ce qu'elle fait, bien sûr, s’enfonçant tant et si bien dans cette forêt que lorsque la fatigue se fait sentir, il est hors de question de penser à faire demi-tour.
Elle se croit sauvée par un chant qui caresse ses oreilles, la guidant vers une énorme bâtisse.
Amina, épuisée, s'endort aux portes de celle-ci.
Son éveil sera rude.
La voilà prisonnière de « la Grande Maison » où des femmes plus âgées donnent du travail aux novices avant que celles-ci ne fassent leur vœux.
Amina, comme les autres, se plie au règlement, reste silencieuse la plupart du temps, prie « la Très Bonne », participe aux rites, apprend la vie de « la Très bonne ».
Heureusement, Opaline, autre novice, la gratifie de son amitié et la rejoint secrètement chaque nuit pour lui raconter des histoires plus horribles les unes que les autres, ce qui plaît beaucoup à Amina.
Je vous laisse découvrir la suite de l’histoire, captivante et aux rebondissements saisissants.
Difficile de définir ce livre car il mélange habilement les genres.
L'histoire
défile comme un conte : les ogres côtoient les elfes ; l’héroïne est confrontée à maintes épreuves ; on voit poindre une quête ; la magie trouve refuge dans un objet ; les forces du bien sont aux prises avec celles du mal.

Non seulement les genres sont multiples, mais les références fusent en tous sens.
La déesse adorée, « la Très Bonne », est un Jésus au féminin, accompagnée de douze femmes, clouée sur une croix, adorée par des femmes cloîtrées.
Il sera question de terrasser un dragon (Saint Michel ?), d'un homme sage accusé de corrompre la jeunesse et de la détourner des vrais dieux (Socrate ?), etc.
L'auteur a fait des études de philosophie et cela se sent.
Son livre, histoire passionnante par ailleurs, en est imprégnée, de façon plus ou moins explicite selon les pages, lui donnant une autre dimension pour qui sait la découvrir.
Il s’agit du premier roman de Françoise Nimal.
Toutefois, elle avait déjà publié un récit et un recueil de poèmes.
Son style est extrêmement agréable à lire.
Elle évite les pièges, elle joue avec la langue, nous lance sur de fausses pistes, maintient notre intérêt jusqu'à la dernière ligne.
A conseiller, assurément!

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  La chemineaude de Françoise Nimal

  de Nimal, Françoise
  Luce Wilquin
  ISBN : 9782882531940 ; 41,13 € ; 01/05/2002 ; 226 p. ; Broché

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