Ceux de 14 de Maurice Genevoix
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Sciences humaines et exactes => Histoire
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Chroniques d'une catastrophe
Le sous-lieutenant Maurice Genevoix, avant de fréquenter les ors et les velours de l'Académie Française, a effectué une cure de boue, de sang, de peur, de faim, d'atrocités sans nom, mais aussi d'humaine fraternité, dans les tranchées de 14-18. Ceci n'est pas un roman, on ne vous racontera pas une "belle" histoire, ce n'est pas non plus un livre savant d'historien, ni un recueil de correspondances écrites à la lueur apaisante d'une lampe. Ce sont les notes prises au jour le jour par un jeune homme plongé dans le malheur, son journal d'une guerre qu'il n'a pas vécue dans un bunker truffé de généraux planqués, mais au coeur du malheur des temps. Dans son ouvrage critique sourcilleux ("Témoins") sur les livres "de guerre" parus à l'occasion du premier conflit mondial, Jean Norton Cru classe Genevoix parmi les premiers, sinon le premier. Pas de bla-bla langoureux ou esthétique sur les grands sentiments patriotiques, pas d'effets de manches (ou de sabre) pathétiques ou héroïques, pas de complaisance envers l'esprit revanchard, pas de hautes pensées tactico-stratégiques. Rien que la grande misère physique et morale de chaque jour, la mort partout, la vie quand même, l'observation scrupuleuse, l'empathie à l'égard de tous avec ou sans grade. Et la démonstration sans pathos ni justification abstraite de la réduction de l'être humain à une chose insignifiante, sans valeur, de son instrumentalisation industrielle (car ce fut la première guerre menée industriellement), "ressource humaine" au sens brut et atroce du terme, dans lesquelles se dissolvent les grands principes et le sens de toute morale humaine. Dans trois ans surgiront sans doute en librairie des marées d'ouvrages commémoratifs de seconde ou huitième main... Il serait bon de relire, sous la plume de nos anciens poilus, le récit exact de ce que furent leurs souffrances. Et on ne saurait rien comprendre aux années qui ont suivi 1918 sans mesurer à quel point l'être humain fut alors humilié, bafoué, traité moins bien qu'un rat.
Les éditions
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Ceux de 14
de Genevoix, Maurice
Omnibus
ISBN : 9782258049215 ; 287,98 € ; 04/11/1999 ; 1090 p. ; Poche -
Ceux de 14
de Genevoix, Maurice Bernard, Michel (Préfacier)
Flammarion
ISBN : 9782081309852 ; 25,00 € ; 02/10/2013 ; 250 p. ; Broché -
Ceux de 14 [Texte imprimé] Genevoix préface par Michel Bernard dossier par Florent Deludet
de Genevoix, Maurice Bernard, Michel (Préfacier) Deludet, Florent (Editeur scientifique)
Flammarion / G.F.
ISBN : 9782081444560 ; 9,90 € ; 03/10/2018 ; 960 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Un chef d'oeuvre.
Critique de Obriansp2 (, Inscrit le 28 mars 2010, 54 ans) - 11 décembre 2015
Bouleversant.
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 6 mars 2014
Genevoix n'y fait quasiment pas de littérature. On a le sentiment, en lisant cet ouvrage, qu'il a été rédigé dans le feu de l'action, au moment même où les faits sont racontés. C'est écrit à la manière d'un journal, sans fioritures et sans hypocrisie, sans même dissimuler les ordres invraisemblables que donnent parfois les gradés! Quant aux dialogues, ils donnent l'impression d'avoir été pris sur le vif tant ils sonnent vrais ! C'est tout juste si l'on n'entend pas, quelque part dans sa tête, les accents des différents protagonistes, ceux des soldats des quatre coins de la France mêlés aux accents des villageois de la Meuse.
L'ouvrage est divisé en quatre parties: "Sous Verdun", "Nuits de guerre", "La Boue" et "Les Eparges". Les trois premières parties décrivent tantôt les faits d'armes, tantôt l'ennui dans les tranchées et dans la boue, tantôt les moments de répit et de repos que s'accordaient les poilus en allant dans les villages d'alentour. Ils y étaient en général assez bien accueillis, trop même par certains profiteurs de guerre qui n'hésitaient pas à leur vendre à des prix prohibitifs des denrées alimentaires ou de l'eau-de-vie. Heureusement qu'à la bonne saison il y avait moyen de se procurer sans un sou de pleines poignées de quetsches ! La quatrième partie ("Les Eparges") est de loin la plus terrifiante: Genevoix y raconte l'horreur des combats avec un tel réalisme, un tel souci du détail, qu'on en reste effaré. Pendant des jours et des nuits, sans discontinuer, le champ de bataille des Eparges a été labouré par les bombes; pas un espace qui ait été épargné. Des soldats morts par dizaines, par centaines, certains pulvérisés, déchiquetés... On se demande comment Genevoix et quelques autres ont pu en réchapper. Ces pages sont ahurissantes, mais il faut les lire pour sentir ne serait-ce qu'un tout petit peu l'épreuve inimaginable subie par les poilus.
On ne peut lire un tel livre sans être remué jusqu'aux entrailles et sans éprouver une détestation radicale de la guerre. Il me semble qu'un téléfilm dont le scénario s'inspire des écrits de Maurice Genevoix sera diffusé en automne à la télévision, pour le centenaire de la Grande Guerre. Je doute que ce film puisse rendre compte de manière totalement satisfaisante de la puissance atroce de ce livre. Mais peut-être cela donnera-t-il l'idée à l'un ou à l'autre d'en entreprendre la lecture : c'est un moyen sûr et bouleversant de rendre hommage à ceux qui ont versé leur sang dans les tranchées de Verdun.
Jeanne Robelin
Critique de Echo (Aquitaine, Inscrite le 25 avril 2013, 46 ans) - 30 septembre 2013
La vie au milieu du chaos.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 2 décembre 2012
Je n'ai lu que "Nuits de Guerre", parmi les ouvrages qui constituent ce volume.
Dans celui-ci, Genevoix n'use pas d'artifices pour relater ces jours et ces nuits où les hommes bringuebalés au gré des ordres se retrouvent sur une ligne de front, dans la boue, le froid, les bombardements. On rentre la tête dans les épaules, on riposte, on a peur, on a faim, on est un héros parmi le nombre, on meurt, on rit à la bonne blague.
Il y a les journées de répit à l'arrière dans les villages, la paille fraîche, le vin vivifiant, et toujours en arrière fond le tonnerre de la guerre.
Pas de grandes phrases, pas de recherche artistique dans ce livre qui se veut selon moi un journal, brut de décoffrage, pas de parti pris, pas de connivence, l'histoire d'un groupe d'hommes au coeur de l'enfer.
A lire absolument.
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souvenir du centenaire. | 13 | Patman | 30 septembre 2013 @ 13:38 |