Dieu bénisse l'Amérique de Mark SaFranko

Dieu bénisse l'Amérique de Mark SaFranko
(God bless America)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 3 septembre 2011 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 167ème position).
Visites : 3 682 

Pas terrible du tout !

Ici je me suis carrément fait avoir par le quatrième de couverture ! Elle compare cet auteur et ce livre avec Céline, John Fante etc. Je n’ai vraiment rien remarqué de tel et cela pour aucun des deux !


Ce livre raconte la difficile histoire d’immigrés aux Etats-Unis. Ils vivent la totale pauvreté et le père rate tout ce qu’il tente.

Celui qui nous raconte toute cette histoire est leur enfant Pas gâté le pauvre et cela est bien clair quand il dit : « J’ai toujours eu l’impression qu’elle n’avait pas envie de m’avoir dans ses pattes. Encore que ma naissance non désirée ne l’ait pas empêchée de remettre le couvert » et un peu plus loin : «
S’ils pouvaient m’assassiner en toute impunité ils le feraient parce que je suis la cause de tous leurs maux. J’ignore comment je le sais, mais pour moi ça crève les yeux »

Toute sa vie d’enfant et d’adolescent vont défiler devant nous ainsi qu’à partir d’un certain âge les difficultés de l’Amérique elle-même.

Tout cela écrit dans un bon français classique n’ayant quasiment aucun rapport avec Céline ou Fante !...

Bref ce livre ne m’a vraiment pas passionné !

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Du mauvais côté des "suburbs"

7 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 15 octobre 2012

Le livre commence par des photos en noir et blanc de l'auteur, italo-américain, enfant encore souriant puis adolescent un peu plus maussade, emprunté dans son costume cintré plus ou moins à la mode « rockabilly » des années 50 , des photos qui sont autant de souvenirs de moments heureux, rares, lorsqu'on lit sa biographie, qui se confond avec celle de son personnage principal et « alter-ego », Max Zajack, enfant d'immigrés polonais qui vit sur la mauvaise rive de l'« Americana », dans des « suburbs » ripolinés comme des prostituées au regard triste, un peu trop maquillées, où ils côtoient les « classes dangereuses » du « lumpenprolétariat » yankee.

Même dans ces classes miséreuses, il retrouve une hiérarchie, selon les origines, les communautés, les croyances, les revenus. La nature humaine, contrairement au cliché qui fait des pauvres des êtres à part, angéliques, reste la même, aussi décevante pour les moins favorisés que pour les plus aisés.

Mark Safranko préférait « écrire plutôt que respirer » selon ses termes, c'était, c'est encore un lecteur compulsif qui comme tous les lecteurs compulsifs n'a pu résister au désir de coucher ses univers mentaux sur papier.

Et qui a toujours écrit, à partir du moment où il a su tenir un crayon

La littérature est pour lui un enjeu véritablement existentiel.

Cela paraît excessif dit comme cela, surtout aux yeux de la société pour qui c'est essentiellement un divertissement comme un autre. Et rien d'autres. Les écrivains sont aussi souvent de ces gosses inadaptés qui se réfugient dans la littérature quand ils sont confrontés un peu trop souvent à la sottise et à la haine que les adultes expriment un peu plus souvent qu'il ne faudrait.

On retrouve chez Mark Safranko cette hyper-émotivité à fleur de peau que l'on trouve chez Céline ou Henry Miller, et aussi Bukovski, qui leur fait trouver insupportables la médiocrité des aspirations de leurs contemporains, insupportables l'étroitesse des rêves de ceux qui n'aspirent qu'à rentrer dans le rang et être « comme tout le monde ».

On m'objectera :

De quel droit peuvent-ils juger les désirs de banalité et de tranquillité de leurs semblables ? Après tout, c'est plus simple et plus confortable, certains diraient plus sage, de se contenter de ce que le monde nous offre.

C'est tout simplement que par leur appétence à s'élever, à épanouir leurs dons, leur créativité, par leur générosité à les partager, ces auteurs encouragent leurs congénères, leurs semblables, leurs frères à rechercher au fond autre chose que ce qui s'apparente finalement à la simple survie. Or l'homme n'est pas destiné à seulement survivre mais à vivre pleinement, à « grands rênes ».

portrait de l'auteur ci-dessous pris sur le site de "13ème note"

littérature, société, politique, Amérique, roman noir, americana Dès les premières pages de ce livre le lecteur est prix par le rythme des phrases qui mêlent le registre très soutenu et très littéraire, presque classique, avec un vocabulaire populaire voire trivial, l'auteur n'hésitant pas à décrire des scènes très crues qui fort heureusement ne sombrent jamais dans le misérabilisme même si elles sont par ailleurs sordides.

Il évoque ses parents, leurs disputes violentes, leurs réconciliations par des étreintes brutales.

Il parle aussi de l'hypocrisie des bonnes sœurs enseignantes de l'école que fréquente son personnage, toute en componction et sourires de façade envers lui et pleines de morgue et de mépris réel au fond, car il est aussi indocile ce qui n'arrange rien aux yeux de ces femmes censées l'aider à progresser.

Le roman prend un tournant vers un humour, acide, quand il raconte les rêves du père qui leur fait prendre la route vers la Floride, croyant y trouver la fortune et la gloire, demeurant convaincu que le "rêve américain" leur est encore accessible.

Ce qui est intéressant est que le personnage, "alter ego" de l'auteur, n'a aucun ressentiment, aucune haine envers ses parents ou les personnes qu'il a croisé, y compris les religieuses évoquées plus haut, il les décrit sans aigreur, les montre simplement tels qu'ils étaient, avec leurs failles, mais aussi leurs naïvetés. Le lecteur perçoit même au fond la tendresse de l'écrivain pour toutes ces personnes, malgré tout, malgré leurs faiblesses et leurs grandes maladresses qu'il leur pardonne, contrairement à d'autres écrivains français spécialistes de l'autofiction, ressassant sans cesse leurs blessures narcissiques, se remémorant constamment et morbidement leurs souffrances.

Mitigé

5 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 28 janvier 2012

Difficile d'imaginer un gosse si petit au départ nous décrire avec tant d'acuité la misère familiale. Avoir cette capacité d'analyse, d'auto-dénigrement, de perception de violence et de sexualité. Ca ne joue pas trop en faveur d'une aura de crédibilité autour de ce roman qui vient s'ajouter à la longue liste des fictions contant l'indigence sociale et les fonctionnements pathologiques de familles en errance.
Choisir un enfant pour narrateur n'est pas toujours d'une évidence reine.
Quelques bons passages, surtout dans la description et l'approche du père, si peu habitué au mot même de réussite existentielle.
Mais, dans l'ensemble, rien qui ne sorte du lot.

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